Publié le: 7 février 2025

La nouvelle donne US vue des PME

Coup de sonde géopolitique – Dans les PME, on soupèse les conséquences possibles des premières décisions de la nouvelle présidence américaine. Le retour de Donald Trump ne laisse pas indifférent et crée un effet de clivage, comme les réponses aux questions de notre petit sondage le mettent en évidence.

La premières décisions de la nouvelle présidence américaine sont tombées et les prochaines suivent en rythmant le fil de l’actualité. Déjà, une certaine normalité s’installe. C’est le moment de voir si certains effets concrets se font déjà sentir dans nos PME. Prenant notre «bâton de pélerin», nous avons tendu le micro à une douzaine de responsables. Certains ont répondu, d’autres pas. Certains ont estimé que le temps des réponses était prématuré et qu’ils attendaient de voir ce qui allait réellement se passer. D’autres ont estimé qu’il vallait mieux ne pas en rajouter et éviter le plus possible de créer un climat anxiogène. Voici quelques réponses représentatives. N’hésitez pas àréagir ou à témoigner de ce que vous vivez au quotidien – sur vos marchés exportateurs ou en tant qu’importateur – en nous écrivant à l’adresse suivante:

f.othenin-girard@sgv-usam.ch

Dominique Beuchat: 1. La manière me dérange plus que les conséquences possibles. De mon point de vue, les journalistes en font trop, en se focalisant de manière exagérée sur cette présidentielle, ce qui génère une sorte de psychose. Le temps de Trump au pouvoir est limité, sur l’échelle d’une génération, il ne représente rien. À mon avis, le souci est plus général, la montée en puissance des gouvernements extrémistes a démontré par le passé que cela accentuait fortement le risque de conflits généralisés.

Du point de vue économique, il faut aussi prendre en compte les avantages: face à ces barrières commerciales, un vent de libéralisme pourrait inciter de manière positive l’UE à réduire ses contraintes pour favoriser le développement de son industrie – hardware et software.

2. Les États-Unis ne pourront pas se contenter de leur consommation intérieure, car ce sont les échanges qui génèrent de la croissance à long terme. Un durcissement des barrières douanières aura un impact sur les coûts américains et sur l’inflation là-bas. Et sur les exportations si les pays touchés prennent des mesures similaires. Je ne pense pas que des mesures américaines aient un impact négatif et important pour notre activité.

3. Les mesures qui pourraient générer des conflits militaires comme le canal de Panama, un conflit avec la Chine, voire une extension de conflits avec la Russie. Ce sont surtout les conflits qui génèrent de l’incertitude et qui accentuent les déséquilibres, ceci en plus des désastres humanitaires. L’incertitude impacte négativement la consommation et la croissance, sans compter que notre monnaie se renforce – ce qui est dû à sa stabilité et rend la Suisse encore moins compétitive.

L’économie mondiale et surtout européenne est plutôt morose actuellement: je ne vois pas comment elle pourrait être plus impactée simplement par l’élection d’un président imprévisible.

5. Le commerce en général, mais surtout les marchés financiers.

6. La majorité des Américains ne savent pas que la Suisse ne fait pas partie de l’UE, ils nous confondent d’ailleurs souvent avec la Suède. J’imagine donc que ceux qui réviseront les taxes sur les tarifs douaniers ne sauront pas faire la différence avec les autres pays de l’UE. Je ne vois donc pas vraiment d’avantages actuellement si ce n’est peut-être les relations commerciales que nous avons dans le cadre de l’achat des F35. Encore faudra-t-il que les États-Unis respectent leurs engagements et vu l’arrogance dont fait preuve le nouveau gouvernement, ce n’est pas gagné.

7. Je mentionnerais son côté pragmatique, moins politique et sa flexibilité. De plus, elle n’est pas sous le feu des projecteurs, car elle ne représente pas un danger économique, politique, ou militaire pour celles et ceux qui envisagent de faire ou refaire la pluie et le beau temps au niveau mondial.

Ivan Slatkine: 1. À ce stade il est trop tôt pour donner une réponse. Mais il est certain que le retour de Donald Trump à la présidence amène de grandes incertitudes. Si certaines décisions prises peuvent être bonnes, d’autres ne le sont pas.

2. Si les décisions prises impactent la Genève internationale cela peut avoir un effet sur notre activité. Mais une fois encore, il est trop tôt pour donner une réponse sachant qu’il y a des effets d’annonces et qu’il faut mesurer dans le temps l’impact des mesures prises.

3. Une Amérique qui de referme sur elle-même en déstabilisant ainsi l’ordre économique mondial.

4 et 5 Tous.

6. Aucune idée. Mais je ne pense pas que la petite Suisse puisse mieux s’en sortir que l’UE. Au contraire. Une Suisse isolée sera de mon point de vue plus faible.

7. Son pragmatisme et son ouverture au monde.

Marc Käppeli: 1. Ni Blasercafé ni Blasertrading ne font directement des affaires aux États-Unis. Nous n’avons donc aucun point de contact qui nous permette de ressentir directement les effets de la nouvelle présidence des États-Unis. Indépendamment de cela, il règne quand même chez nous aussi une grande incertitude quant aux conséquences du changement de pouvoir aux États-Unis et à ses répercussions sur nous en Europe.

2. Nous n’exportons pas vers les États-Unis et n’achetons pas de produits aux États-Unis. Indirectement, l’incertitude qui règne actuellement ne manque pas d’entraîner des répercussions certaines sur l’économie mondiale. C’est pourquoi l’ambiance chez nous est certainement plutôt «bearish» et pas très «bullish».

3. Des décisions prises au-delà de la tête des États concernés, par exemple en ce qui concerne l’Ukraine, pourraient provoquer de fortes tensions entre l’Europe et les États-Unis et entraîner une crise de l’économie.

4. L’Europe dans son ensemble, l’Ukraine et la Russie.

5. Le commerce en général, mais surtout les marchés financiers.

6. Cela pourrait être le cas, surtout pour les produits de luxe ou les produits haut de gamme avec BestQuality. Là encore, ce ne serait probablement pas idéal pour notre position de négociation avec l’UE

7. À petite échelle, l’immobilier en tant que placement dans une petite île en Europe, éventuellement aussi le franc fort et les quelques entreprises internationales de premier plan comme Nestlé, la pharmacie et la chimie. À grande échelle, aucun

Jürg Stäubli: 1. Compte tenu du fait que nous ne connaissons pas encore les conséquences concrètes, je n’ai pas de craintes pour l’instant. Par conséquent je vis la situation actuelle assez sereinement.

2. Comme indiqué ci-dessus, il n’y a pas encore d’impact concret. Si l’administration Trump réalise ses annonces, il faudra voir secteur par secteur, branche par branche. En ce qui me concerne, je pense qu’il y a une chance pour le marché suisse, car nous n’exportons pas de marchandises directement visées par des taxes douanières éventuelles.

3. Il n’y pas de mesure particulière si ce n’est le taux de change entre CHF et USD. Ce dernier peut évidemment changer en conséquence des mesures prises contre divers pays. Est-ce que les mesures auront comme conséquence une appréciation du franc suisse ou une dépréciation face au dollar US. Si ce dernier se renforce, nous aurons évidemment un désavantage par rapport à nos compétiteurs, surtout locaux. À première vue, la politique du président Trump devrait au moins à court terme renforcer le dollar. Ceci avantagerait les exportations depuis la Suisse. En revanche, le risque de long terme subiste.

4. L’influence du dollar US sur les autres monnaies se fera en fonction des différents marchés. Est-ce que le marché de l’UE serait indirectement impacté? C’est une possibilité, mais qui reste imprévisible.

5. Le secteur industriel, la machine-outil et les secteurs comprenant les fournisseurs pour les automobiles. Et bien sûr, les banques.

6. La Suisse a toutes les cartes en main pour se distinguer des pays visés par l’administration Trump. Et plus particulièrement de l’UE. C’est dû au fait que nous n’avons pas, au niveau de la balance commerciale, le même déficit que les pays de l’UE. Et que par conséquent, nous sommes bien moins exposés aux risques des taxes douanières.

7. Lors du dernier mandat de Donald Trump, nous étions très près de finaliser un accord de libre-échange. Sous l’administration Biden, surtout avec les rapports plutôt houleux avec l’ambassadeur US en Suisse, toutes les négociations étaient gelées. Je vous rappelle que l’ambassadeur avait déclaré: «La Suisse est le trou dans le donut»! La situation change du tout au tout avec l’arrivée de la nouvelle ambassadrice. Il faut donc que le Conseil fédéral reprenne sans plus tarder les négociations avec les États-Unis et dans l’objectif de signer rapidement un accord de libre-échange. Si cela se fait, la Suisse sera dans une situation très confortable et aura des avantages indéniables en rapport des autres pays exportateurs aux États-Unis. Dans ce cas, la visite de Trump serait un immense avantage pour nous.

François Othenin-Girard

nos QUESTIONS AUX RESPONSABLES DE PME

Le nouveau paysage réglementaire aux États-Unis

Comment vivez-vous – en tant qu’entrepreneur ou responsable de PME – la nouvelle donne américaine?

De quelle manière le retour au pouvoir de Donald Trump et les trains de mesures annoncés impactent ou risquent-ils d’impacter l’activité de votre PME?

Quelles mesures craignez-vous en particulier?

Quels autres marchés que le marché US pourraient être impactés?

Quels secteurs en particulier?

En termes d’avantages concurrentiels pour progresser sur le marché US, est-ce que la Suisse pourrait se retrouver mieux placée (moins stigmatisée) que les pays de l’Union européenne?

Quels sont les atouts de la Suisse dans cette nouvelle donne réglementaire?

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