Publié le: 14 mars 2025

Névralgique pour les deux parties

Marché de l’électricité – Un accord entre la Suisse et l’UE offrirait des éléments positifs pour les PME. Pour l’usam, la priorité est de garantir un approvisionnement sécurisé et avantageux. À juger sur pièces.

Le marché intérieur de l’électricité de l’UE se développe à vue d’œil. En tant que pays tiers, la Suisse est exclue de ces développements, mais elle n’en est pas moins concernée. Avec 41 lignes transfrontalières, notre pays est physiquement intégré au marché européen de l’électricité. Ce qui a manqué jusqu’ici, c’est une règlementation juridique des flux d’électricité transfrontaliers au niveau étatique. Conséquence d’une absence de règlementation: nous enregistrons un nombre croissant de flux d’électricité transfrontaliers non planifiés, qui nécessitent davantage d’interventions du gestionnaire du réseau de transport Swissgrid pour stabiliser le réseau suisse.

L’obligation qui en résulte d’utiliser l’énergie hydraulique à court terme est coûteuse. Les coûts en découlant sont déjà répercutés depuis des années sur les consommateurs d’électricité et sur les PME par le biais des coûts de réseau. Avec l’accord négocié, la Suisse aura son rôle à jouer pour garantir la stabilité du réseau. Et faire baisser les coûts.

Capacité de réserve et sécurité d’approvisionnement

L’accord sur l’électricité permet à la Suisse de siéger dans les instances européennes compétentes en matière de sécurité d’approvisionnement. De plus, l’UE renoncera à appliquer la règle dite des 70% à la Suisse. Selon cette règle, les capacités frontalières vis-à-vis des pays tiers doivent être progressivement réduites (à 30%), ce qui réduit la capacité d’importation de la Suisse, et donc la sécurité d’approvisionnement, en particulier en hiver.

L’UE en profite aussi

De plus, un accord sur l’électricité permet, grâce à l’amélioration de l’intégration internationale, de réduire le besoin en capacités de réserve nécessaires dans notre pays sans saper le niveau de sécurité d’approvisionnement atteint. Au passage, en réduisant les coûts pour les consommateurs d’électricité. Il ne faut cependant pas oublier que l’UE devrait également profiter d’un accord sur l’électricité. Avec ses centrales de pompage-turbinage, la Suisse joue un rôle important dans la stabilisation du réseau européen, ce qui devient de plus en plus important avec l’augmentation de la part des énergies fluctuantes (soleil et vent) dans le mix électrique. Pour les producteurs d’électricité suisses, cette donne représente une opportunité commerciale lucrative, une garantie juridique offerte par un accord sur l’électricité. Ils pourront participer au marché de l’électricité de l’UE au même titre que leurs concurrents européens. Avec ses lignes de transit, la Suisse joue un rôle important dans l’approvisionnement en électricité de l’Italie.

Notre voisin du sud a donc tout intérêt à ce que la Suisse ne reste pas en dehors du marché de l’électricité de l’UE, mais qu’elle soit formellement intégrée dans les organes techniques chargés de la stabilité du réseau, de la sécurité d’approvisionnement et de la prévention des crises.

Et pour les PME?

L’accord sur l’électricité conduit à une ouverture du marché en Suisse. L’usam salue cette étape, car l’approvisionnement de base est maintenu. Désormais, les petites entreprises auront aussi la possibilité de s’approvisionner en électricité sur le marché plutôt qu’auprès du monopoleur régional.

L’idée, c’est que des situations comme celle que nous avons connue en 2023, lorsque dans une commune suisse, les coûts de l’électricité de l’approvisionnement de base s’élevaient à 26 centimes par kWh d’un côté de la rue et à 71 centimes par kWh de l’autre côté (lire dans notre édition du 24 janvier), devraient ainsi appartenir au passé. Le succès et la rentabilité d’une boulangerie ne doivent pas dépendre du côté de la rue où elle se trouve.

Grâce à l’ouverture du marché, la diversité de l’offre devrait augmenter, tandis que les coûts devraient avoir tendance à baisser en raison de l’intensification de la concurrence entre les fournisseurs. Les entreprises qui choisissent le modèle de l’approvisionnement de base pourront quand même continuer à suivre ce modèle, y compris avec un accord sur l’électricité. Les possibilités pour les PME sont élargies sans qu’il soit nécessaire d’abandonner ce qui existe déjà. Que du positif.

Sécurisé et meilleur marché

Pour l’usam, la priorité est de garantir aux PME un approvisionnement en électricité sécurisé et avantageux. Sur la base des éléments clés connus à ce jour, l’usam salue en principe la conclusion d’un accord entre la Suisse et l’UE sur le marché de l’électricité. Une évaluation définitive ne sera toutefois possible que lorsque l’accord sera disponible.

Patrick DĂĽmmler, usam

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