C’est une pratique courante depuis des années: la SSR affirme régulièrement qu’elle va faire des économies. C’est encore le cas récemment, lorsque la directrice de la SSR, Susanne Wille, a annoncé qu’elle souhaitait réaliser des économies grâce à la centralisation, y compris au niveau du personnel. Si tel est le cas, ce serait un changement de donne.
Autre motif d’étonnement, le dernier rapport du Conseil fédéral sur les salaires des cadres vaut le détour. En conclusion, les salaires des cadres sont respectés presque partout, sauf à la SSR. En effet, les huit membres du conseil d’administration de la SSR devraient percevoir au total environ 410’000 francs pour quelques réunions à temps partiel, soit un salaire horaire dont les propriétaires de PME et les employés ordinaires ne peuvent même pas rêver. Mais ce n’est pas tout, ajoute la «Tages-Anzeiger». La directrice générale Susanne Wille empoche pour sa part près de 520’000 francs par an, auxquels s’ajoutent de généreuses cotisations à la prévoyance professionnelle. «Votre télévision» dit merci à la redevance.
Les effectifs Ă la question
La télévision publique suisse est bien généreuse en matière d’indemnités de départ pour les rédacteurs ordinaires lorsqu’une émission est supprimée. Ce fut le cas en Suisse alémanique avec «Gesichter & Geschichten». Selon l’«Aargauer-Zeitung», les personnes licenciées reçoivent jusqu’à douze mois de salaire. Une pratique qui, même dans les multinationales, est réservée aux cadres supérieurs. Et si un collaborateur ne retrouve pas de nouvel emploi, la SSR verse pendant un an la différence entre les indemnités journalières de l’assurance-chômage et le salaire que les employés percevaient avant le licenciement. En outre, le plan social de la SSR prévoit que les employés restants dont la charge de travail est réduite continuent de percevoir leur salaire initial pendant deux ans. Tout cela avec des salaires déjà élevés: selon le rapport annuel 2024, le salaire annuel moyen à la SSR est supérieur à 112’000 francs pour un poste à temps plein. Les conditions d’emploi luxueuses de l’administration fédérale vous saluent bien.
Seul un OUI à l’initiative contre la SSR mettra fin à la double imposition injuste des PME.
En matière de croissance de l’emploi, la SSR se distingue également. Alors que l’ARD a supprimé quelque 2500 postes à temps plein depuis l’an 2000, la SSR en a créé environ 1200, comme l’a montré Kurt W. Zimmermann dans sa chronique médiatique publiée dans le magazine «Weltwoche». Il n’est donc pas étonnant que les frais de personnel représentent 55% du budget de la SSR, contre seulement 35% pour l’ARD. Kurt Zimmermann conclut que la SSR est hypertrophiée et inefficace par rapport à l’ARD. Et ce, bien que l’ARD soit considérée comme la plus grande chaîne de télévision au monde. Rien que pour les réseaux sociaux, la SSR emploie environ 50 personnes à temps plein, c’est-à -dire dans le célèbre domaine en ligne, où son intrusion a toujours été assimilée à du braconnage.
Les éditeurs dans la poche
Ces conditions de travail et ces budgets font bien sûr des envieux dans la presse privée, ses employés et, plus généralement, les PME. Les derniers détails concernant l’accord entre la SSR et les éditeurs semblent d’autant plus étranges. Comme l’a révélé le site persönlich.com, la SSR devrait adhérer à l’Association des éditeurs alémaniques (VSM). La cotisation étant calculée sur la base du chiffre d’affaires d’une entreprise, la SSR verserait 180’000 francs par an à la VSM, conformément au règlement des cotisations. En clair, cela signifie que les éditeurs abandonnent purement et simplement l’objectif de leur association. Sur son site Internet, l’ASM se présente fièrement comme l’organisation professionnelle des entreprises médiatiques suisses «privées».
Marchandage indigne
Et pourquoi les barons des médias alémaniques tourneraient-ils leur veste? Uniquement pour mettre la main sur l’argent et la complaisance de la SSR qui, quant à elle, ne conclut cet accord que dans le seul but de faire échouer l’initiative SSR «200 francs, ça suffit!», dans les urnes. Quelle magouille entre des éditeurs achetés et une SSR, largement surfinancée! Il sera aussi intéressant de voir combien de temps la SSR se sentira réellement liée par ce marchandage indigne de la démocratie si l’initiative venait à échouer. Les citoyens et les contribuables de la SSR, quant à eux, sont laissés pour compte. En raison de cette uniformisation, ils se voient servir encore plus de médiocrité médiatique, souvent hostile à l’économie. Une médiocrité contre laquelle les éditeurs mettent habituellement en garde avec véhémence.
Le contre-projet du Conseil fédéral reste largement insuffisant
Quelle amertume pour les PME, doublement taxées depuis des années! On l’a dit et redit: les propriétaires d’entreprises et les employés paient la taxe SSR en tant que particuliers. Et les entreprises pour leur part doivent payer une taxe SSR absurde calculée sur leur chiffre d’affaires et pouvant atteindre 50’000 francs. Mais qui regarde la télévision au boulot?
«La double imposition de la SSR pour les PME doit disparaître. Elle est extrêmement injuste», estime Urs Furrer, directeur de l’usam. Le Parlement ne semble pas vouloir de contre-projet à l’initiative SSR. Quant au contre-projet du Conseil fédéral, il ne va pas assez loin. Il augmente certes le seuil de chiffre d’affaires, mais plus de 80’000 entreprises seraient toujours concernées par la taxe SSR, dont un grand nombre de PME dotées d’un chiffre d’affaires élevé, mais à faibles marges, telles que les négociants en combustibles et carburants, les garagistes ou les logisticiens.
Pour Urs Furrer, une chose est sûre: «Seul un oui à l’initiative SSR mettra fin à la double imposition injuste des PME par la SSR et garantira leur exonération totale.»Rolf Hug