Publié le: 14 mars 2025

Bilatérales III: le partenariat stratégique qui protège nos intérêts

Dans un monde marqué par des bouleversements géopolitiques sans précédent, la Suisse doit faire preuve de lucidité et de pragmatisme. La montée des tensions internationales, la guerre en Ukraine et l’instabilité grandissante dans diverses régions du monde soulignent l’importance de maintenir des relations solides avec nos voisins européens. Les Bilatérales III, loin d’être un simple outil économique, sont un levier stratégique face aux défis géopolitiques actuels.

Une position renforcée en temps de crise

Ces accords arrivent à un moment crucial, après plusieurs années de stagnation. Le secteur des dispositifs médicaux en est un exemple : rétrogradées au statut de pays tiers, nos entreprises ont vu leurs coûts et délais d’accès au marché européen augmenter. Si cette situation persiste, d’autres secteurs stratégiques comme la pharma, le secteur des machines et de la construction pourraient bientôt subir les mêmes désavantages. Ces enjeux touchent des milliers d’emplois et des milliards de francs d’exportations.

Loin de fragiliser notre souveraineté, ces accords renforcent la position de la Suisse en tant que nation indépendante et résiliente. En choisissant de conserver une relation étroite avec l’UE, nous assurons non seulement notre accès au marché intérieur européen, mais aussi une coopération accrue en matière d’énergie, et d’approvisionnement.

Un bilan positif après 25 ans de relations bilatérales

Les Bilatérales III viennent illustrer les avantages de cette relation avec l’UE, notre premier partenaire commercial. Ces accords résolvent des questions institutionnelles importantes et offrent des garanties significatives dans des domaines sensibles comme la protection salariale, l’immigration, l’agriculture et le trafic routier. Le Conseil fédéral a su défendre nos intérêts, avec des résultats concrets.

Un partenariat social consolidé

Les Bilatérales III garantissent une protection renforcée des travailleurs selon le principe «même travail au même endroit = même salaire», tout en répondant aux préoccupations liées à l’immigration européenne. Pour la première fois, la Suisse dispose d’une clause de sauvegarde permettant de limiter temporairement l’immigration en cas de crise économique ou sociale. Les garanties pour la protection salariale sont maintenues et pleinement reconnues par l’UE, permettant des contrôles rigoureux et le respect des standards salariaux élevés. Une clause de «non-régression» protège particulièrement les travailleurs détachés, assurant une concurrence loyale. Ce système vise à concilier croissance démographique maîtrisée et partenariat social sans compromettre la stabilité des conditions de travail en Suisse.

La Suisse, ancrée dans la réalité géopolitique

Les arguments souverainistes apparaissent aujourd’hui déconnectés des réalités géopolitiques. Dans un monde où les grandes puissances mondiales se réorganisent et où des conflits armés redéfinissent les équilibres, rester isolé pourrait mettre en péril la stabilité et la prospérité de notre pays. La situation géopolitique actuelle démontre que la coopération n’est pas un luxe, mais une nécessité pour assurer notre sécurité, en particulier sur les enjeux économiques, énergétiques et de défense.

L’UE reste, et restera encore longtemps, le premier client des entreprises suisses, qu’il s’agisse de PME ou de grandes multinationales. Les accords bilatéraux contribuent chaque année à hauteur de 20 à 30 milliards de francs à notre économie. Cette relation profite non seulement aux grandes entreprises, mais aussi à toute la chaîne de création de valeur locale: fournisseurs, artisans, boulangers, garagistes, informaticiens ou restaurateurs, tous profitent de la vitalité de nos échanges avec l’UE.

Des exemples concrets de l’importance stratégique des Bilatérales III

Prenons l’exemple de l’accord Horizon Europe: dans un contexte où la compétition technologique et scientifique se fait de plus en plus féroce, notamment avec la Chine et les États-Unis, être exclu des grandes initiatives de recherche mondiales serait un handicap stratégique pour la Suisse. Horizon Europe est non seulement un programme de recherche, mais un outil central de compétitivité et de résilience face à l’évolution rapide des technologies de demain, comme l’intelligence artificielle, la cybersécurité et la transition énergétique. Ces domaines sont cruciaux non seulement pour notre économie, mais aussi pour notre sécurité nationale à long terme.

L’accord sur l’approvisionnement énergétique avec l’UE, qui dépend des Bilatérales III, est un autre exemple parlant. La crise énergétique en Europe, exacerbée par la guerre en Ukraine, a montré à quel point la coopération énergétique et la stabilité des chaînes d’approvisionnement sont devenues des priorités stratégiques. L’accès à l’énergie et la solidarité au sein du marché européen sont essentiels pour éviter les pénuries et garantir des prix compétitifs. En tant que pays en dehors de l’UE mais intégrés au marché intérieur, ces accords nous permettent de bénéficier de cette stabilité énergétique européenne sans sacrifier notre autonomie.

La souveraineté, un équilibre à préserver

La véritable souveraineté n’est pas l’isolement, mais la capacité à défendre nos intérêts tout en coopérant de manière stratégique avec nos voisins. Ces accords permettent de concilier notre indépendance avec l’opportunité de participer à des projets d’envergure internationale tout en protégeant nos valeurs fondamentales: démocratie directe, stabilité économique et qualité de vie. Rejeter ces accords, c’est tourner le dos à notre rôle d’acteur central au cœur de l’Europe, tout en mettant en péril notre prospérité et notre sécurité à long terme.

Bilatérales III: une continuité renforcée des Bilatérales II, pour une Suisse plus forte

En ces temps de bouleversements géopolitiques, les Bilatérales III ne sont pas seulement une question d’économie, mais une décision politique majeure. Elles permettent à la Suisse de maintenir son indépendance tout en s’ancrant dans un réseau d’innovation et de coopération stratégique. Refuser ce partenariat serait un acte de repli qui plongerait le pays dans une grande incertitude face aux défis mondiaux actuels. Au contraire, ces accords sont l’assurance d’une Suisse forte, libre de ses choix, mais prête à faire face aux enjeux géopolitiques du 21e siècle.

* Conseillère nationale (PLR/GE)

simone.demontmollin@parl.ch

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