Publié le: 9 mai 2025

De nouvelles pistes, avant qu’il ne soit trop tard

ASSURANCE-INVALIDITÉ – Alors que l’attention du public et des médias se concentre sur l’AVS, l’AI traverse une crise préoccupante: hausse des rentes, du nombre de troubles psychiques et des situations de dérive financière.

En ces temps de débats intenses sur l’avenir de l’AVS, tous les regards se tournent vers notre principale assurance sociale – et c’est légitime. Mais pendant que l’attention se concentre sur l’AVS, l’assurance-invalidité (AI) traverse une crise plus discrète, mais tout aussi préoccupante. Hausse rapide du nombre de rentes, en particulier chez les jeunes, explosion des cas liés à la santé psychique, dérive financière: les signaux d’alarme se multiplient.

Situation des jeunes adultes: depuis 2012, le nombre de nouvelles rentes AI a bondi de 42%. Plus inquiétante encore est la progression fulgurante chez les moins de 30 ans. Chez les jeunes adultes, les troubles psychiques sont désormais la principale cause d’entrée dans l’AI. Or, plus une rente est octroyée tôt, plus le risque d’exclusion durable du monde du travail est élevé. Accorder une rente à un jeune adulte, c’est parfois le condamner à une trajectoire de dépendance. C’est pourquoi un relèvement clair de l’âge minimal pour l’octroi d’une rente AI – par exemple à 30 ans – devrait être sérieusement envisagé. Une telle mesure inciterait tous les acteurs à intensifier les efforts de réinsertion. L’expérience montre en effet que certains jeunes assurés ont besoin d’un encadrement plus exigeant pour ne pas renoncer trop tôt à une vie professionnelle autonome.

Le travail structure et valorise. Contrairement à une idée répandue, les troubles psychiques ne trouvent généralement pas leur origine dans le monde du travail. L’inactivité, l’isolement ou l’absence de perspective professionnelle pèsent bien plus lourd. Le travail est un facteur de santé mentale: il structure, valorise, donne un sens. C’est pourquoi l’usam défend de longue date le principe «la réadaptation prime sur la rente». Dans les faits, les PME sont déjà très engagées et montrent la voie en employant davantage de personnes en situation de handicap que les grandes entreprises. Mais pour atteindre les objectifs de réinsertion, l’ensemble du tissu économique doit être mobilisé.

Finances: trop d’optimisme. Du côté des finances, la situation de l’AI prend un tour inquiétant. Alors que les scénarios établis en 2023 par l’Office fédéral des assurances sociales (OFAS) laissaient entrevoir un excédent cumulé de 7,2 milliards de francs à l’horizon 2033, les nouvelles projections publiées en avril 2025 tablent désormais sur un déficit de 400 millions pour la même période. Ce revirement de près de 8 milliards de francs remet fondamentalement en cause les perspectives de désendettement. La dette de l’AI envers l’AVS, qui devait diminuer à 3 milliards, reste figée à plus de 10 milliards de francs. En cause: un modèle de prévision basé sur des hypothèses trop optimistes, en particulier sur l’évolution des nouvelles rentes – notamment pour raisons psychiques. Cette évolution est d’autant plus problématique que le Conseil fédéral, lors de la votation sur la hausse temporaire de la TVA pour financer l’AI, avait promis un retour à l’équilibre d’ici à 2025. Aujourd’hui, l’objectif est loin d’être atteint. Pour l’usam, il est exclu que cette dérive soit corrigée par de nouvelles hausses de charges pesant sur les entreprises et les travailleurs. L’assainissement doit passer par une réforme courageuse de la structure des dépenses. Le Parlement devra avoir la lucidité de remettre à l’agenda les propositions d’économies déjà identifiées, et de formuler sans délai de nouvelles pistes de maîtrise des coûts.

L’AI doit rester un filet de sécurité pour celles et ceux qui en ont réellement besoin. Mais pour garantir sa pérennité, il faut revoir ses mécanismes, renforcer l’intégration et refuser l’assistance passive. L’usam appelle à une mobilisation politique rapide. Préserver la solidité de l’AI, c’est protéger à la fois la dignité des personnes, l’équité entre les générations et la responsabilité des finances publiques.

Simon Schnyder, usam

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