
Une nouvelle cheffe d’orchestre
FEMMES PME SUISSE ROMANDE – Laurence Jobin est devenue présidente de l’association. Elle gère avec son mari un domaine arboricole et agricole à Échichens (VD). Affiliée dès les débuts de l’association en 2014, elle entend donner un nouveau souffle au brevet fédéral de spécialiste en PME.
Laurence Jobin est la nouvelle présidente de l’association Femmes PME Suisse romande. Avec son comité, elle entend booster l’attitude réseau entre les membres et donner une nouvelle impulsion pour inciter les femmes à se lancer dans la démarche de validation des acquis d’expérience dans le cadre du fameux brevet fédéral de spécialiste en gestion de PME. Une filière que l’association, ayant soufflé ses dix premières bougies l’an dernier, a toujours soutenue. Un brevet qu’elle a elle-même réussi en 2018.
Le miel du domaine
La trajectoire de Laurence Jobin est entrepreneuriale dès le début. Issue d’une famille d’agriculteurs (3e génération), elle gère aux côtés de Philippe, son mari, un domaine arboricole et agricole à Échichens (VD), sur la Côte: des arbres fruitiers qui donnent des pommes, des pruneaux, des champs avec des cultures en tournus, où poussent betteraves, maïs, blé et colza. Il y a aussi le miel du domaine. Elle explique comment peu à peu l’idée de transformer les produits a fait son chemin. Aujourd’hui, elle est pour sa part responsable de la production de jus de pomme (jusdepomme.com) et de cidre (cidre.ch). Sans oublier le vinaigre et l’huile de colza.
Des partenaires locaux sont impliqués pour ces transformations, des réseaux courts, une approche durable. Vente directe, boutique en ligne (également sur le site jusdepomme.com), distribution locale et régionale. C’est l’agriculture actuelle qui a appris à se diversifier et à raisonner sur les marges, sur la qualité, devenue sensible aux attentes des consommateurs et d’une réactivité entrepreneuriale.
Trois enfants adultes
Le domaine appartenait à son père, le député Chollet au Grand conseil vaudois (il y avait deux Chollet, ndlr). C’est lui qui parfois donne un coup de main pour fabriquer les confitures du domaine. Son mari pour sa part était confiseur à ses débuts, puis s’est reconverti. Laurence elle-même a suivi une formation commerciale, enchaînant avec un First Certificate à Londres et, dès son retour, a travaillé durant dix-huit ans comme assistante dentaire chez un «dentiste de famille» dans la région. Dans la foulée, elle a œuvré comme représentante locale d’une assurance maladie.
Maintenant que ses trois enfants sont adultes, Laurence Jobin dispose de plus de temps pour s’engager dans cette association, à laquelle elle est affiliée depuis le début (2014). À la première présidente, Béatrice Fornerod, a succédé Line Pillet à laquelle nous avions consacré un article (Journal des arts et métiers, août 2024).
Une riche diversité
La nouvelle présidente aura à cœur de valoriser ce grand réseau de femmes talentueuses et compétentes. «J’aime avant tout la diversité et la force de Femmes PME Suisse romande, avec ses différentes provenances professionnelles, la possibilité d’échanger avec des femmes de tous milieux, de toutes les régions – et avec deux atouts: les dimensions entrepreneuriales et féminines. Sans cette association, je ne connaîtrais probablement aucune d’elles.»
Chaque canton – Vaud, Fribourg, Genève, Neuchâtel, Jura (et Jura bernois) et Valais – dispose de son comité propre qui propose des activités, environ une dizaine par mois, ouvertes aux membres des autres cantons. Un comité romand rassemble tout le monde lors d’une réunion intercantonale, environ une fois l’an. Chaque membre s’acquitte de ses cotisations, qui ont été légèrement revues à la hausse à 400 francs.
JAM: Vous entendez développer le réseautage, de quelle manière?
Laurence Jobin: Ce qui nous semble important, c’est par exemple de comprendre qui sont nos membres en dehors de l’entreprise. Quelles sont leurs valeurs, en tant qu’entrepreneures, mais aussi en tant que femmes? Cela peut prendre la forme d’un business lunch comme nous en avons eu un récemment à Lausanne. Nous aimons les sujets qui cassent les codes. Pour faire connaissance, au-delà de l’image simple de l’entreprise à laquelle on se rattache. Sans oublier une approche résolument multigénérationnelle.
Pourquoi faut-il redonner des impulsions au brevet fédéral de spécialiste en gestion de PME, par validation des acquis d’expérience?
Lorsque le brevet a été lancé, entre 2015 et 2016, beaucoup de femmes se sont inscrites et ont été titularisées. Puis avec les années, le nombre d’hommes suivant cette filière a augmenté, jusqu’à dépasser aujourd’hui les 70%. Notre but est de revaloriser ce brevet auprès des femmes, qu’il s’agisse de valider des expériences gagnées sur le terrain, ou bien d’une formation – totalement ou en partie modulaire – car les trois possibilités existent.
Pourquoi devenir présidente?
Je ne recherche pas forcément les défis et je suis plutôt quelqu’un à qui il faut faire trois fois du coude avant de céder. Mais à 55 ans, j’estime que j’ai le bon âge pour relever ce défi – et cela m’intéresse. J’ai de nombreux contacts après dix années passées dans cette association et au Comité. J’ai par ailleurs été déléguée à la Chambre suisse des arts et métiers de l’usam où nous disposons d’un siège.
Je vois mon job comme celui d’une cheffe d’orchestre, un travail d’équipe pour développer des excellences qui existent déjà ici et là . Et aussi, parce que nous en avons besoin, de mettre en avant ce que nous faisons. Je suis assez pragmatique et ne souhaite pas mettre les gens sous pression. Chacun doit savoir comment fixer ses priorités. J’aimerais que nos membres se sentent bien dans le cadre associatif que nous leur offrons et qu’elles y participent avec plaisir selon le temps disponible. Les hommes sont aussi les bienvenus!
François Othenin-Girard