Publié le: 14 mars 2025

Une attaque contre les retraites des entrepreneurs

Le Conseil fédéral frappe encore. Sous prétexte d’un «allégement budgétaire», la ministre des Finances et présidente de la Confédération, Karin Keller-Sutter, s’attaque aux piliers de la prévoyance privée. Son plan? Plus d’impôts, moins de liberté. Son objectif? Renflouer les caisses fédérales en pillant les efforts d’épargne des indépendants et des PME. Une arnaque sémantique et une attaque frontale contre ceux qui construisent la prospérité de ce pays.

Un «allégementbudgétaire»? Vraiment? Quand un ménage veut alléger son budget, il coupe dans ses dépenses. Quand une entreprise doit faire face à des difficultés, elle optimise ses coûts. Mais à Berne, on a une autre définition du mot «allégement»: il s’agit en réalité d’un matraquage fiscal. Le Conseil fédéral veut augmenter l’imposition des retraits en capital des 2e et 3e piliers, pénalisant ainsi directement les entrepreneurs et les travailleurs indépendants qui ont eu le malheur de vouloir se constituer une épargne pour leur retraite. On nous vend cette réforme comme une mesure d’équité, mais ne nous y trompons pas: il s’agit simplement de prendre plus d’argent là où il y en a. C’est une solution de facilité. Plutôt que de tailler dans le gras d’une administration toujours plus gourmande, le Conseil fédéral préfère se servir dans les poches des épargnants. Une trahison pure et simple.

Une attaque contre la confiance et la stabilité. La prévoyance privée repose sur un pacte implicite entre l’État et les citoyens: en échange d’efforts d’épargne, des avantages fiscaux sont consentis pour sécuriser l’avenir des retraités. Or, en revenant sur ces règles, le Conseil fédéral envoie un message désastreux: l’État n’est plus un garant de stabilité, mais un prédateur opportuniste.

Qui peut encore faire confiance à un système qui change les règles du jeu en cours de partie? Comment inciter les jeunes générations à se constituer un patrimoine si l’on sait que cet argent sera ponctionné sans vergogne au moment de la retraite?

Un frein à l’entrepreneuriat. La mesure ne se contente pas d’affaiblir les retraités de demain. Elle menace aussi l’avenir économique du pays. Aujourd’hui, de nombreux entrepreneurs utilisent leur 2e pilier pour lancer leur activité. Ce capital constitue un levier essentiel pour ceux qui prennent des risques, innovent et créent des emplois. Mais avec une fiscalité plus lourde, les fonds propres nécessaires à ces initiatives seront rognés, réduisant les chances de succès des nouvelles entreprises. Le message envoyé est clair: n’entreprenez pas, ne prenez pas de risques, ne comptez que sur l’État. Un raisonnement absurde alors que les PME représentent l’épine dorsale de notre économie et la majorité des emplois du pays.

Un moment économique particulièrement mal choisi. Hausse des prix de l’énergie, explosion des coûts des matières premières, inflation galopante: les entreprises suisses sont déjà sous pression. En 2024, les faillites ont augmenté de 19%, un chiffre alarmant qui témoigne des difficultés croissantes du tissu économique. Et que fait Berne? Plutôt que de soulager les entrepreneurs, elle ajoute une charge supplémentaire. Ce n’est pas en s’attaquant à l’épargne des indépendants qu’on renforce la Suisse. C’est en créant un cadre fiscal stable, en soutenant l’investissement et en garantissant un climat favorable à l’entrepreneuriat. Le Conseil fédéral prend la mauvaise direction.

Une prédation d’État: à qui le tour? Ce qui se passe aujourd’hui avec la prévoyance privée est un signal alarmant pour tous les citoyens et entrepreneurs suisses. Si Berne s’autorise à revoir à la hausse la taxation des retraits du 2e et 3e piliers, qui peut garantir que demain elle ne s’attaquera pas à d’autres acquis? L’épargne individuelle aujourd’hui, l’immobilier demain, les entreprises ensuite? Il y a une logique perverse dans cette politique: elle punit ceux qui ont fait preuve de prévoyance, ceux qui ont pris des risques pour se constituer une indépendance financière. L’État, incapable de maîtriser ses dépenses, préfère taxer ceux qui ont travaillé dur plutôt que de se réformer lui-même.

Karin Keller-Sutter: gestionnaire ou prédatrice? En tant que ministre des Finances, Karin Keller-Sutter avait une opportunité historique de prouver qu’elle était une gestionnaire rigoureuse, capable de remettre de l’ordre dans les finances publiques en réduisant la gabegie étatique. Au lieu de cela, elle choisit la solution de facilité: prélever davantage, ponctionner encore et toujours plus. Si cette politique était appliquée dans une entreprise, elle mènerait tout droit à la faillite. Pas d’optimisation des coûts, pas de priorisation des dépenses, juste des augmentations de charges pour compenser une mauvaise gestion. On attendait une leader, on découvre une prédatrice fiscale.

Conclusion: non à l’arnaque fiscale! La Confédération a un problème de gestion des dépenses. Au lieu de couper dans l’excès administratif, elle choisit la facilité en augmentant les impôts. Pire, elle s’attaque à la prévoyance individuelle, un domaine où la confiance est essentielle.

Les indépendants et les entrepreneurs ne sont pas des vaches à lait. Ils sont les moteurs de notre prospérité. En augmentant la fiscalité sur les retraits des 2e et 3e piliers, le Conseil fédéral affaiblit ceux qui prennent des risques et travaillent dur pour assurer leur avenir. Nous devons refuser cette mesure injuste et dangereuse. L’«allégement budgétaire» ne doit pas être un prétexte pour un nouveau racket fiscal. Il est temps que Berne assume ses responsabilités et apprenne enfin à gérer son argent sans toujours venir ponctionner les citoyens.

Un appel à la résistance fiscale. Face à une telle menace, il est essentiel que les entrepreneurs, les indépendants et tous les citoyens concernés se mobilisent. Nous devons exiger que cette réforme soit abandonnée et que le Conseil fédéral revienne à une gestion responsable des finances publiques. Laisser faire, c’est accepter que demain, d’autres ponctions suivent. Cette attaque sur la prévoyance privée ne doit pas passer. C’est le moment de dire NON au racket organisé par Berne!

*Conseillère nationale (UDC/GE)

celine.amaudruz@parl.ch

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