Publié le: 7 février 2025

Suisse: le verre à moitié vide ou à moitié plein

Je ne suis pas vigneron, mais je vais utiliser l’image du verre à moitié vide et du verre à moitié plein pour illustrer mon propos. Notre Suisse est face à un verre à moitié vide, car la situation politico-économico-sociale que nous vivons présentement n’est vraiment pas facile! Et ce pessimisme ambiant n’est guère propice à encourager notre économie et notre agriculture, qui sont quasiment condamnées à se battre pour survivre.

Ce vent contraire qui souffle sur notre pays n’est ni une bise froide ni un fœhn chaud, mais simplement le souffle de Bruxelles. Ce souffle que notre Conseil fédéral appelle «un accord de stabilisation», que d’autres baptisent «les bilatérales III», mais finalement qu’il convient davantage de nommer «accord colonial», voire «accord carcéral». Ce souffle ne sent pas bon. Pour l’heure, cette simple fiche d’informations présentée par Mesdames Viola Amherd et Ursula von der Leyen, en décembre dernier, prévoit un mécanisme contraignant pour les contributions régulières de la Suisse: après les deux premiers milliards de cohésion déjà payés, ce seront des contributions de 350 millions de francs par année!

Notre pays commerce avec l’UE, c’est une évidence économique: concernant nos produits agricoles, 50% de nos exportations vont vers l’Europe alors que le 74% des importations en proviennent. Et pour mémoire, la Suisse échange chaque jour avec l’UE pour environ un milliard de francs de marchandises contre 0,8 milliard de francs avec le reste du monde. Un reste du monde où nous développons activement des accords de libre-échange: nous en comptons aujourd’hui plus d’une trentaine, avec des pays comme l’Inde, le Japon, le Mexique et l’Indonésie.

Quant à un acccord de libre-échange avec les États-Unis, «les discussions vont commencer avec la nouvelle administration américaine» a encore rappelé notre ministre de l’économie Guy Parmelin, en marge du récent WEF de Davos. C’est dire, à mon sens, combien notre pays, son économie et ses industries, disposent de possibilités de commercer hors de l’UE, surtout en dehors du cadre rigoureux que Bruxelles entend nous imposer. Et si, aujourd’hui, notre économie est performante, concurrentielle, dynamique, innovante, elle le doit à cet extraordinaire tissu d’industries et d’entreprises de grandes, moyennes et petites tailles qui fait la fierté de notre pays. Un monde que rassemble, défend et promeut l’usam! Voilà en tous les cas une excellente occasion de saluer le verre à moitié plein, l’optimisme socioéconomique de notre pays.

Nous devons surfer sur cette vague, promouvoir l’innovation et la compétitivité en luttant contre tous les excès de bureaucratie ou la multiplicité des contrôles, par exemple chez les agriculteurs. Nous devons encourager une formation duale de qualité et saluer la promotion des femmes dans les métiers techniques comme dans l’entrepreuneuriat. Nous devons, avec pragmatisme et sans idéologisme rose-vert-rouge, soutenir notre économie à la recherche d’un sain équilibre avec notre environnement. Et dans ce vaste domaine du changement climatique, de la protection de la nature et de ses ressources, sensibiliser nos concitoyennes et concitoyens à la nécessité d’une responsabilité individuelle accrue. Finalement, ou peut-être tout simplement, nous ne devons pas craindre de regarder plus loin que l’Europe et ses 27 pays membres.

Notre indépendance passe par notre volonté d’assurer, le mieux que possible et dans un maximum de domaines, notre autoapprovisionnement. Un exemple? L’énergie est partout: éclairage, cuisson, chauffage, déplacements, production ou encore numérique. Et la consommation d’énergie ne cesse d’augmenter, alors que les sources d’énergies fossiles diminuent lentement (gaz, pétrole). Les enjeux de cette transformation énergétique portent différents noms. Il y a un enjeu pour l’environnement et la nécessité de diminuer les effets négatifs sur le climat. Pourquoi pas aussi en changeant nos comportements individuels quotidiens? Il y a un enjeu sanitaire, les gaz à effet de serre à l’origine du réchauffement climatique engendrent des catastrophes naturelles. Il y a encore un enjeu sécuritaire: notre pays doit se détacher des dépendances étrangères.

Moralité? Nous avons besoin de toutes les sources d’énergie propres. Alors poursuivons le développement de l’hydraulique et encourageons les énergies renouvelables. Et abordons sans tabou la question du nucléaire! Mais en conclusion, attention! En aucun cas, cette politique économique ne doit être synonyme d’un repli sur soi. Car à l’évidence, seuls, nous ne pouvons exister. Mais notre pays, tout à la fois neutre et ouvert sur le monde, libre de ses choix de partenariats économiques librement conclus, peut continuer à offrir à sa population des conditions de vie pour le bien-être de chacune et de chacun. Dans cette perspective, il est juste de saluer, de féliciter et de remercier l’usam pour ses engagements.

*Conseiller national (UDC/FR)

pierre-andre.page@parl.ch

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