Publié le: 4 juillet 2025

PME: facteur humain et responsabilité

JRAM – Les 58es Journées romandes des arts et métiers organisées par l’usam à Champéry fin juin étaient cette année consacréesà deux thèmes: les entreprises vertueuses et le retour du nucléaire. L’occasion d’aborder dans un cadre convivial des sujets commela surrèglementation, la loi sur le travail, la transition énergétique. Avec de nombreux experts et plusieurs podiums de discussion.

Voici quelques reflets des 58es Journées romandes des arts et métiers (JRAM) qui se sont déroulées à Champéry, les jeudi 26 et vendredi 27 juin 2025.

Jeudi 26 juin

À 11h15, ce fut l’allocution d’ouverture de Pierre Daniel Senn, vice-président de l’usam.

«Bienvenue à Champéry pour deux journées de dialogue et de réflexion sur les PME en Suisse romande. Ces dernières sont proches des gens et du terrain. L’usam défend un cadre libéral, pour que les PME puissent se développer librement. Nous ne voulons pas d’un État qui infantilise. Nous avons choisi deux thèmes forts qui touchent à la liberté. Jusqu’où peut-on imposer sans étouffer? Le premier thème s’inscrit dans la campagne contre l’État nounou soutenue par l’usam.

Les PME ne sont pas des enfants, elles ont besoin de confiance. Deuxième thème, le retour du nucléaire, tout aussi stratégique. Est-ce une solution d’avenir ou un risque à éviter? Les PME ont besoin de stabilité. Ces journées sont l’occasion de prendre du recul et de nourrir notre réflexion, partager nos expériences et nos perspectives.»

À 11h30, Félix Reinmann, chef de l’Office fédéral du registre du commerce s’est exprimé sur le thème «Entreprises responsables: et maintenant?»

«Il était une fois… l’affiche de l’initiative de 2016 sur les multinationales responsables. L’initiative est acceptée par le peuple par 50,7%, mais refusée par les cantons. Le contre-projet a été mis en œuvre. Celui-ci est en vigueur depuis le 1er janvier 2022. Un volet concerne la transparence sur les questions non financières. Un second porte sur les devoirs de diligence et de transparence en matière de minerais et de métaux provenant de zones de conflit et en matière de travail des enfants. Mais il n’y a pas jusqu’ici d’autorité de surveillance, alors qu’elle existe au niveau européen.

Le droit européen a évolué et il y a eu des pressions en Suisse pour adapter le droit. Le devoir de diligence reste donc spécifique aux secteurs précités. Sur les projets en cours, le Conseil fédéral veut accorder le droit suisse au droit européen. La tendance de la nouvelle directive européenne en cours d’adoption qui vise à uniformiser les différents éléments (Omnibus) va dans la direction d’une simplification, d’une règlementation uniforme et d’une diminution de la charge administrative pour les entreprises.

La nouvelle initiative pour des grandes entreprises responsables pour la protection de l’être humain et de l’environnement a été déposée, les signatures, récoltées. L’initiative a été validée le 18 juin dernier. Une votation populaire est prévisible à l’horizon 2028 ou en 2029 avec un contre-projet.

Les entreprises concernées seraient celles ayant 1000 emplois et 450 millions de CA. Cela pourrait être un standard. Mais la situation est délicate et flottante. Le Conseil fédéral doit tenir compte d’une adaptation au droit européen qui fluctue entre la Commission, le Conseil des Ministres et le Parlement européen. Et il lui faudra aussi tenir compte de cette nouvelle initiative qui demande de s’adapter à un droit européen qui a entre-temps changé et qui change encore. Mais tout est volatil sur le plan européen et dans le monde actuellement.»

Après un repas pris dans les jardins du Palladium de Champéry, les participants sont retournés au frais pour écouter la présentation de la brillante philosophe française Julia de Funès (lire p.21).

Aux environs de 15 heures, un podium de discussion était consacré au thème suivant: «L’entreprise et la politique: entre l’humain et la productivité». Avec pour l’animer: Pascal Schouwey. Et parmi les participants: Nadine Gobet, directrice de la Fédération Patronale et Économique et conseillère nationale (PLR/FR) (NG). David Guenin, directeur général, Gimmel Rouages SA et président CNCI (DG). Olivier Mark, JardinSuisse et membre du conseil directeur de l’usam (OM). Quant à Lisa Mazzone, ex-conseillère nationale, présidente des Vert-e-s, elle n’a finalement pas pu effectuer le déplacement.

Comment diffuser la connaissance des normes, des règlements, dans l’entreprise?

DG: «Il faut un minimum d’adhésion du personnel et que le management fasse le relais jusqu’aux collaborateurs. Nous avons créé une plateforme pour mettre en valeur les bonnes pratiques en évitant les grandes théories et en les réduisant à des applications concrètes.»

Comment assouplir les lois, flexibiliser, concrètement? À commencer par la loi sur le travail?

NG: «Il faut adapter cette loi sur le travail qui date des années 1960. D’un côté, on a une population qui vieillit, de l’autre, le taux de chômage est bas. Le taux de natalité est historiquement bas. Il faut trouver des jambes pour faire marcher cette économie. Et les employés souhaitent plus de flexibilité. On dit qu’il manquera 400’000 travailleurs d’ici 2030.»

DG: «Je suis signataire de la CCT horlogère et favorable à la flexibilité. Mais ce n’est pas évident. On se bat par exemple pour une annualisation des heures de travail et c’est aussi ce que souhaitent de nombreux collaborateurs. Mais pas les syndicats.

OM: chez, nous, la flexibilité est liée aux saisons. Mais depuis quinze ans, nos partenaires sociaux ont des dogmes qui ne sont pas compatibles avec ce que nous percevons chez nos collaborateurs.»

Faire évoluer la loi sur le travail: un risque ou une chance?

NG: «C’est vrai que la gauche est dogmatique par rapport aux horaires. Parmi nos collaborateurs, certains ont besoin de pouvoir amener les enfants à la crèche ou de travailler le soir quand ces derniers sont couchés. Il faut pouvoir ouvrir des possibilités quand la demande est là. La question du salaire n’est pas forcément la priorité. Il faut davantage de souplesse pour la vie familiale. Mais on ne va pas résoudre le problème en octroyant huit semaines de vacances aux apprentis!»

Comment les PME continueront-elles Ă  pouvoir proposer des conditions attractives?

OM: «J’ai certains membres qui postent des vidéos pour essayer d’amener de l’attractivité sur nos métiers, au-delà des conditions de travail.»

DG: «Dans certains métiers où la flexibilité est moins évidente, on doit apporter autre chose et alors c’est le métier en soi qui doit devenir plus attractif. Par exemple, une satisfaction à fabriquer quelque chose. C’est aussi l’atmosphère de travail qui compte.»

NG: «Il ne suffit pas de mettre un baby-foot dans le hall pour montrer qu’on est cool. La difficulté, c’est qu’il faut trouver des collaborateurs et ensuite les garder. C’est le grand défi.»

Quels sont les effets de la surrèglementation dans l’entreprise?

DG: «Ce que j’observe, c’est que désormais la moitié de nos collaborateurs ne sont pas directement affectés à la production de base. Il suffit d’une nouvelle règle pour qu’il y ait des effets sur les machines, leur emprise au sol, etc. Il y a un effet boule de neige vicieux. On voit les cascades de problèmes qui s’ensuivent avec une nouvelle loi.»

OM: «Il y a tout ce que nos collaborateurs doivent prendre en compte avant d’arriver chez les clients: les listes de plantes interdites et obligatoires, la liste des matériaux, les règlementations sur les haies, l’arrosage, les pesticides, les engrais. Et tout cela change dans chaque commune et chaque canton. Tout est dit.

NG: je vois dans la formation à quel point les entreprises peuvent être dissuadées de prendre un apprenti quand les conditions deviennent trop complexes.»

JAM

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