En raison de sa faible réglementation, le marché suisse du travail est considéré comme flexible et donc performant. Ce succès signifie que la Suisse est attrayante pour les entreprises et donc pour les places de travail. Ceci est confirmé par le faible taux de chômage. Mais nous ne pouvons pas encore nous satisfaire de la situation. En Suisse également, il y a trop de gens qui cherchent un travail et n’en trouvent pas, qu’il s’agisse de chômeurs, mais aussi de personnes qui ne sont plus annoncées à l’assurance et qui sont soutenues par l’aide sociale ou des proches. J’estime que ce dernier groupe représente 2% supplémentaires.
Avec le marché du travail,
pas contre lui
Nous devons nous demander pourquoi le marché du travail n’absorbe pas toutes les personnes désireuses de travailler. La question peut être encore mieux formulée: que pouvons-nous faire pour que le marché du travail accueille davantage de monde? Nous ne devrions pas nous plaindre du marché du travail lui-même, ni de ses règles peut-être brutales ou injustes.
«La formation, mais aussi les compétences sociales, revêtent une grande importance.»
Il est beaucoup plus efficace de considérer le marché du travail comme une réalité donnée et de consacrer notre énergie à améliorer les chances de succès des personnes en recherche d’emploi. Nous pouvons même utiliser les lois du marché à notre profit, par exemple en finançant une partie des coûts du travail. Je pense à des journées de découverte, à des stages de courte durée ou à des allocations d’initiation au travail qui permettent à une entreprise d’offrir une phase d’essai à moindre frais, et aux personnes en recherche d’emploi de se faire connaître.
Comment les demandeurs d’emploi atteignent leur but
Le marché du travail a changé et continuera à le faire, car les besoins des entrepreneurs évoluent. Le changement touche non seulement les produits fabriqués et les services proposés, mais aussi les méthodes d’élaboration. Cela pose un défi aux personnes actives aussi, car les travaux simples vont continuer à se raréfier, pour être confiés aux machines, alors que de nouvelles places de travail seront créées pour des personnes bien qualifiées.
Plusieurs facteurs sont décisifs pour retrouver rapidement un emploi. L’un des principaux est certainement la qualification, la formation. Les détenteurs d’un titre professionnel reconnu au niveau fédéral ou d’un titre d’une haute école se retrouvent trois fois moins souvent au chômage que les personnes sans qualification professionnelle.
Cependant, cette formation ne conserve sa valeur que si elle est actualisée régulièrement par des formations continues. Ainsi, une formation commerciale datant de 20 ans se révèle peu utile sans maîtrise de l’informatique actuelle. Outre la formation, les compétences sociales revêtent aussi une grande importance. Il s’agit de qualités touchant par exemple la personnalité, l’esprit d’équipe ou le comportement en général. D’autres facteurs sont la connaissance de la langue usuelle sur le lieu de travail et, le cas échéant, de langues étrangères.
«Nous mettons en œuvre des mesures indépendamment des modalités de financement.»
Naturellement, le salaire exigé est Âaussi un critère déterminant pour l’accès à un poste. Sans oublier le facteur discrimination qui rend la recherche d’un emploi nettement plus difficile pour les étrangers de deuxième génération.
On dit aussi souvent qu’à partir de 50 ans, les chances de trouver un emploi sont très faibles. Cette affirmation est erronée ou ne vaut qu’à certaines conditions. En novembre 2014, le taux de chômage des plus de 50 ans était de 2,7% et celui des jeunes chômeurs de 3,3%. Ce faible taux de chômage des aînés est dû au fait qu’ils deviennent beaucoup moins souvent chômeurs que les jeunes. Mais s’ils se retrouvent sans emploi, il leur faut alors beaucoup plus de temps que les jeunes pour retrouver un poste.
Actuellement en Suisse, la recherche d’emploi des jeunes de moins de 24 ans dure en moyenne 123 jours, contre 364 jours dès 50 ans. Chaque mois, une personne en recherche d’emploi sur douze en moyenne retrouve un travail, mais seulement une personne sur vingt-cinq chez les plus de 50 ans. On peut donc trouver du travail après 50 ans, mais les chances sont nettement plus faibles que chez les jeunes.
Par Hansjürg Dolder, 
chef de l’Office de l’économie 
et du travail de Bâle-Ville