Publié le: 5 septembre 2025

En toute connaissance de cause

CAUTIONNEMENT – Pour racheter l’entreprise et son bâtiment à son père, Yannick Schmalz s’est adressé à Cautionnement romand. Une expérience complexe qu’il a accepté de partager avec le JAM et dont il parle avec un grand sens pédagogique.

Yannick Schmalz est directeur de Schmalz Déco-Pub, une PME active dans les conceptions et réalisations publicitaires basée à Poliez-le-Grand, désormais dans la commune de Montiliez (VD): marquage de véhicules, enseignes publicitaires, signalétiques intérieures et extérieures, banderoles, petits et grands stickers.

«Nous travaillons pour le secteur de l’événementiel, celui des soirées pour entreprises, nous concevons et réalisons des stands d’exposition, des comptoirs régionaux et nationaux.» Une entreprise familiale détenue à la base par trois personnes, son père, un employé et lui-même. Yannick a un frère et une sœur, mais ces derniers ne sont pas actifs dans l’entreprise.

Faire baisser le niveau de risques

«La situation était assez simple», résume-t-il en souriant. Il aurait pu tout aussi bien ajouter «à première vue», comme la suite le montrera. «J’ai déposé une demande auprès de Cautionnement romand parce que ma banque, la Raiffeisen, me l’avait conseillé. L’idée était de faire baisser suffisamment le niveau de risques afin de permettre le rachat de l’entreprise.»

Nous sommes début 2020, juste avant la pandémie. Après une expérience d’une vingtaine d’années dans le monde multimédia et à la tête d’une société qu’il avait lui-même fondée après un CFC de réalisateur publicitaire, Yannick Schmalz décide de rejoindre l’entreprise de son père fondée en 1984. Olivier Schmalz avait lui-même repris l’entreprise de son employeur, M. Streiff. Et fondé la société Olivier Schmalz Enseignes et Décoration.

Un travail de fond

«Je venais du monde de l’entreprise et j’en avais une vision générale et l’habitude d’en parler avec mon père, raconte-t-il, mais en arrivant, je me suis laissé quelques mois pour analyser le tout, avant de passer à une phase de redynamisation et d’optimisation des processus. Il y avait deux grandes priorités: il fallait lutter contre tout ce qui nous faisait perdre du temps et en parallèle améliorer l’image de l’entreprise.»

«Ce fut un travail de fond, car il a aussi fallu revoir un certain nombre de vieilles habitudes et en adopter de nouvelles. Il n’y avait par exemple pas de comptabilité analytique et j’ai dû faire la preuve sur le terrain des potentiels que cela offrait. En bref, l’entreprise se trouvait à un moment charnière, dotée d’un excellent matériel de production entièrement payé et légèrement sous-exploité.»

En phase avec le remboursement

«Depuis, avec beaucoup de travail, de motivation pour les défis, nous nous sommes attaqués à de nouveaux marchés en prenant certains risques. Mais cela a payé: nous avons connu une expansion de 20 à 30% par année, nous sommes passés de cinq à dix collaborateurs et nous sommes largement en phase avec le remboursement des prêts qui nous ont été accordés pour la reprise de l’entreprise.»

Des clés pour comprendre

Comment la reprise elle-même s’est-elle effectuée? Dès que le rachat a été envisagé, Yannick Schmalz a décidé de s’impliquer. Il a plongé dans le torrent des connaissances nécessaires pour comprendre tout ce qu’il fallait comprendre, le pourquoi et le comment – ce dont il parle avec la passion de celui qui maîtrise un champ d’une haute complexité juridique.

«Dès le départ, l’idée fut de passer d’une entreprise qui fonctionne tout simplement à une entreprise qui permet de générer du bénéfice», explique Yannick Schmalz. Il fallait pour que la reprise soit possible que notre PME parvienne à autofinancer son propre rachat. Le défi était double: la banque nous a demandé beaucoup de travail. De mon côté, j’ai passé un temps inouï à apprendre tout ce qu’il fallait. Comme il n’existait pas d’ouvrages sur le sujet, ce qui s’explique par l’infinie diversité des situations, des secteurs d’activités, des types d’entreprises et de leur positionnement, j’ai pris mon bâton de pèlerin et j’ai rencontré des entrepreneurs dans la région et plus loin, ayant connu une situation similaire et qui accepteraient de m’en parler. Ils m’ont reçu avec beaucoup d’ouverture et une grande disponibilité, j’ai passé des après-midis entiers à les écouter parler des tenants et aboutissants de ces reprises.»

L’épineuse question du bâtiment

Une particularité de Schmalz Déco-Pub SA réside dans le fait que le bâtiment appartient à l’entreprise. Et que toute l’entreprise s’achète sous la forme d’actions. «Or, du point de vue de la banque, cette situation décuplait les risques. Et vouloir à ce stade sortir le bâtiment du patrimoine de l’entreprise aurait impliqué un mécanisme fiscal complexe et généré un coût monstrueux, donc cette solution n’était pas viable. Mais en laissant le bâtiment dans le patrimoine, la banque courait un risque majeur. Si les choses tournaient mal, j’aurais pu générer en une année plus de dette que la valeur même du bâtiment. Et dans ce cas, la banque aurait perdu le 100% de la valeur. »

Il fallait donc trouver une autre solution pour réduire le niveau de risques à un taux acceptable. D’une part, Yannick avait des fonds propres. Il a donc pu solliciter une hypothèque de la banque remboursable à 100% en sept ans. En raison du facteur bâtiment, il a demandé un cautionnement auprès de Cautionnement romand qui se portait garant sur l’hypothèque de la banque durant la même période.

Prêt vendeur: l’acte de confiance

Et ce n’est pas fini. À cela s’ajoute un prêt vendeur du père de Yannick. Sauf que ce dernier sera remboursé après la banque, donc après ces sept années. «Le fait que le vendeur accepte d’être remboursé après sept ans représente un immense avantage du point de vue de la banque: c’est la preuve que le vendeur a confiance dans la capacité du repreneur à rembourser sa dette. Et donc qu’il a confiance dans la viabilité du projet.»

Yannick Schmalz a appris tellement de choses au cours de cette expérience complexe qu’il est prêt à donner des explications aux entrepreneurs qui s’intéressent à ce modèle. Le bouclement du dossier en soi mérite le label de «très technique». «Un entrepreneur qui tient à prendre des décisions en connaissance de cause devait s’y intéresser de près, même si le travail aura déjà été au final assez mâché par tous les professionnels qui s’occupent de votre dossier.»

Bien préparé au grand oral

Il confirme que les informations données à Cautionnement romand ne constituent pas un immense surcroît de travail par rapport à la préparation du dossier bancaire. «Bien sûr, j’ai dû me préparer à fond, car vu que l’importance du dossier dépassait les compétences décisionnelles de la succursale régionale, des membres de Raiffeisen Suisse se sont déplacés dans la succursale d’Echallens. Un véritable examen face à quatre experts. Il en sourit encore. «Comme j’étais bien préparé et que j’avais compris les enjeux et les détails, ces derniers m’ont au final félicité de mon niveau de connaissance. Je ne regretterai donc jamais le temps passé à apprendre et à découvrir ce monde-là. Je suis désormais capable de porter sur mon entreprise un regard différent. Et le cas échéant, de le transmettre aux autres.»

Une aventure qui se termine bien pour Yannick Schmalz: «Je remercie chaleureusement tous les acteurs qui ont permis cette transmission, en particulier la banque, la fiduciaire et le Cautionnement romand, qui ont rendu cette aventure possible.»

François Othenin-Girard

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