Publié le: 7 juin 2019

Conseil fédéral: «Pas question!»

CONGÉ PATERNITÉ – Une nouvelle expansion de l’État-providence n’est tout simplement pas possible. Les PME et l’usam ont toujours rejeté cette idée. Avec, désormais, le soutien des Sept Sages ...

Notre État providence dévore de plus en plus d’argent. D’importantes institutions de protection sociale sont déjà dans une détresse aiguë ou au bord de la catastrophe. Même la sécurité financière du niveau actuel des prestations exigera d’énormes sacrifices de notre part. Tout observateur responsable en viendra rapidement à la conclusion qu’il n’est plus possible d’accorder un rôle encore plus important à l’Etat.

La gauche, les syndicats et les organisations qui leur sont proches se trouvent dans une situation complètement différente. En particulier dans le domaine de la politique familiale, ils se surpassent constamment pour dénicher de nouvelles exigences. On assiste à une démultiplication des propositions et des ­modèles pour les congés de garde d’enfants avec une grande variété de ­facilités – congé familial, congé de paternité, congé de maternité prolongé, extension de la garde d’enfants en dehors de la famille, prestations supplémentaires pour les ­familles ou allocations familiales ­supérieures. La liste est longue comme un jour sans pain!

Lors de la session de juin en cours, les États se pencheront de manière plus approfondie sur la question du congé de paternité. Une initiative populaire de Travail.Suisse prévoit même l’introduction d’un «congé papa» payé de quatre semaines. Sous la forme d’une contre-proposition indirecte, la Commission de la politique sociale du Conseil des États demande que ce droit soit réduit à deux semaines. C’est déjà trop !

Déjà assez d’absences comme ça

L’usam rejette ces deux propositions. L’introduction du congé de pater­nité rémunéré entraînerait des coûts supplémentaires de plusieurs centaines de millions de francs. Les cotisations salariales devraient être augmentées, les coûts salariaux accessoires augmenteraient à nouveau. Ce n’est juste pas possible!

Plus grave encore que les coûts supplémentaires pour l’industrie: les absences supplémentaires auxquelles les PME devraient faire face. En l’occurence, il y a déjà assez de raisons qui éloignent les jeunes gens de leur activité professionnelle.

Dans le détail: au moins quatre semaines de vacances, du service militaire, de la protection civile, des congé sans solde pour jeunes, de la formation continue, des maladies, des accidents, de congé de soins et de nombreux autres raisons. Disons -le clairement: les absences supplémentaires ne sont plus possibles pour des raisons financières et surtout organisationnelles.

Privation des droits des partenaires sociaux

Il est facile de comprendre que l’initiative populaire pour un congé de paternité de quatre semaines soit soutenue par l’un des deux principaux syndicats de notre pays. Le congé de paternité est un terrain de jeu classique pour les négociations syndicales. Si tout était réglementé par la loi, les syndicats ne seraient plus nécessaires. Travail.Suisse tend à affaiblir le partenariat social tout en se rendant elle-même inutile!

Ce n’est pas une voie souhaitable pour la Suisse.

Il existe des États dont les politiques familiales sont plus généreuses que celles de la Suisse. Le prix à payer, cependant, est généralement une dette nationale massive, un taux de chômage élevé, un manque de perspectives pour les jeunes et de grande prospérité. Ce n’est pas ce que nous souhaitons pour la Suisse.

Le congé de paternité imposé par l’État devrait donc être clairement rejeté. C’est également l’avis du Conseil fédéral, qui demande au Parlement de rejeter à la fois l’initiative populaire et le contre-projet.

Kurt Gfeller, usam

Les plus consultés