Publié le: 4 juillet 2025

Fort coûteux et illogique

Congé parental étatisé – Les défenseurs d’un congé parental de 38 semaines imposé par l’État s’inspirent des pays nordiques, mais la comparaison est boiteuse. Un telle solution pourrait même s’avérer contre-productive pour les intéressés, sans parler des PME!

L’initiative populaire «Pour un congé parental moderne» propose l’introduction d’un congé rémunéré de 38 semaines, financé par une augmentation des cotisations salariales, s’ajoutant à d’autres hausses récentes ou prévues. Elle se fonde sur des projections affirmant que cette mesure serait in fine rentable économiquement. Pourtant, ces promesses économiques reposent sur des hypothèses optimistes, largement déconnectées des réalités suisses.

Petites équipes et spécialistes

Les initiants s’inspirent d’exemples étrangers, notamment des pays nordiques. Mais ces comparaisons ignorent des différences structurelles essentielles. En Suisse, le tissu économique est composé à plus de 99% de petites et moyennes entreprises, souvent fortement dépendantes de collaborateurs clés et disposant de marges de manœuvre limitées en matière de réorganisation interne.

Contrairement à ce que l’on observe dans certains pays nordiques, où les dispositifs publics sont conçus pour accompagner les absences parentales à large échelle et où l’organisation du travail favorise souvent une plus grande flexibilité interne, les PME suisses fonctionnent avec des équipes restreintes, des fonctions spécialisées et peu de possibilités de redéploiement temporaire. L’absence prolongée d’un collaborateur y entraîne des conséquences organisationnelles plus immédiates et plus lourdes.

Ce décalage structurel rend toute transposition mécanique hasardeuse. Dans les faits, un congé généralisé et étatisé, même présenté comme facultatif, risque d’introduire des perturbations concrètes dans le fonctionnement des entreprises.

Le mythe et la réalité

L’argument de la rentabilité économique avancé par les initiants repose sur des modélisations théoriques qui prévoient une hausse du taux d’activité des femmes et une réduction des coûts sociaux à long terme. Or, ces projections font l’impasse sur des éléments déterminants. En particulier, elles ignorent largement les coûts indirects supportés par les entreprises, en premier lieu par les PME.

Une augmentation de la durée des congés pourrait avoir l’effet inverse sur le taux d’activité.

Dans la réalité, une absence prolongée implique souvent une réorganisation interne complexe, une surcharge pour les autres collaborateurs, une baisse temporaire de la productivité et des coûts de recrutement supplémentaires. Ces effets, difficilement quantifiables mais bien réels, sont absents des calculs qui prétendent démontrer la rentabilité de la mesure. Ils sont d’autant plus lourds à absorber que la taille de l’entreprise est réduite.

Par ailleurs, les gains attendus en matière de participation au marché du travail restent très incertains. Rien ne garantit que l’introduction d’un congé parental étatisé ait un effet concret sur le taux d’activité des femmes en Suisse. Le recours à ce type de congé dépend fortement de facteurs individuels, culturels et professionnels, qui ne peuvent être activés par une simple extension de droits.

Des défis multiples

L’expérience de plusieurs pays montre que l’élargissement de la durée du congé n’entraîne pas automatiquement un renforcement durable de la participation, et peut même produire l’effet inverse lorsqu’il contribue à allonger les interruptions de carrière.

Dans ce contexte, présenter la mesure comme un investissement rentable pour l’économie relève davantage d’un pari idéologique que d’une démonstration empirique.

Cette initiative ne répond pas à un besoin urgent identifié, ni à une lacune structurelle du modèle suisse. Elle vise avant tout à étendre les prestations sociales dans une logique centralisatrice, en s’appuyant sur des arguments économiques peu étayés.

Derrière les promesses de modernité et d’égalité, c’est une nouvelle charge que l’on impose à l’économie productive, en particulier aux PME, sans en mesurer sérieusement les conséquences.

présenter la mesure comme un investissement rentable pour l’économie relève davantage d’un pari idéologique que d’une démonstration empirique.

À un moment où les entreprises suisses font face à de multiples défis, il faut éviter les projets normatifs déguisés en réformes économiques. Ce n’est pas d’une extension uniforme des droits sociaux que les PME ont besoin, mais d’un environnement stable, prévisible et adapté à leur réalité.

Simon Schnyder, usam

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