La chaussée roulante est une combinaison du transport routier et ferroviaire. Des camions entiers sont chargés sur des trains et parcourent ainsi une partie de leur trajet sur rail. En Suisse, la chaussée roulante est un instrument de la politique de transfert modal, elle est utilisée pour le transport transfrontalier de marchandises reliant Bâle à Lugano et Fribourg-en-Brisgau (Allemagne) à Novare (Italie). À l’origine, ce système était conçu comme une solution provisoire jusqu’à l’achèvement de la nouvelle ligne ferroviaire à travers les Alpes (NLFA) pour les entreprises de transport ne disposant pas de semi-remorques grutables ou de la possibilité de charger des conteneurs.
Ce service est exploité par la société RAlpin AG. La route roulante a connu son apogée en 2015, lorsque plus de 110’000 véhicules ont traversé la Suisse par cette voie. Depuis, la demande a fortement diminué, ce qui a conduit à l’arrêt de l’exploitation entre Bâle et Lugano dès 2018. En 2019, 86’600 véhicules ont encore été transportés, contre seulement 68’600 en 2021.
Entreprise en cessation d’activité
L’exploitation de la chaussée roulante est subventionnée par la Confédération. En 2022, le Conseil fédéral a demandé au Parlement de prolonger cette subvention jusqu’à fin 2026. Après cette date, le soutien devrait prendre fin et la chaussée roulante, être supprimée. Cette décision est motivée par le fait que le matériel roulant arrive en fin de vie, par la baisse de la demande et par l’estimation que le volume de transport restant pourra être absorbé d’ici là par d’autres solutions de transport ferroviaire sans compromettre le transfert.
Le Parlement a finalement décidé de prolonger le subventionnement jusqu’en 2028. Début mai 2025, l’exploitant RAlpin AG a toutefois annoncé qu’il mettrait fin à la chaussée roulante dès la fin 2025. Il a invoqué des «défis économiques considérables» qui rendaient impossible la poursuite de l’exploitation.
Menaces sur le transfert?
On peut supposer que la part relativement faible des transports qui sont encore effectués aujourd’hui par la chaussée roulante pourra être compensée assez rapidement par d’autres solutions de transport. Il semble toutefois exister une certaine crainte d’un retour à la route – et donc d’une violation du mandat de transfert – comme le montrent plusieurs interventions parlementaires déjà déposées par la gauche à ce sujet.
L’usam approuve la cessation
L’Union suisse des arts et métiers usam salue la décision de mettre fin à la route roulante. Elle s’était déjà prononcée en faveur d’une cessation anticipée lors de la consultation et des débats parlementaires. Étant donné que la demande est en baisse depuis longtemps, que le chargement de camions entiers ne répond plus aux normes écologiques actuelles et qu’une exploitation rentable, efficace et orientée vers le marché n’est pas possible, la poursuite de la chaussée roulante n’a plus de sens.
L’usam considère le développement de solutions de transport multimodales efficaces comme un élément central d’une mobilité durable. Dans cette optique, elle demande que les offres correspondantes soient systématiquement orientées vers le principe de rentabilité et que des possibilités de connexion judicieuses entre les différents modes de transport soient développées. Cela inclut également les investissements nécessaires dans des infrastructures fiables. Michèle Lisibach, usam