Publié le: 7 octobre 2022

«Brisons la souveraineté de la gauche et des verts!»

FABIO REGAZZI – Les organisations faîtières nationales de l’économie et de l’agriculture lancent une «campagne de soutien» commune en vue des élections de 2023. «Nous voulons à nouveau renforcer l’esprit d’entreprise dans la politique fédérale», explique le président de l’usam.

Journal des arts et métiers: L’Union suisse des arts et métiers (usam), economiesuisse, l’Union patronale et l’Union suisse des paysans souhaitent s’engager davantage en vue des élections fédérales. Pour quelle raison?

Fabio Regazzi: L’usam se bat pour une politique favorable aux entreprises et surtout aux PME. Pour réussir, il faut respecter le principe le plus important: la répartition des tâches sur le long terme entre l’Etat et le privé. Certains domaines politiques relèvent de la responsabilité de l’État. D’autres peuvent s’en passer, dès que le secteur privé peut apporter ses solutions. En politique réglementaire, la responsabilité individuelle prime toujours sur l’action de l’État. Or ce concept de politique réglementaire est de plus en plus menacé par l’agenda politique de la gauche et des Verts. Ces derniers veulent toujours plus d’État et de réglementation, moins de responsabilité individuelle. Nous nous sommes unis pour nous y opposer.

Et en quoi cette alliance est-elle nécessaire?

Nous sommes plus forts ensemble. Nous voulons à nouveau renforcer l’esprit d’entreprise dans la politique fédérale. La voix de l’économie doit retrouver plus de poids dans le discours politique. En unissant le camp bourgeois, nous pouvons briser le dogmatisme et la souveraineté de la gauche et des Verts. Au fait, je suis convaincu qu’il est possible d’y parvenir. Nous l’avons prouvé en remportant la votation sur AVS21. Cet exemple montre aussi que nous pouvons remporter des victoires sur des thèmes dits «de gauche», c’est-à-dire ceux sur lesquels on pense souvent que la gauche et les Verts font autorité.

L’alliance a-t-elle aussi pour but de sensibiliser aux thèmes économiques en général?

Oui, bien sûr. Après tout, nous sommes tous des acteurs économiques. Nous gagnons tous notre vie, nous consommons et payons des impôts pour financer notre État social. C’est ce qui conduit à la prospérité, et nous ne l’obtenons qu’avec une économie saine – et tous ensemble. L’attitude de la gauche et des Verts, selon laquelle «l’économie» est un mal, est déconnectée de la réalité et contribue à diviser la société. Aujourd’hui, nous ne pouvons pas nous le permettre.

Les élections fédérales n’auront lieu que dans un an environ. Quel est le plus important dossier?

La réforme du deuxième pilier de la prévoyance vieillesse. Il y a là une urgence qui n’est même pas contestée par la gauche. Le Parlement doit élaborer cette réforme le plus vite possible. Il faut recueillir une majorité sur un projet proposant des correctifs modérés et qui n’écrase pas davantage la place économique suisse. Pour financer cette réforme, l’usam se prononce résolument contre des prélèvement supplémentaires sur les salaires. Les solutions en matière de prévoyance vieillesse doivent être acceptables à la fois pour l’économie et la société.

Quels sont les autres défis pour la Suisse ?

L’attractivité fiscale de notre pays diminue depuis quelques années déjà. C’est un fait à ne pas perdre de vue. Il y a aussi un endettement public qui reste élevé. Suite à la pandémie et aux mesures prises, l’endettement de l’État et de certaines institutions sociales a explosé. Les réformes structurelles qui devaient stimuler la croissance économique n’ont pas eu lieu. Mais surtout, il est névralgique de réduire massivement les coûts de la réglementation pour les PME. L’usam se bat depuis longtemps dans ce sens et recueille un fort soutien de ses organisations partenaires. En soulageant les entreprises de ces coûts réglementaires, c’est comme si on lançait un programme de croissance. On leur permet de libérer des moyens financiers et des capacités. Par ailleurs, nous subissons une pression croissante de l’étranger. L’impôt minimum de l’OCDE en est un exemple. L’usam s’engagera pour que cet impôt ne soit jamais appliqué aux PME. Pour toutes ces raisons, il est temps de se remettre à penser en termes d’économie et d’entreprise, même en politique. Si le moteur de notre prospérité tombe en panne, toute la société souffre. Et je ne peux que le répéter: nous sommes tous des acteurs économiques! Ce message doit être entendu par la population, tout particulièrement dans la perspective des élections fédérales, l’année prochaine. Notre alliance y contribue.

Interview: sgz / adaptation JAM

perspectivesuisse.ch

TRAJECTOIRE

Fabio Regazzi est président de l’Union suisse des arts et métiers (usam) et conseiller national (Le Centre/TI). Il est entrepreneur et dirige la société Regazzi SA à Gordola.

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