L’initiative fédérale intitulée «Pour une place financière suisse durable et tournée vers l’avenir» propose une modification de la Constitution (art. 98a) visant à transformer en profondeur le rôle et les pratiques des acteurs de la place financière suisse.
Derrière des termes séduisants comme durabilité et avenir, se cache un ensemble d’exigences rigides qui risquent de compromettre définitivement la compétitivité de notre place financière, de freiner les investissements dans l’économie réelle et de nuire gravement aux petites et moyennes entreprises (PME). L’usam rejette donc avec la plus grande fermeté cette initiative populiste, dont la mise en œuvre aurait des conséquences dévastatrices pour l’économie et l’innovation.
Ce que l’initiative exige
L’initiative impose une durabilité écologique stricte à la place financière suisse en exigeant une réorientation des flux financiers selon les normes internationales et les objectifs climatiques et de biodiversité. Les acteurs financiers, comme les banques, assurances et caisses de pension, devraient ajuster leurs activités en intégrant les impacts environnementaux, y compris les émissions de CO2 directes et indirectes, ainsi que les effets sur la biodiversité dans toute leur chaîne de valeur.
Elle interdit aussi le financement, l’assurance et l’expansion des projets liés aux combustibles fossiles, tout en créant une autorité de contrôle dotée de pouvoirs de sanction. Ces mesures doivent être appliquées dans un délai de trois ans, sous peine d’intervention directe du Conseil fédéral par ordonnance.
Ces exigences rigides, bien qu’affichant une volonté de durabilité, risquent de nuire gravement à la compétitivité de la place financière suisse et à son rôle essentiel dans l’économie réelle.
Ce que fait déjà la place financière pour l’environnement
La finance suisse est déjà fortement engagée dans la durabilité et l’environnement. Les banques et caisses de pension financent des projets dans les énergies renouvelables, comme le solaire, l’éolien ou l’hydroélectrique. Il s’agit de réduire ainsi la dépendance aux énergies fossiles. Elles soutiennent aussi les PME et start-up innovantes développant des solutions respectueuses de l’environnement, comme des technologies pour réduire les émissions de CO2, promouvoir l’économie circulaire ou utiliser des matériaux durables.
Cette initiative populiste repose sur une vision idéalisée et punitive de la durabilité.
En outre, de nombreux acteurs proposent des produits financiers responsables, comme des fonds verts et des obligations durables, tout en s’alignant sur des cadres internationaux comme les Principes pour une banque responsable (UNEP FI) et les Objectifs de développement durable (ODD).
Impact négatif considérable
Ces initiatives montrent que la finance suisse agit déjà de manière proactive pour soutenir une transition écologique tout en répondant aux réalités économiques.
Si l’objectif de durabilité est partagé, la rigidité de cette initiative est profondément problématique. En isolant la place financière suisse, l’initiative compromet son rôle stratégique dans l’économie mondiale. Les restrictions sur les investissements et les financements, notamment dans les énergies fossiles, risquent de détourner les capitaux étrangers et de réduire la compétitivité internationale de notre secteur financier.
La place financière suisse est un moteur essentiel de l’économie réelle: elle finance des projets d’innovation, y compris dans des domaines liés à la transition énergétique et à la durabilité. En alourdissant le cadre réglementaire et en imposant des exigences déconnectées des réalités économiques, cette initiative freinerait les investissements dans des secteurs vitaux.
Des conséquences désastreuses pour les PME
Les PME, véritable colonne vertébrale de l’économie suisse, figureraient parmi les premières victimes de cette initiative. L’accès au financement deviendrait plus complexe et coûteux, limitant la capacité à investir, innover et se développer. Les exigences administratives et les contraintes réglementaires imposées aux institutions financières se répercuteraient directement sur les entreprises, augmentant leurs charges et ralentissant leur activité.
La durabilité ne peut pas être atteinte en paralysant notre économie, mais en libérant son potentiel d’innovation et de croissance.
De plus, en interdisant le financement de certains secteurs, l’initiative ignore les besoins énergétiques actuels et les réalités économiques des PME. Elle ne leur laisse pas le temps nécessaire pour s’adapter progressivement aux défis de la durabilité, fragilisant ainsi leur compétitivité et leur rôle dans la transition écologique.
Un appel au bon sens
L’usam s’oppose résolument à cette initiative populiste, qui repose sur une vision idéalisée et punitive de la durabilité. Plutôt que d’imposer des restrictions excessives et bureaucratiques, il est essentiel de soutenir une place financière dynamique et compétitive, capable de financer des projets durables et innovants.
La Suisse a besoin d’un cadre pragmatique qui combine durabilité et compétitivité. Cela passe par un soutien actif aux PME, en leur permettant d’innover et de s’adapter aux défis environnementaux de manière progressive. La durabilité ne peut être atteinte en paralysant notre économie, mais en libérant son potentiel d’innovation et de croissance.
Rejetons cette initiative et travaillons ensemble à des solutions réalistes, qui renforcent l’économie suisse tout en construisant un avenir durable!
Mikael Huber, usam
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