Ces derniers mois, les médias suisses ont évoqué à plusieurs reprises les défis liés à la gestion des substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS). En raison de leur stabilité thermique et chimique, ils sont souvent qualifiés de «produits chimiques éternels». Parce qu’une fois libérés dans la nature, ils restent longtemps piégés.
On en a bien parlé l’année dernière dans le canton de Saint-Gall, où des concentrations élevées de PFAS ont été détectées dans environ 75% des 55 ruisseaux et rivières analysés ainsi que dans les sols des communes étudiées. Dans certaines entreprises alimentaires, on a même constaté des valeurs tellement élevées de PFAS dans la viande que celle-ci ne pouvait plus être mise en vente.
Pas dans le mĂŞme panier
Les PFAS sont présents dans de nombreux produits de la vie quotidienne, comme les textiles hydrofuges, les revêtements antiadhésifs et les mousses anti-incendie. Les applications sont aussi nombreuses que le nombre de substances: l’OCDE a identifié 5000 PFAS différents, l’UE en compte même près de 10’000, selon sa propre définition. Il ne s’agit pas d’un groupe de substances homogène: il est donc erroné de vouloir mettre tous les PFAS dans le même panier.
Il faudrait continuer à clarifier scientifiquement les risques liés aux différentes substances. Seuls quelques centaines de PFAS sont importants sur le plan commercial. Pour ces derniers, l’évaluation des risques et des avantages devrait figurer au premier plan. Or, les avantages concernent aussi bien les PME que leurs clients: dans l’industrie de transformation des métaux, les PFAS permettent d’obtenir une réduction du frottement et de l’adhérence dans les machines. Cela diminue l’usure et les dépenses énergétiques. Les peintres utilisent pour leur part des peintures et des vernis spéciaux afin d’améliorer la résistance des surfaces des bâtiments et les installateurs de chauffage installent des pompes à chaleur écologiques utilisant des PFAS comme agents frigorifiques.
Amélioration continue
Une interdiction générale aurait des conséquences économiques et parfois écologiques négatives de grande ampleur. Ainsi, les PFAS ne se trouvent pas seulement dans les pompes à chaleur, mais ils améliorent les cellules des panneaux solaires et rendent les éoliennes plus résistantes aux intempéries grâce à leur revêtement. L’industrie et le commerce travaillent sur des matériaux et des technologies alternatifs dans le cadre du développement de produits et de l’amélioration des processus de production. L’industrie et l’artisanat pratiquent l’amélioration continue. Cela demande du temps et de l’argent. Il faut le leur accorder.
Approche différenciée
Il apparaît d’ores et déjà qu’il n’y aura pas d’alternatives pour toutes les substances. Dans de nombreuses applications, en particulier dans le domaine technique, les polymères fluorés sont indispensables en raison de leurs propriétés uniques. Il est nécessaire de considérer les PFAS de manière différenciée. Une interdiction générale doit donc être rejetée.
De plus, la densité règlementaire est déjà élevée en Suisse: l’utilisation de ces substances est déjà limitée par des lois et des prescriptions dans les domaines de la santé, de la sécurité et de l’environnement.
Le débat sur les PFAS en Suisse va encore gagner en intensité. Pour les PME, il est crucial de s’informer à temps sur les éventuels changements règlementaires et de chercher des solutions de manière proactive.
Une étroite collaboration avec les associations sectorielles et les autorités peut aider à développer des approches réalisables qui tiennent compte à la fois de la protection de l’environnement et de la santé et des intérêts économiques des entreprises.
Patrick DĂĽmmler, usam