Publié le: 4 novembre 2022

Briser l’élan de la gauche et des Verts

FABIO REGAZZI – Les organisations faîtières nationales de l’économie et de l’agriculture lancent une «campagne de soutien» commune en vue des élections de 2023. «Nous voulons renforcer l’esprit d’entreprise dans la politique fédérale», explique le président de l’usam.

JAM: Pourquoi s’engager davantage en vue des élections fédérales?

Fabio Regazzi: L’usam se bat pour une politique favorable aux PME. Pour réussir, il faut respecter la répartition des tâches entre l’État et le privé. Certains domaines politiques relèvent de la responsabilité de l’État. D’autres peuvent s’en passer, dès que le secteur privé peut apporter ses solutions. La responsabilité individuelle prime toujours sur l’action de l’État. Or, ce concept est de plus en plus menacé par la gauche et les Verts. Ces derniers veulent toujours plus d’État et de réglementation, moins de responsabilité individuelle. Nous nous sommes unis pour nous y opposer.

En quoi cette alliance des faîtières est-elle nécessaire?

Nous sommes plus forts ensemble. Nous voulons à nouveau renforcer l’esprit d’entreprise dans la politique fédérale. La voix de l’économie doit retrouver plus de poids dans le discours politique. En unissant le camp bourgeois, nous pouvons briser le dogmatisme et la souveraineté de la gauche et des Verts. Je suis convaincu qu’il est possible d’y parvenir: nous l’avons prouvé en remportant la votation sur AVS21. Donc nous pouvons remporter des victoires sur des thèmes dits «de gauche», où on pense souvent et à tort que la gauche et les Verts vont l’emporter.

Le but est aussi de sensibiliser aux thèmes économiques en général?

Oui, car nous sommes tous des acteurs économiques. Nous gagnons notre vie, consommons et payons des impôts pour financer l’État social. La prospérité ne peut être atteinte qu’avec une économie saine. L’attitude de la gauche et des Verts, selon laquelle «l’économie» est un mal, est déconnectée de la réalité. Cela divise la société et nous ne pouvons pas nous le permettre.

Quel est le plus important dossier des élections fédérales?

La réforme du deuxième pilier de la prévoyance vieillesse. Il y a là une urgence qui n’est même pas contestée par la gauche. Le Parlement doit élaborer cette réforme le plus vite possible. Il faut recueillir une majorité sur un projet proposant des correctifs modérés et qui n’écrase pas davantage la place économique suisse. Pour financer cette réforme, l’usam se prononce résolument contre des prélèvement supplémentaires sur les salaires. Les solutions en matière de prévoyance vieillesse doivent être acceptables à la fois pour l’économie et la société.

«pour financer la réforme du deuxième pilier, l’usam s’opposera aux prélèvements en plus sur les salaires.»

Quels sont les autres défis pour la Suisse?

L’attractivité fiscale de notre pays diminue. Il y a aussi un endettement public qui reste élevé. Suite à la pandémie, l’endettement de l’État et de certaines institutions sociales a explosé. Les réformes structurelles qui devaient stimuler la croissance économique n’ont pas eu lieu. Mais surtout, il faut réduire les coûts de la réglementation pour les PME. L’usam se bat depuis longtemps dans ce sens et recueille un fort soutien de ses organisations partenaires.

«L’usam s’engagera pour que l’impôt minimum de l’ocde ne soit jamais appliqué aux PME.»

En soulageant les entreprises des coûts réglementaires, c’est comme si on lançait un programme de croissance. On leur permet de libérer des moyens financiers et des capacités. Par ailleurs, nous subissons une pression croissante de l’étranger. L’impôt minimum de l’OCDE en est un exemple. L’usam s’engagera pour que cet impôt ne soit jamais appliqué aux PME.

Pour toutes ces raisons, il est temps de se remettre à penser en termes d’économie et d’entreprise, même en politique. Si le moteur de notre prospérité tombe en panne, toute la société souffre.

Interview: sgz / adaptation JAM

www.perspectivesuisse.ch

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