Publié le: 4 novembre 2022

Attentif aux retournements

dixi polytool – Marc Schuler, directeur de ce fleuron basé au Locle, évoque la marche des affaires dans un monde bousculé. Comment investir et comment recruter. Le leader pour les outils de coupe de précision dévoile pour le JAM les recettes appliquées pour sauver de précieuses ressources énergétiques.

JAM: Comment évaluez-vous la marche des affaires actuellement selon les différents produits et marchés?

Marc Schuler: À ce jour, notre marche des affaires est excellente et ce à travers tous les secteurs d’activité et région géographique. Pour la Suisse, le secteur horloger est particulièrement en verve. Peut-être observe-t-on un léger fléchissement dans la Vallée de l’Arve, dont le décolletage est très dépendant du secteur automobile.

À noter toutefois qu’avec le consommable, les retournements de marchés peuvent être très rapides. Nos propres cycles de réserve d’affaires s’élèvent à quatre ou cinq semaines au maximum. Mais ce n’est pas spécifique à cette période, c’est toujours ainsi.

Quelle est votre perception de l’évolution de la situation au cours des prochains semestres?

Les indicateurs sont franchement mauvais. La seule question est de savoir à quel moment cela va le devenir. Et c’est valable autant en Suisse qu’au niveau international, mais cela affecte tout particulièrement la zone euro et le Royaume-Uni.

Les effets cumulés de l’inflation élevée, de la très forte hausse de taux d’intérêts, des incertitudes énergétiques ainsi que les énormes pressions géopolitiques ne sont guère favorables au développement de la consommation privée. Ce qui se répercutera de toute façon sur tous les autres secteurs. Notre perception est au mieux prudente pour 2023, mais de manière réaliste, il faut plutôt compter avec un net refroidissement.

Qu’observe-t-on dans les salons professionnels, qu’est-ce qui vous a frappé?

En 2022, la dynamique dans les salons était fantastique: du jamais vu depuis de très nombreuses années! La pandémie avait totalement refermé ce secteur de promotion de produits. L’enthousiasme de se retrouver de manière physique était manifeste. Ainsi, les fréquentations ont été très bonnes. En tout cas il semble, selon l’expérience qui a été la nôtre en 2022, que les salons virtuels en ligne risquent d’avoir de la peine à se développer à court et moyen terme.

Est-ce le moment d’investir? Avez-vous des nouveaux projets dont vous pourriez nous parler?

C’est toujours le temps d’investir: en effet le but est de faire avancer une entreprise soit via de l’investissement d’expansion, soit par le biais d’investissements de remplacement et de rationalisation. C’est-à-dire de l’automatisation, de la robotisation ou autre. Ainsi, quel que soit le cycle conjoncturel, l’investissement ne peut être négligé, sous peine de devoir par la suite passer par une phase d’investissements de rattrapage.

Si dans les mois à venir, le cycle conjoncturel devait basculer négativement, les investissements de rationalisation resteront absolument indispensables. Cette dernière année, l’investissement s’est avéré compliqué et ce particulièrement en termes de délais. Chez certains de nos partenaires machines, l’on arrivait quasiment à un an de délai. Une situation qui était souvent liée à un manque de composants.

Collaborateurs: comment trouvez-vous des talents? Est-ce difficile et que faites-vous?

C’est une thématique actuellement compliquée comme chez quasi tous nos confrères. Néanmoins, en pouvant montrer une entreprise dynamique, résolument tournée vers l’avenir et qui profite de nombreux investissements, nous rassurons des candidats potentiels.

En parallèle, nous sommes également très investis dans la formation notamment en formant de nombreux apprentis – mécaniciens, polymécaniciens, dessinateurs, informaticiens, logisticiens, employés de commerce – et en offrant diverses possibilités de stage. Dixi Polytool s’est également fait certifié «Fair on Pay», ce qui est un gage pour des candidats potentiels d’être traités de manière équitable à travers toutes les fonctions.

La société change. Les RH aussi?

Nous devons également nous ouvrir aux nouveaux modèles de travail voulus, en particulier, par la jeune génération. Notamment être à l’écoute et valider des postes de travail entre 70 et 80 % de taux d’activité. Ces modèles ne se limitent désormais plus uniquement au personnel féminin, mais touchent aussi les hommes. Ils commencent même à atteindre les sphères dirigeantes.

Interview: François Othenin-Girard

coup de projecteur: les mesures prises par dixi polytool au locle«J’espère que les gens jouent le jeu dans leur vie privée!»

Ce sont les premières questions que nous avons posées à Marc Schuler, Managing Director (directeur opérationnel) de Dixi Polytool au Locle: êtes-vous impacté par la crise énergétique qui s’annonce, quelles mesures avez-vous déjà prises et lesquelles envisagez-vous de prendre?

Sa réponse est nette. «Oui, en effet le côté énergétique est devenu LA discussion et préoccupation du moment. Chez Dixi Polytool, nous sommes engagés dans un processus de sensibilisation écologique depuis plusieurs années déjà et nous nous sommes même entourés d’un conseiller afin d’atteindre à terme la neutralité carbone, indique le directeur. Malheureusement, la période Covid n’a guère été propice pour avancer sur de tels dossiers, mais la crise électrique et gazière se répandant, nous avons pu facilement remettre en place les équipes.»

«J’espère que les gens jouent

le jeu dans leur vie privée!»

Avancer sur ces questions, c’est prendre de l’avance pour l’avenir. Et permettre une sensibilisation plus large que ce qui a trait à l’activité de l’entreprise. «Certaines mesures sont avant tout là pour un impact psychologique, en espérant que les gens joueront aussi le jeu dans leur vie privée, relève Marc Schuler. D’autres ont un impact immédiat et certaines seront opérationnelles d’ici neuf à douze mois. Le côté positif (le seul d’ailleurs) étant que quel que soit le prix futur de l’énergie, la plupart de ces mesures seront des acquis.»

• À bout touchant pour l’acquisition d’une station photovoltaïque qui devrait couvrir environ 25 % de notre consommation d’électricité. À noter que notre démarche écoresponsable nous pousse clairement à opter pour une solution de panneaux CH et non pas issus de Chine

• Le personnel a été informé que le chauffage serait bloqué au maximum à 19 °C et ce tant au niveau de la production que des bureaux.

• Durant les deux semaines de fermeture, cette température sera abaissée à maxi 12 °C.

• Les éclairages au niveau Groupe seront passés à 100 % LED. C’est déjà presque le cas.

• Les éclairages seront sectionnés. Ceci permettra de limiter le nombre de lampes allumées au strict minimum.

• Des essais en «fine tuning» sont actuellement en cours pour réduire le volume de climatisation et de changement d’air par heure. Un conseiller nous entoure aussi à cet égard.

• À l’étage, en zone bureau, arrêt complet de la climatisation et du changement d’air toutes les nuits, en plus du samedi et du dimanche.

• Chauffages d’appoints interdits dans toute l’usine.

• Réduction du temps d’ouverture de la machine à laver centrale. Fermeture nocturne et le dimanche.

• Changement du compresseur d’air ainsi que de toute sa distribution afin de réduire les pertes actuelles ainsi qu’un ajustement aux nouvelles normes.

• L’ancien groupe froid sera arrêté d’ici fin Q1 2023.

• Analyse actuelle des niveaux de température de l’eau de refroidissement pour permettre de réduire la consommation d’énergie.

• Actuellement, toutes nos machines sont en passe d’être mises en «hors activité» dès que l’arrêt dépasse les 30 minutes. Cela peut être réalisé dans les commandes numériques et pour tous les équipements périphériques comme la filtration d’air et d’huile.

• Diverses analyses en cours pour des économies énergétiques possibles dans la «salle serveurs infos».

• Réduction des corps chauffants et suppressions des frigos individuels dans l’atelier. Les gens devront passer par deux frigo AAA+ dans un lieu centralisé.

• Mandat en cours avec un conseiller pour la reprise des calories dégagées par les machines. Cela devrait prendre au minimum de neuf à douze mois.

• Mise en place des scénarios les moins impactants pour l’entreprise en cas de rationnement électrique ou de délestage.

• Enseigne lumineuse éteinte.

• Des communications régulières pour le personnel sont prévues afin qu’un maximum de personnes adhère aux mesures prises.(FOG)

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