La branche se caractérise par une très grande diversité. «Le nombre d’acteurs régionaux et indépendants est très impressionnant et montre que notre métier continue de reposer sur les contacts personnels et la présence régionale», explique Christian Sohm, directeur de Swisscofel. Les progrès dans le secteur des fruits et légumes sont omniprésents: les exploitations ont tendance à s’agrandir, mais leur nombre diminue. «La pression économique s’est considérablement accrue ces dernières années suite à la pandémie et accélère les collaborations, les spécialisations et les fusions. La proximité avec l’agriculture est très marquée dans notre secteur. Les produits que nous commercialisons et transformons nécessitent une bonne compréhension des processus de culture pour être couronnés de succès. Ils exigent un haut niveau d’expertise, qu’il s’agisse de produits nationaux ou étrangers.»
Le besoin croissant de s’alimenter sainement favorise le marché des légumes et les ventes évoluent donc positivement, notamment en termes de quantité. «Nous relevons cette année une attention accrue portée à la question des prix. Ces derniers ont eu tendance à baisser dans le commerce de détail au cours des trois dernières années», observe-t-il. «Dans les pays voisins, les prix augmentent, ce qui conduit à une situation absurde: les fruits, légumes et pommes de terre coûtent plus cher dans le sud de la France qu’ici.»
Et pourtant, les «prix élevés des denrées alimentaires» en Suisse font régulièrement l’objet de critiques et entraînent diverses pressions. Ce qui laisse des traces: «Les négociations sont de plus en plus intenses et difficiles, et il arrive malheureusement que nous ne parvenions plus à nous mettre d’accord.»
«Les négociations sont de plus en plus intenses et difficiles.»
Christian Sohm est un directeur sortant. Il rejoindra le groupe Forster le 1er mars 2026 en tant que responsable du développement de l’entreprise. Il est toutefois convaincu qu’avec le soutien de l’association, un accord sera possible à l’avenir. «Le secteur des fruits, des légumes et des pommes de terre parvient toujours à s’asseoir à la table des négociations, à mener des discussions difficiles et à trouver des solutions. Sans grande polémique, mais en se basant sur des faits», souligne-t-il. «En tant que secteur, nous pouvons en être fiers.» Le secteur a besoin d’une règlementation des importations adaptée à la pratique. Les membres peuvent compter sur une équipe d’experts chevronnés au sein de Swisscofel et chez les producteurs.
Durabilité et rentabilité: équilibre
En revanche, la situation se complique lorsque les milieux politiques veulent s’immiscer dans des questions aussi spécifiques. «Le système dans lequel nous vivons depuis des années est bon, mais aussi complexe. Il faut une certaine expertise pour en comprendre les tenants et les aboutissants.» La communication et le respect mutuel des partenaires commerciaux sont indispensables pour réussir.
Depuis des décennies, la branche parvient à approvisionner le marché de manière constante, à relever les défis et à réagir de manière adéquate. «Nous devons toutefois continuer à disposer de suffisamment de terres cultivables pour permettre une production adéquate.» Cette année a été une bonne, voire très bonne année pour les récoltes: «Nous tablons sur un très bon approvisionnement du marché.»
Bien sûr, la branche ressent les effets du changement climatique. Elle cherche des réponses à ce problème en collaboration avec ses partenaires. «Nous testons en permanence de nouvelles variétés qui promettent une meilleure tolérance aux conditions météorologiques extrêmes, aux parasites et aux maladies, et nous participons aux discussions.»
L’association s’engage également en faveur d’une approche équilibrée pour réduire l’utilisation de produits phytosanitaires ou d’engrais. «La nécessité d’une réduction est compréhensible, mais il faut trouver le juste équilibre pour pouvoir continuer à produire en quantités suffisantes», souligne-t-il. Le secteur accorde une grande importance à l’équilibre entre la durabilité écologique et la rentabilité. «Par définition, la durabilité n’est possible que si les trois piliers – écologie, économie et social – sont gérés et traités», précise Christian Sohm. «Ainsi, si la culture de certains produits est écologiquement judicieuse, mais n’est plus viable économiquement, elle disparaîtra et ne sera donc plus durable.»
«Nos prix de vente ont eu tendance à baisser dans le commerce de détail au cours des trois dernières années.»
Le véritable défi consiste selon lui à considérer les choses dans leur globalité, à les évaluer et à prendre des décisions. Pour Swisscofel, la réduction du gaspillage alimentaire est l’un des thèmes les plus importants en lien avec le développement durable de la branche. L’association mène actuellement plusieurs projets visant à valoriser les excédents et les flux secondaires et est très active sur le terrain et dans plusieurs instances. «Nous nous engageons dans ce sens dans le cadre du plan d’action contre le gaspillage alimentaire de l’Ofev. Il nous tient particulièrement à cœur de parvenir à aborder les problèmes de manière intersectorielle et à les résoudre ensemble.»
Le secteur est pionnier en matière de labels durables et précurseur dans le domaine biologique. Le directeur attribue cela au fait que la branche est très bien placée pour capter rapidement les tendances et les exploiter. «Comme nos produits sont très souvent consommés crus et directement, nous affichons l’une des parts bio les plus élevées de tous les groupes de produits.» Selon lui, le potentiel des produits labellisés reste élevé. «La consommation continue d’afficher une forte demande pour des prestations supplémentaires en matière de durabilité, et les consommateurs sont prêts à payer le supplément de prix correspondant.»
Le secteur s’engage également dans la formation continue et propose à ses membres principalement des cours spécialisés – connaissance des produits, contrôle qualité, importation, certifications et sécurité alimentaire. «Nous complétons ces cours par des formations génériques sur la durabilité, la gestion du personnel ou d’autres thèmes spécifiques, également à la demande de nos membres.» L’offre est hybride, c’est-à -dire qu’elle combine de manière équilibrée des formations en ligne, des webinaires et des cours en présentiel, afin de s’adapter au quotidien des PME. L’objectif principal est de donner aux nouveaux arrivants un premier aperçu des produits le plus rapidement possible et de leur fournir des informations importantes.
Égalité des chances entre le commerce et l’agriculture
Swisscofel est aussi active au niveau politique. L’association participe activement aux consultations qui concernent ses membres et s’engage fortement par le biais de son affiliation à d’autres organisations. Le thème général qui préoccupe ses membres est «l’égalité des chances pour l’artisanat et l’agriculture», que ce soit dans le domaine du droit du travail, de l’aménagement du territoire, du droit alimentaire ou dans de nombreux autres domaines. «Nous nous occupons de tous les domaines politiques qui ont un impact direct sur nos membres. L’accent est clairement mis sur l’agriculture, la sécurité alimentaire et la politique environnementale, ainsi que sur les questions liées à l’importation et à l’exportation», explique Christian Sohm. La branche demande aux responsables politiques de mettre en place un approvisionnement électrique à long terme afin de garantir la sécurité de l’approvisionnement. Parmi les principaux défis figurent l’inflation et la guerre des prix. «Nos produits sont très demandés. Mais nous devons parvenir à augmenter à nouveau leur valeur. Il n’est pas acceptable que nos produits soient les moins chers du magasin.» Ce rôle important de trait d’union entre différents groupes de membres (marché intérieur et importation, commerce de gros et de détail) ou entre les entreprises du secteur et la production, permet de garantir des solutions viables et durables.Corinne Remund
www.swisscofel.ch/fr
COUP DE PROJECTEUR
Trouver des solutions et créer le consensus
SWISSCOFEL est née du besoin des négociants en fruits, légumes et pommes de terre de pouvoir défendre leurs intérêts spécifiques au sein d’une association qui leur est propre. En termes simples, les départements commerciaux des organisations sectorielles dans le domaine des fruits, légumes et pommes de terre se sont rendus indépendants afin de pouvoir défendre leurs intérêts de manière autonome et concertée à l’avenir.
La tâche la plus importante de l’association est sans doute son rôle dans la règlementation des importations, grâce auquel l’association veille à ce que ses membres puissent garantir un approvisionnement optimal du marché. Il s’agit principalement, pendant la saison locale, de pouvoir compléter à tout moment le marché avec les quantités importées nécessaires sans devoir payer de droits de douane élevés. Le suivi du processus politique ainsi que la participation aux consultations et aux discussions vont de soi. Dans ce domaine également, l’association s’efforce de jouer un rôle de médiatrice entre les différents pôles afin de trouver des solutions consensuelles et satisfaisantes. Compte tenu de la structure de ses membres, il est rare de trouver des positions claires. En outre, l’association offre à ses membres une large gamme de services tels que des cours de formation et de perfectionnement, des clarifications et des conseils de toutes sortes et, enfin et surtout, des événements qui favorisent les échanges et le réseautage.
Actuellement, l’association compte environ 140 membres actifs et une vingtaine de membres passifs issus de secteurs liés à l’industrie. Les membres vont des grandes entreprises de commerce de détail et des groupes agricoles aux petites entreprises commerciales régionales spécialisées dans les fruits, les légumes et les pommes de terre. La grande majorité des membres sont des PME et des petites entreprises. Les membres génèrent au total un chiffre d’affaires d’environ 5 milliards de francs suisses.CR