Publié le: 5 septembre 2025

Échanges: la pression totale

GUERRE – Le commerce international n’est pas un jeu à somme nulle, mais crée de la prospérité pour les deux parties. Alors que les grandes puissances optent pour l’isolationnisme, les PME suisses sont confrontées à des défis majeurs. Il faut augmenter la productivité et diversifier les marchés pour s’en sortir.

On ne le soulignera jamais assez: le commerce international n’est pas un jeu à somme nulle, les deux parties en tirent profit. Le demandeur «gagne» parce qu’il a trouvé une offre qui répond de manière optimale à ses besoins. L’offreur «gagne» parce qu’il peut vendre sa production de manière rentable. Le président américain Donald Trump n’est pas le seul à ne pas avoir compris cette logique économique fondamentale. Les milieux de gauche en Suisse tentent depuis des années de contrecarrer le commerce international. Leur dernier coup d’éclat: le dépôt de l’initiative pour des multinationales responsables 2.0. Selon eux, la mondialisation conduirait à davantage de pauvreté, de violations des droits humains et de dommages à l’environnement. Sans mentionner le fait que, grâce à la division internationale du travail, des centaines de millions de personnes sont sorties de la pauvreté au cours des trente dernières années. Pour que le monde se rétablisse, nous n’avons pas besoin de moins, mais de plus de commerce international.

Rivalité systémique

La guerre commerciale déclenchée par les États-Unis est l’expression de la rivalité systémique qui oppose depuis une vingtaine d’années les États-Unis et la Chine. On parle ainsi depuis longtemps déjà d’un découplage des deux espaces économiques. De nombreuses grandes entreprises ont adapté leur modèle commercial et mis en place des chaînes d’approvisionnement indépendantes les unes des autres pour minimiser les risques géopolitiques: une pour la Chine et une pour les États-Unis et l’Europe.

La localisation de la production dans les grands marchés consommateurs tels que la Chine, plutôt que l’exportation depuis l’Europe ou les États-Unis, présente plusieurs avantages: elle permet d’être plus proche des clients, de respecter plus facilement les interdictions de transfert de technologie et d’éliminer les fluctuations des taux de change pour de nombreux coûts. La nouveauté dans cette situation est qu’une entreprise multinationale a désormais besoin non pas de deux, mais de trois chaînes de valeur largement autonomes: les États-Unis et l’Europe s’éloignent l’un de l’autre et obligent à revoir la stratégie d’approvisionnement et de production.

Solutions pour les PME

Pour pouvoir construire au moins trois sites de production, une entreprise doit atteindre une certaine taille. Ce n’est généralement pas le cas des PME orientées vers l’exportation, qui ne peuvent que rarement approvisionner leurs clients au niveau local. Dans le cas du marché américain, la concurrence locale s’intensifie, les consommateurs américains se tournant vers des produits américains ou préférant des marchandises étrangères provenant d’un pays où les droits de douane sont moins élevés qu’en Suisse. Mais l’éviction des PME suisses du marché américain a aussi ses limites: premièrement, pour les produits à forte marge brute – par exemple dans le segment du luxe –, le prix d’achat, y compris la surtaxe douanière de 39%, ne représente souvent qu’une fraction du prix de vente. Ce dernier réagit par une augmentation bien inférieure à 39%. La réduction de la marge brute de l’acheteur américain peut même compenser entièrement la majoration de prix. Deuxièmement, une partie des consommateurs américains sera toujours prête à payer plus cher pour des produits suisses uniques.

La situation est plus difficile pour la majorité des PME qui opèrent avec de faibles marges dans un environnement très concurrentiel. Elles doivent gagner en efficacité, investir davantage dans l’automatisation et lancer des programmes de réduction des coûts. Elles doivent diversifier activement leurs exportations. Grâce à la ténacité et à l’habileté de nos diplomates, la Suisse dispose du réseau d’accords de libre-échange probablement le plus dense au monde. Aujourd’hui déjà, on peut exporter vers plus de 75 pays avec un taux préférentiel ou un taux zéro.

Revitalisation nécessaire

L’économie devra augmenter considérablement sa productivité. L’État peut y contribuer en supprimant ou en simplifiant la règlementation, les impôts et les taxes. La Suisse peut décider de ces mesures de manière autonome et ne peut se heurter qu’à ses propres obstacles politiques. L’usam demande donc un programme de revitalisation (cf. page 1) afin de compenser au moins en partie les effets des bouleversements géopolitiques.

Patrick DĂĽmmler, usam

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