Un mix énergétique ouvert à toutes les technologies: l'énergie nucléaire reste essentielle pour les PME suisses
Cette crise qui s’éternise...
PRÉSIDENT DE LA CONFÉDEÉRATION GUY PARMELIN – Pendant un certain temps, l’économie pourrait croître à un rythme supérieur à la moyenne, estime le ministre de l’économie. Mais même dans ce cas de figure, l’impact économique de la crise de Corona serait énorme.
Journal des arts et métiers: La crise sanitaire dure depuis bientôt un an. En tant que nouveau président de la Confédération, que pensez-vous de l’état dupays en ce début d’année?
Guy Parmelin: Effectivement, la crise se poursuit, ce qui engendre des difficultés pour de nombreuses personnes. Et je comprends très bien leur désarroi. C’est pourquoi je suis d’autant plus convaincu de l’importance de la solidarité et de la cohésion à petite et à grande échelle: au sein des familles comme des entreprises, et entre les cantons comme entre les régions. Ce n’est qu’en nous unissant et nous soutenant les uns les autres que nous parviendrons à limiter les dégâts.
Que pensez-vous, en tant que chef du DEFR, de l’état actuel de notre économie?
Au premier semestre de l’année dernière, la Suisse a connu une récession historique. En été, les activités ont vite repris grâce au déconfinement relativement rapide et aux mesures de stabilisation, ce qui a permis de préserver le pouvoir d’achat des ménages et la trésorerie des entreprises. Cependant, comme le nombre d’infections est reparti à la hausse ces derniers mois, de nouvelles mesures ont été progressivement prises. Le renforcement des mesures, en particulier la fermeture des commerces, pèse lourdement sur l’économie. Mais ce ralentissement général est aussi dû à la baisse de la conjoncture au niveau international suite aux mesures prises par les autres pays pour lutter contre le virus. C’est pourquoi, pour le premier trimestre 2021, nous devons nous attendre à un recul important du PIB.
Le tourisme, l’hôtellerie et la gastronomie sont frappés durement. Quels sont vos espoirs pour ce secteur?
«Je suis convaincu que l’économie suisse va se redresser comme elle l’a fait lors des crises précédentes.»
Ces activités sont en effet durement frappées en raison des limites imposées aux déplacements internationaux et de la fermeture des restaurants. Nous avons pris différentes mesures au cours de l’année 2020 pour soutenir les secteurs touchés: les crédits Covid-19, l’extension du chômage partiel et les allocations pour perte de gain. Plus récemment, nous avons mis en place des mesures pour les cas de rigueur afin d’apporter un soutien financier direct aux entreprises gravement touchées. Mais n’oublions pas que les restrictions actuelles contribuent à stabiliser la situation épidémiologique. Plus vite celle-ci s’améliorera, plus vite nous pourrons permettre aux secteurs du tourisme et de l’hôtellerie de reprendre leur activité.
Pour l’instant, tous les espoirs sont placés dans les vaccins: est-il réaliste de penser que tous les habitants de notre pays qui voudraient se faire vacciner puissent recevoir deux doses d’ici l’été?
Pour l’instant, oui, cela est réaliste. Mais ni le Conseil fédéral, ni les médecins, ni les scientifiques ne peuvent formuler de promesses, car la Suisse, tout comme les autres pays, est dépendante des producteurs de vaccins. S’ils peuvent respecter les dates de livraison convenues, le programme de vaccination devrait fonctionner. Dans le cas contraire, nous devrons compter avec de légers retards. Et n’oubliez pas de vous laver les mains, de garder vos distances et de respecter les plans de protection, qui restent dans tous les cas en vigueur.
Si nous y parvenons, qu’est-ce que cela signifie pour la suite? La crise sera-t-elle derrière nous?
Nous avons vu l’été dernier que beaucoup de choses redeviennent possibles quand le nombre de cas est faible. Les conditions sont réunies pour que l’économie puisse redémarrer dès que la situation épidémiologique sera stabilisée. Pendant un certain temps, la croissance économique pourrait être supérieure à la moyenne si nous consentons à rattraper notre retard en matière d’investissements et de consommation. Mais l’impact économique de la crise restera énorme dans tous les cas. Ce n’est que vers la fin de 2021 que le PIB de la Suisse pourrait redevenir ce qu’il était avant la crise. Quant au chômage, il devrait rester, en 2022, supérieur à son niveau antérieur. En outre, nous avons encore beaucoup d’incertitudes sur la manière dont la pandémie évoluera. Toutefois, je suis convaincu que l’économie suisse va se redresser rapidement, comme elle l’a fait lors des crises précédentes.
Une interview avec le ministre de l’économie ne saurait faire l’impasse sur le thème de la réglementation. Les coûts de la réglementation s’élèvent à environ 60 milliards de francs par an, soit 10% du PIB. Il y a cinq ans, le Parlement a demandé au Conseil fédéral de créer une autorité indépendante chargée de maîtriser ces coûts. Qui n’existe toujours pas. Pourquoi cela prend-il autant de temps?
Les allégements administratifs sont une question centrale pour le Conseil fédéral. Le 6 décembre 2019, celui-ci a décidé de renforcer l’analyse d’impact de la réglementation (AIR) en édictant de nouvelles directives. L’entrée en vigueur des directives garantira une application rapide et uniforme de l’AIR et renforcera la qualité et l’indépendance des analyses. D’une part, la transparence sur les coûts et l’utilité de la réglementation s’en trouvera augmentée et, d’autre part, des solutions plus pertinentes et plus rentables pourront être développées.
Le Conseil fĂ©dĂ©ral prĂ©pare actuelleÂment un projet de mise en Ĺ“uvre de deux motions qui devrait ĂŞtre mis en consultation dans les prochains mois. L’une des motions charge justeÂment le Conseil fĂ©dĂ©ral d’élaborer un frein Ă la rĂ©glementation.
Si l’on en croit les sondages, la population fait de moins en moins confiance au Conseil fédéral dans sa composition actuelle. En tant que président de la Confédération, comment comptez-vous y remédier?
Il me semble normal, dans une certaine mesure, que la confiance en les autorités subisse des hauts et des bas. Dans l’urgence du premier confinement, le Conseil fédéral a «dirigé» le pays tout seul. Il a alors joui d’une grande confiance. Entre-temps, notre système démocratique et fédéraliste s’est remis en marche. Dans ce contexte, de nouvelles critiques et oppositions se font entendre. Il est inévitable que la confiance s’en trouve affectée. Je pense qu’il nous faut simplement accepter cet état de fait. Ici aussi, nous espérons que les choses rentreront bientôt dans l’ordre.
La crise n’épargne pas non plus la formation. L’usam demande que les écoles professionnelles restent ouvertes et que les cours interentreprises, car il s’agit bien de «travail», aient lieu sur place. Soutenez-vous ce point de vue?
Ces questions sont du ressort des partenaires de la formation professionnelle, de la Confédération, des cantons et des organisations professionnelles. Sous la supervision de l’organe de pilotage «Formation professionnelle 2030», ces partenaires ont convenu d’une approche nationale commune axée principalement sur la formation professionnelle initiale. Des solutions temporaires en faveur de la formation en entreprise n’ont pas été exclues.
Malgré la situation sanitaire, la vie démocratique, les sessions et les votations ont repris leur cours normal. Quelle est votre sentiment sur cette «normalité»?
Tout ce que je peux dire, c’est que le monde continue de tourner. Certes, la situation actuelle conditionne beaucoup de nos activités, et il ne saurait en être autrement. Mais toutes les activités qui se poursuivent en parallèle sont le signe qu’il y aura une période d’après-crise et que la vie se poursuit, malgré toutes les restrictions mises en place dans le monde.
Interview: Gerhard Enggist
Pour quelles raisons le ministre de l’économie Guy Parmelin soutient activement l’accord de libre-échange avec l’Indonésie et comment les PME suisses vont en bénéficier? Lire en page 6.
usam: «FOKUS KMU»
Guy Parmelin reçu sur la chaîne des PME
FOKUS KMU, l’émission de TV pour les entreprises et la société, consacrera son podium de discussion à l’accord de libre-échange avec l’Indonésie. Le président de la Confédération et ministre de l’économie Guy Parmelin, fervent partisan de l’accord, croisera le fer avec le conseiller national zurichois Balthasar Glättli, président du parti des Verts. Dès le 8 février, tous les jours sur les chaînes de télévision privées TeleZüri, Tele M1, TeleBärn, Tele 1 et Tele Ostschweiz, à partir du 15 février également sur TeleZ. Ce débat sera également disponible en ligne à l’adresse suivante:
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