La coopérative Fical fut fondée il y a huit décennies à l’initiative des marchands de radio-TV qui souhaitaient à l’époque regrouper leurs achats. Elle est aujourd’hui basée à Neuenhof dans le canton d’Argovie. Jean-Pascal Grec la préside et il a accepté de nous en dire un peu plus sur cette structure peu connue du grand public. Ce Romand est par ailleurs à la tête d’un groupe d’entreprises spécialisées dans le domaine de la sécurité des biens et des personnes à Lonay.
Actuellement, Fical offre des solutions de financement pour le commerce spécialisé dans de nombreux secteurs: «Nous soutenons les PME et artisans suisses dans le développement de leurs activités grâce à des solutions de financement simples et éthiques», précise le site Internet. L’équipe de huit personnes est dirigée par Danilo Rossi et le board se compose de cinq personnalités, dont Céline Amaudruz, conseillère nationale (UDC/GE).
Quelle a été votre trajectoire avant d’entrer dans le monde de la sécurité?
J’ai effectué un apprentissage d’électronicien suivi d’un premier emploi chez Kudelski. Ensuite à 22 ans, en 1992, j’ai décidé de lancer ma propre entreprise dans le domaine des installations d’alarme. Ce fut Securex: nous faisions de la gestion intégrée avec le contrôle d’accès, les alarmes et les vidéos, le tout était interconnecté et aboutissait sur un seul écran. Techniquement, c’était la pointe, nous étions les seuls à utiliser un logiciel américain spécialisé. Depuis, nous nous sommes développés tous azimuts: le groupe Global-Securite.ch réunit tous les métiers et compétences nécessaires et compte désormais 14 sociétés. Nos 700 collaborateurs sont actifs dans toute la Suisse en assurant principalement la sécurité des biens et des personnes.
Dans quelles circonstances avez-vous décidé de vous engager pour Fical?
J’ai découvert Fical il y a une quinzaine d’années, via l’opérationnel dans mes entreprises de sécurité. Je souhaitais pouvoir offrir à mes clients la possibilité de payer leur installation par mensualités. C’est un des secteurs dans lesquels le coût initial des installations incite de nombreux clients à recourir à un financement qui permet de rendre l’investissement plus digeste.
Comment cette coopérative s’est-elle développée au fil des époques depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale?
Au départ, il s’agissait d’une simple coopérative d’achat, mise sur pied par les vendeurs de radio, puis de TV dans les années septante. Des objets coûteux que la clientèle pouvait acquérir plus facilement en payant la facture par mensualités. Plus tard, Xerox l’a mis en pratique avec les photocopieuses. Logiquement, durant les trente glorieuses, toute la bureautique a suivi le mouvement, puis d’autres secteurs se sont impliqués. Reste qu’à la base, ce sont donc des vendeurs qui ont investi des fonds dans Fical afin de développer un instrument de financement original. Aujourd’hui, la coopérative se compose d’une cinquantaine de marchands. Nous sommes toujours autonomes, dans notre organisation et notre financement.
Quels sont les secteurs représentés actuellement?
Une grande diversité prédomine: nous avons mentionné la bureautique et la sécurité, l’industrie et l’artisanat, les véhicules, les systèmes de caisse, les appareils ménagers. En plus de cela, on y trouve le domaine des instruments de musique, les pianos en particulier. Le secteur que nous appelons «beauty» comprend des installations et des équipements pour le secteur des instituts de beauté. Plus récemment, les branches vertes sont apparues: les vélos et motocycles électriques, puis les panneaux solaires sont venus s’ajouter à la liste.
Des projets en développement?
Aujourd’hui, nous essayons de développer cette démarche en l’étendant à d’autres secteurs. Par exemple, dans le domaine de la formation, nous permettons à des personnes qui souhaitent devenir des traders de rembourser progressivement leur investissement dans cette filière. Une autre piste qui se développe est l’art. Nous fournissons des financements pour l’acquisition de sculptures et de peinture. En bref, nous visons tous les domaines dans lesquels des entrepreneurs cherchent à développer leur activité de vente. Mais nous recherchons surtout des secteurs porteurs d’avenir et des marchands solides.
Comment évaluez-vous cette solidité chez vos partenaires?
Les commerçants doivent démontrer leur capacité à grandir à l’aide de quelques critères de base. Nous regardons leurs comptes et ils doivent avoir au minimum deux années d’activité. Nous leur rendons visite lors d’une enquête de proximité et rencontrons quelques-uns de leurs clients.
Quelle est en gros la fourchette des prêts consentis et comment se déroule la procédure?
Nous finançons des contrats de location ou de leasing entre 2000 et 30’000 francs environ. La procédure est simple: le client choisit le produit et le commerçant conclut un contrat dont nous validons préalablement le contenu. Le commerçant nous envoie le contrat et nous lui versons le montant en question. Puis, le client paie à Fical les mensualités. Nous assurons l’administration et l’encaissement des contrats. Notre portail permet aux commerçants d’avoir une visibilité en tout temps sur le remboursement, ce qui est important, car ils restent au final responsables du contrat. Nos solutions sont flexibles et sûres et permettent aux vendeurs de développer leur activité en leur garantissant les liquidités nécessaires.
François Othenin-Girard
www.fical.ch/fr