Publié le: 27 octobre 2025

Initiative destructrice des Jeunes Socialistes: trop extrême, même pour l’Union syndicale suisse

VOTATION – L’initiative des Jeunes Socialistes instaurant un gigantesque impôt sur les successions est trop radicale, même pour l’Union syndicale suisse. Elle a décidé de manière très énigmatique de laisser la liberté de vote. En fait, elle craint probablement des pertes d’emplois.

L’initiative destructrice des Jeunes Socialistes instaurant un impôt désastreux sur les successions ne reçoit pas que des échos positifs, même dans le camp de la gauche. L’Union syndicale suisse (USS) a décidé de laisser la liberté de vote à ce sujet. Ce qui est intéressant, c’est que cela n’a pas fait l’objet d’un communiqué de presse de l’USS. Mais d’une note en marge d’un article paru jeudi dans le journal syndical «work».

La justification de la liberté de vote y est évoquée de manière totalement énigmatique. On sent que chaque terme a été pesé plusieurs fois pour ne pas froisser les camarades du PS, des Verts et de la Jeunesse socialiste. L’USS partage les préoccupations centrales de l’initiative de la Jeunesse socialiste: une répartition plus juste des richesses et une transformation «écologique» – en réalité écosocialiste – de l’économie, indique-t-elle. «Elle remet toutefois en question la faisabilité concrète de l’initiative et ses répercussions possibles sur les salaires et l’emploi.»

En résumé, cela signifie que l’Union syndicale suisse avoue en catimini qu’elle craint les effets négatifs de l’idée dévastatrice des socialistes pour les travailleurs et l’emploi en Suisse. C’est déjà ça. Mais on pourrait aussi critiquer plus sévèrement l’USS: en ne prenant pas explicitement position contre l’initiative destructrice des Jeunes Socialistes, cette prétendue représentante des travailleuses et travailleurs s’accommode docilement de pertes massives d’emplois. Car cette initiative extrêmement radicale de la gauche, qui sera soumise au vote le 30 novembre, entraînerait la liquidation de nombreuses entreprises familiales locales. Cela ne nuirait pas seulement aux «riches», mais à toutes les entreprises tout au long de la chaîne de valeur – jusqu’aux plus petites PME qui les fournissent. Il en résulterait d’énormes pertes fiscales. Et ce seraient les PME et la classe moyenne – mais aussi les travailleuses et travailleurs, dont beaucoup perdraient leur emploi – qui en feraient les frais.

Esprits frères

Plus encore: comme l’USS soutient explicitement la «transformation écologique de l’économie» – il s’agit en fait d’une revendication visant à abolir le capitalisme – elle accorde au moins autant d’importance aux questions climatiques et systémiques qu’aux intérêts des travailleuses et travailleurs. Ces derniers ne sont donc pas sa priorité absolue, contrairement à ce qu’elle prétend. Même les responsables syndicaux semblent en être conscients: après une telle restructuration du système, tout le monde serait finalement plus pauvre, en particulier les travailleuses et travailleurs.

Nous attendons dès à présent avec impatience les gros titres du «Tages-Anzeiger», du «Blick» et bien sûr de la «SRF»: «Zizanie dans le camp de la gauche» ou «Initiative des Jeunes socialistes: trop radicale, même pour l’Union syndicale suisse». Ce ton serait prévisible s’il y avait un désaccord au sein du camp bourgeois. Mais dans le cas présent, cela n’arrivera probablement jamais. Car le PS, les Verts, les syndicats et une partie du paysage médiatique sont des esprits frères. L’Union syndicale suisse tient à ce que sa liberté de vote passe sous le radar. Et certains médias devraient l’y aider. Sinon, comment pourraient-ils continuer à s’engager de toutes leurs forces en faveur de l’initiative des Jeunes Socialistes?

Rolf Hug (traduit de l'article en allemand)

Site Internet de la campagne contre l'initiative destructrice des JS

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