Un mix énergétique ouvert à toutes les technologies: l'énergie nucléaire reste essentielle pour les PME suisses
Complexe et hautement politique
JRAM – Suite aux présentations des experts sur l’énergie, une table ronde a permis de dégager les enjeux pour les PME de cette transition énergétique dans laquelle nous nous engageons. Et à Fabio Regazzi, président de l’usam, de nouer la gerbe en tirant les enseignements de ces deux journées de partage.
La dernière matinée des JRAM fut consacrée aux enjeux énergétiques. Après les experts, place aux responsables politiques et patrons de PME sur le terrain.
10h45 Table ronde. Débat sur l’opportunité du retour à l’énergie nucléaire. Animation: Pascal Schouwey (PS). Avec Jacqueline de Quattro, conseillère nationale (PLR/VD) (JQ). Roger Nordmann, ex-conseiller national (PS/VD) (RN). René Silva, entreprise Helion (RS). Manfred Bühler, conseiller national (UDC/BE) (MnB). Experts: Yves Zumwald (YZ), Maurice Bourquin (MB), Christophe Ballif (CB).
MB. «On ne parle pas de retour au nucléaire, mais plutôt d’une remodernisation.»
YZ. «Le réseau doit raccorder tout le monde. On doit laisser la chance à toutes les technologies. Les centrales nucléaires en Suisse vont s’arrêter petit à petit. On est dans une transition. Mais ne faisons pas comme les Allemands, enlever avant d’avoir remplacé. La France n’arrêtera pas sa filière nucléaire. La Finlande a installé un nouveau réacteur. Regardons ce qui est pertinent dans l’ensemble.»
RN. «La seule filière nucléaire possible, c’est le thorium. On est loin de l’opérationnel. Je suis favorable à la recherche. Mais pas de réinstaller la filière du nucléaire. On a le vote sur le black-out dans trois à quatre ans. Puis cinq ans de discussion sur le subventionnement du nucléaire. Puis un deuxième vote populaire. Puis dix ans de planification cadre. Puis troisième votation populaire suivi par quinze ans de construction. En tout, trente-trois ans, si on n’a pas d’ennui juridique.»
JQ. «Il serait illusoire et dangereux d’opposer les sources et les technologies. De renoncer unilatéralement à une source ou de se limiter à d’autres types d’énergie. Visons l’efficacité et ce qui est accepté par la population. Il faut viser l’intégration au réseau européen.»
MnB. «Il faut des faits scientifiques. Je suis favorable à la présence du nucléaire dans l’équation au niveau international. En Suisse, il ne faut pas partir sur de la théorie. Notre réseau est tel qu’il est. Le maintien du nucléaire est nécessaire. J’ai soutenu une éolienne à Cortébert. Mais je ne veux pas d’un projet à 600 éoliennes imposé à la population. Il faut faire d’autres choses en complément. S’en passer serait une erreur.»
RN. «Les installations solaires fabriquées l’année passée produisent 3% de l’énergie produite cette année. Ce développement va se poursuivre. L’enjeu, c’est l’intégration dans le réseau. Vous aurez comme PME la possibilité d’acheter du courant bon marché l’après-midi. Un premier distributeur va proposer cette option. Deuxième possibilité, les batteries intermédiaires pour stocker l’énergie l’après-midi pour alimenter les processus de la nuit et du matin. L’autre solution, c’est de stocker du gaz d’un jour à l’autre, c’est possible et ciblé sur l’industrie. Il faut sinon accélérer les procédures pour l’hydroélectrique, le solaire vertical et les batteries.»
YZ. «Il ne faut pas dire que le réseau est stable. Il est continuellement sous stress. La Suisse peut agir, mais ça coûte un saladier pour l’équilibrage chaque milliseconde. La solution la moins chère, c’est de finaliser ce contrat avec l’Europe. Il faut mettre en place les solutions et assurer l’exploitation du nucléaire que nous avons en toute sécurité.»
JQ. «Les technologies existent, l’acceptation par la population manque souvent. La stratégie énergétique a été acceptée par la population, mais face à des projets concrets et aux droits de recours, il faut trouver des solutions. On se met d’accord avec des tables rondes. Mais dès que le projet est mis à l’enquête, les oppositions commencent. La commune doit avoir le dernier mot. Pourquoi quand les communes sont d’accord, des associations de l’autre bout de la Suisse peuvent-elles faire capoter le tout?»
RN. «Dès le 1er janvier 2026, si vous revendez le courant, à partir de vos batteries, des remboursements (timbre) sont prévus. Cet accord est une garantie contre la spéculation. C’est aussi une assurance.»
MnB. «J’ai des soucis sur le fonctionnement du marché européen. Je ne suis pas convaincu par les accords, en particulier sur la question de l’indépendance.»
CB. «Le panneau solaire, c’est 30 fois moins cher que le litre de pétrole. On a une bonne indépendance en Suisse.»
JQ. «La sécurité d’approvisionnement est le plus important. On voit bien qu’elle est compromise. Le coût doit être acceptable. Tout seuls, on n’y arrive pas. L’électricité n’a pas de frontières. L’autarcie énergétique, on oublie. Ou alors on passe aux chandelles. Avec cet accord, on a plus de sécurité. C’est une opportunité sur laquelle il faut sauter.»
RN. «Sur l’accord électrique. Le réseau européen est la plus grande machine du monde. Si certaines parties ne sont pas connectées, le risque de bug est plus élevé. On doit être dans tous les organes européens où les choses sont gérées. C’est une chance d’avoir eu Albert Rösti comme négociateur, parce qu’il a rajouté une page de conditions. Et il a gagné sur toute la ligne. Il faut aussi investir dans la production, mais il faut cet accord. J’espère que l’usam s’engagera en faveur de cet accord!»
RS. «Les véhicules électriques permettent le stockage, et cette capacité évolue. Un véhicule est à l’arrêt 90% du temps et parcourt 34 kilomètres en moyenne. La solution est là .»
11h45 Allocution de clôture. Fabio Regazzi, président de l’usam, conseiller aux États (Le Centre/TI) et entrepreneur.
«Mesdames et Messieurs, chers collègues, chers amis, alors que nous arrivons au terme de ces 58es Journées romandes des arts et métiers, je tiens à vous exprimer toute ma gratitude pour votre participation active et votre engagement tout au long de ces deux jours intenses de réflexion et d’échange.
Nous avons abordé des thèmes cruciaux pour l’avenir de nos PME, ces piliers de notre économie qui incarnent la liberté, la responsabilité et l’innovation. Les débats que nous avons eus sur les entreprises vertueuses et le retour du nucléaire ont montré à quel point ces sujets sont complexes et multidimensionnels. Ils nécessitent une réflexion approfondie et une approche équilibrée pour concilier liberté entrepreneuriale et responsabilité collective.
Le thème de la liberté d’entreprendre a été au cœur de nos discussions. Nous avons vu comment un État trop interventionniste pouvait étouffer l’initiative et la créativité des entrepreneurs. Comme l’a si bien souligné Julia de Funès (lire aussi en page 21), les entreprises ne sont pas des enfants. Elles ont besoin de confiance et de liberté pour innover et prospérer. Cependant, cette liberté doit s’accompagner d’une responsabilité partagée, où chaque acteur économique joue un rôle dans la construction d’une société plus juste et durable.
La question de l’énergie a été au centre de nos débats et a suscité des discussions passionnantes. Nous avons entendu des experts de renom, comme Yves Zumwald et Maurice Bourquin, Christophe Ballif, qui nous ont éclairés sur les enjeux techniques et scientifiques de cette question. Les PME ont besoin d’une énergie fiable et abordable pour fonctionner efficacement. La transition énergétique est un défi majeur, et nous devons trouver des solutions qui garantissent la souveraineté énergétique de notre pays tout en respectant nos engagements environnementaux.
L’usam, en tant que faîtière des PME suisses, souhaite être ouverte à toutes les technologies de l’énergie. Nous croyons que la diversité des sources énergétiques est essentielle pour assurer un approvisionnement stable et durable. Que ce soit par le nucléaire, les énergies renouvelables ou d’autres innovations technologiques, nous devons explorer toutes les options disponibles pour répondre aux besoins énergétiques de nos entreprises.
La méthode dialectique que nous avons adoptée pour ces journées – thèse, antithèse, synthèse – nous a permis de dépasser les oppositions stériles et de construire ensemble des solutions innovantes. Cette approche collaborative est essentielle pour aborder les défis complexes de notre époque. Elle nous rappelle que nous sommes plus forts lorsque nous travaillons ensemble, en confrontant nos idées et en cherchant des compromis constructifs.
Je tiens à remercier chaleureusement tous les intervenants qui ont enrichi nos débats de leurs connaissances et de leurs expériences. Un merci particulier à Julia de Funès pour son regard philosophique et son engagement en faveur d’une entreprise libre et responsable. Merci également aux sponsors qui nous ont soutenu financièrement, à Julien Morand pour ses spécialités. Merci aussi au Secrétariat de l’usam et à tous ses collaborateurs pour leur engagement permanent en faveur des PME et pour l’organisation de ces journées.
Enfin, je souhaite remercier chacun d’entre vous pour votre participation active et votre engagement. Ces journées ont été une réussite grâce à vous. Continuez à défendre les valeurs de liberté, de responsabilité et d’innovation qui font la force de nos PME.
Alors que nous quittons Champéry, emportons avec nous les idées et les inspirations de ces deux jours, continuons à réfléchir, à innover et à travailler ensemble pour défendre nos entreprises.
Je vous souhaite à toutes et à tous une excellente continuation et j’ai hâte de vous retrouver pour les prochaines éditions des Journées romandes des arts et métiers. Merci de votre attention et à bientôt!
JAM
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