Stop à la réglementation en matière de durabilité
Nature, aide au prochain et écoute
ANOUK PÒZNER – La jeune droguiste de Moutier participe aux SwissSkills 2025 à Berne en septembre. «Je suis assez détendue, nous confie-t--elle, car au final ce sont pour la plupart des choses que l’on fait tous les jours au travail.» Passionnée de nature et d’herboristerie, cette scoute est toujours prête à donner un conseil utile.
Elle s’appelle Anouk Pòzner et elle est droguiste. Elle nous reçoit à Moutier où elle habite. Dans son jardin, des herbes et des plantes poussent en toute liberté et forment un joyeux bouquet de couleurs et de parfums. La jeune femme travaille dans deux drogueries de la région, l’une à Tavannes et l’autre à Vicques. C’est la première fois qu’elle participe aux SwissSkills. «La compétition, ce n’est d’habitude pas trop mon truc», avoue-t-elle. «En revanche, participer à un évènement qui permet de donner un beau visage à nos métiers, pourquoi pas? Et si en plus on le fait en s’amusant, cela vaut vraiment la peine de s’impliquer.»
Les SwissSkills 2025 auront lieu à Berne, sur le site de Bernexpo du 17 au 21 septembre. Les droguistes passeront leurs épreuves le vendredi 19 septembre avec une finale samedi entre les quatre candidats sélectionnés. «Je suis assez détendue, car au final ce sont pour la plupart des choses que l’on fait tous les jours au travail. De plus, ces épreuves ressemblent beaucoup aux examens que j’ai passés pour obtenir le CFC en 2024.»
C’est donc tout frais, l’obtention de ce titre après un long apprentissage de quatre ans. Sauf qu’Anouk Pòzner l’a terminé en trois ans, ce qui est possible quand on obtient une dérogation. Et quand on est super motivée et douée – ce qu’elle se garde d’affirmer. La jeune droguiste nous montre l’abondante documentation permettant de se préparer: de longues pages pleines d’exigences, mais pour elle, rien d’anxyogène!
Devant un café, elle nous explique ce qui l’attend. Le concours de SwissSkills se compose de quatre épreuves. On débute avec la partie laboratoire et cela ressemble à tout sauf à un jeu d’enfant: «Nous recevons un protocole rudimentaire permettant de réaliser un produit. Nous rédigeons un protocole détaillé et soigné sur du papier, traçabilité oblige. La gamme de ce que nous devons maîtriser est variée, mais pour cette épreuve, la liste des préparations sera assez réduite. Elle ne sera toutefois pas communiquée avant l’épreuve. Il peut s’agir d’une crème, d’un savon, d’un produit pour la douche, d’un sirop contre la toux, de gélules diverses ou de suppositoires.
La deuxième épreuve prend la forme d’une vente avec un client fictif qui sera en fait un expert. L’idée est d’évaluer en situation la capacité du candidat à offrir des conseils de santé, de cosmétique ou autres – en déjouant pièges et difficultés. Un acronyme, LINDAAFF, permet de prendre en compte divers facteurs: la localisation du problème, son intensité, sa nature, sa durée, l’anamnèse (qui récapitule les antécédents médicaux, ce qui a marché, ce qui a moins bien fonctionné). Enfin les autres symptômes, les facteurs aggravants et les facteurs améliorants. Car en fin de compte, le droguiste est là pour fournir de l’aide en toute connaissance de cause.
«Notre sommes formés pour devenir de très bons conseillers et nous offrons divers trucs et astuces utiles, il y a un côté débrouillard chez le droguiste. Dans notre métier, l’empathie et le rapport à l’autre jouent un rôle crucial: nous devons comprendre les choses dans le détail. Notre travail s’accompagne d’une certaine liberté, mais surtout d’une grande responsabilité, dans la mesure où il n’est pas nécessaire d’obtenir l’autorisation du responsable de la droguerie pour conseiller un produit.
De la mémoire, il en faut aussi une bonne dose pour s’orienter dans l’univers complexe des plantes et des substances chimiques. Anouk Pòzner pose sur la table un grand carton dans lequel sont rangées des boîtes en plastique contenant des extraits végétaux secs. Sur chaque boîte figure une étiquette. Elle en connaît tous les noms et tous les usages. Cette troisième épreuve est baptisée du nom indigeste d’organoleptique. À l’aide de ses cinq sens, la candidate devra reconnaître de quoi il s’agit. «Et donner le nom français, puis l’origine botanique et la partie de plante utilisée en latin», ajoute-t-elle. Encore heureux qu’il ne faille pas donner le nom en allemand ou en anglais!
La jeune droguiste travaille dans deux drogueries, l’une à Tavannes et l’autre à Vicques. Il en existe une vingtaine en Suisse romande et tout le monde se connaît plus ou moins. Selon elle, c’est un monde dans lequel l’entraide existe. Qu’est-ce qui l’a incitée à choisir ce métier?
«J’ai toujours aimé la nature et mon père est une sorte de druide qui m’a appris le nom de beaucoup de plantes des champs et des forêts, raconte-t-elle. Je suis passionnée de nature et si le métier d’herboriste était reconnu, ce qui n’est hélas plus le cas en Suisse pour des raisons complexes, je l’aurais choisi sans hésiter.»
Elle opte d’abord pour des études en arts visuels à Bienne après une école de culture générale à Moutier. Mais soudain survient un déclic, suite à une conversation avec son père: «Quand j’ai appris que le métier de droguiste comportait des similitudes avec celui d’herboriste, j’ai bondi. Pourquoi personne ne me l’avait dit? Je me suis tout de suite lancée dans un stage de droguiste à Tavannes et cela m’a ouvert les yeux. Contrairement à l’école, j’apprenais vite et je retenais tout, parce que j’étais motivée et aussi émerveillée.»
Chaque droguiste «en herbe» est tenu de suivre l’école de droguerie à Neuchâtel. Nous étudions la pharmacologie, nous faisons de la botanique – oui comme dans Harry Potter à quelques détails près –, de la phytothérapie, et également de la chimie organique.
Pour la quatrième et dernière épreuve de SwissSkills, cette ancienne élève de l’école d’arts dispose d’atouts en plus. « L’idée est de préparer un deuxième point de vente dans une droguerie et de mettre en avant un produit sur une gondole, avec une offre, une gamme de produits, un thème traité. Je me souviens que pour le CFC, j’avais dû aborder le thème de la chute des cheveux. J’avais construit un modèle géant de cheveu en papier mâché pour montrer comment cela fonctionne. Il y avait des touffes de faux cheveux sur la table pour attirer l’attention des clients.»
Entre Anouk Pòzner et la droguerie, c’est aussi une question de valeurs. Scoute dans l’âme depuis l’enfance, elle parle longuement de son amour de la nature et des valeurs qui l’animent. L’aide au prochain, savoir écouter, ne pas vendre pour vendre, prendre soin des gens. Une éthique qui se marie si bien avec le métier qu’elle exerce avec passion tous les jours.
Et pour les fans de Potter, cette précision: «La mandragore est une plante réelle, sauf qu’elle ne hurle pas quand on la déracine.»
François Othenin-Girard
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