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Archéologie – Contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, les archéologues ne sont pas obnubilés par les fouilles. Dans la mesure du possible, ils les évitent et n’interviennent idéalement que pour du sauvetage. Adriano Boschetti, archéologue cantonal bernois, nous parle de ce métier qui évolue, lui aussi, très rapidement.
Voici, en une dizaine de questions, quelques facettes d’un métier passionnant, celui d’archéologue, tel que le vit au quotidien Adriano Boschetti, archéologue cantonal bernois, avec ses équipes de spécialistes.
JAM: Quelle a été en bref votre trajectoire?
Adriano Boschetti: J’ai étudié la préhistoire, l’archéologie médiévale et l’histoire à Berne et à Zurich, et j’ai rédigé une thèse sur la poterie de l’époque moderne. Depuis 2015, je suis archéologue cantonal à Berne. Je suis aussi professeur titulaire à l’Université de Zurich et membre de la Commission fédérale des monuments historiques.
Pouvez-vous nous décrire votre rôle en tant qu’archéologue cantonal et les missions principales qui vous incombent au quotidien?
Le service archéologique du canton de Berne est responsable de l’inventaire, de la protection, de la documentation, de la recherche et de la médiation du patrimoine archéologique du canton de Berne. Celui-ci comprend des sites et des objets dans toutes les régions et datant du paléolithique jusqu’à l’époque moderne. Les sites palafittiques du néolithique, les habitats et les tombes des celtes, les découvertes de l’époque romaine ainsi que les châteaux et les ruines médiévales sont célèbres. En tant qu’archéologue cantonal, je m’occupe principalement de l’organisation de ces tâches. Je ne peux qu’exceptionnellement effectuer des recherches moi-même.
Quelles sont les principales difficultés liées à la gestion et à la préservation du patrimoine archéologique dans un canton aussi vaste et diversifié que celui de Berne?
Le canton de Berne est si grand que nous ne pouvons pas surveiller régulièrement chaque site. Il y en a sous l’eau dans les lacs et dans les hautes Alpes, dans l’Emmental et dans le Jura. Nous ne pouvons pas non plus contrôler systématiquement les excavations dans toutes les zones suspectes afin de détecter de nouvelles découvertes. Nous devons donc fixer des priorités dans notre activité.
Comment la législation cantonale et fédérale influence-t-elle vos projets de fouilles et de préservation? Quelles sont les contraintes spécifiques que vous devez prendre en compte?
La loi sur la protection du patrimoine du canton de Berne a 25 ans et est toujours d’actualité, y compris les conventions internationales sur la protection du patrimoine archéologique. Les détecteurs de métaux constituent une menace pour le patrimoine archéologique, partout et de plus en plus. Dans le canton de Berne, la loi prévoit heureusement l’obligation d’obtenir une autorisation. Dans ce domaine, nous ne pouvons pas satisfaire toutes les demandes.
En tant qu’archéologue cantonal, comment coordonnez-vous les équipes de fouilles et d’étude? À quoi ressemble le travail en équipe dans vos projets?
Le service archéologique est divisé en sections: Inventaire, Préhistoire, Protohistoire et Époque romaine, Archéologie médiévale et recherche du bâti, Conservation-restauration et Médiation. Pour les recherches de grande envergure, un chef de projet est désigné, qui dirige par exemple les fouilles. Il peut s’agir d’un archéologue ou d’un technicien de fouilles. La fin de la fouille ne signifie pas la fin de l’enquête. Au bureau et au laboratoire, l’évaluation, la conservation et l’archivage suivent. C’est là que d’autres spécialistes interviennent.
La pénurie de collaborateurs spécialisés est un problème croissant dans de nombreuses disciplines. Comment cette situation affecte-t-elle votre travail et la réalisation de vos projets archéologiques?
En archéologie, nous sommes depuis longtemps confrontés au fait que nous ne pouvons pas tout faire et que nous ne sommes pas au courant de chaque cas où une découverte ou un site est endommagé. La pénurie de personnel qualifié sera un défi supplémentaire pour nous lorsque la génération du baby-boom partira à la retraite.
Quels sont les défis liés à la gestion de sites archéologiques en milieu urbain, où le développement infrastructurel entre parfois en conflit avec la conservation du patrimoine?
Les tranchées pour les canalisations empiètent par exemple souvent sur les couches archéologiques ou les vestiges de construction dans les vieilles villes. L’une des difficultés est que les travaux doivent être réalisés dans des délais très serrés. Nous sommes assez flexibles sur ce point. La plus grande difficulté, de notre point de vue, c’est que les interventions sont souvent très limitées et que les traces ne peuvent donc parfois pas être bien interprétées ou que les tombes, par exemple, ne peuvent être que partiellement dégagées.
À cela s’ajoute la nécessité d’effectuer des travaux d’épierrage qui masquent les profils. Il est important de ne pas oublier l’archéologie dans la complexité des projets de construction en milieu urbain. Ce n’est pas comme si nous étions un obstacle à ces projets. L’archéologie doit simplement être prise en compte.
L’impact environnemental des fouilles et de la conservation du patrimoine est souvent un sujet de débat. Comment conciliez-vous les impératifs de préservation avec les préoccupations environnementales actuelles?
Dans la grande majorité des cas, il n’y a pas de contradiction entre la protection de la nature et celle du patrimoine. Nous travaillons bien ensemble avec les services compétents. Par exemple, dans le lac Lobisgesee, le castor aide à maintenir l’humidité des sites palafittiques. Dans les zones protégées, on ne doit pas s’attendre à des interventions sur le sol, etc. En revanche, les travaux de renaturation peuvent entraîner des interventions sur les sites et nécessiter des fouilles de sauvetage.
Avec l’évolution rapide des technologies, comment intégrez-vous les nouvelles méthodes comme l’imagerie 3D ou les analyses de données géospatiales dans votre travail quotidien?
Il y a trente ans, on ne faisait que dessiner à la main, écrire au crayon et prendre des photos en noir et blanc. Les dix à vingt dernières années ont été marquées par de grands changements. Travailler avec la CAO, les SIG et les modèles 3D fait partie de notre quotidien et cette évolution se poursuit. Comme l’archéologie est une niche, nous ne disposons souvent pas d’outils spécifiques. L’archivage à long terme des données numériques reste incertain.
Quels sont les défis particuliers liés à la communication avec le public et les collectivités locales concernant les découvertes archéologiques et leur préservation?
Il est toujours important de souligner qu’en termes de durabilité pour les générations futures, notre tâche principale est de protéger les sites archéologiques. Dans la mesure du possible, nous ne tenons pas aux fouilles. Ce n’est que lorsque la protection sur place n’est pas possible que nous effectuons une fouille de sauvetage.
En tant qu’archéologue cantonal, quelle est votre vision de l’avenir de l’archéologie dans le canton de Berne? Quelles évolutions souhaiteriez-vous voir dans les années à venir pour mieux préserver notre patrimoine?
Il est important de toujours sensibiliser le public à la protection de notre patrimoine. Selon le Code civil, les découvertes archéologiques appartiennent au canton, donc à nous tous, et ne sont pas une propriété privée. Les fouilles abusives et la prospection non autorisée au détecteur de métaux détruisent irrémédiablement les couches et les contextes de découverte et soustraient les trouvailles au public.
Autre point: le service archéologique est spécialisé dans les fouilles de sauvetage lors de projets de construction. Mais les sites situés en dehors des zones de construction, comme le sont les tumulus en forêt, méritent aussi d’être protégés. Les travaux forestiers et l’agriculture peuvent mettre en danger les sites archéologiques, surtout si l’on utilise des machines de plus en plus grandes et de plus en plus lourdes.
Interview : François Othenin-Girard
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