Publié le: 4 septembre 2020

Covid-19 et votations: renforcer nos conditions-cadre

Au moment d’écrire ces lignes, je me rends compte que mon propos sera peut-être dépassé à sa publication. C’est le risque avec une situation qui change continuellement comme c’est aujourd’hui le cas avec la crise sanitaire et économique que nous traversons. Je ne peux faire de prédictions, ni rassurer une population légitimement inquiète tant pour sa santé que pour son emploi. Les scénarios des instituts spécialisés sont larges. Après la chute de 6 à 7% en 2020, ils situent le rebond du PIB dans une fourchette de 1% à 7% en 2021. Il faut espérer que la seconde hypothèse soit celle qui se vérifie.

La FER Genève comprend bien que l’on doive maintenir un équilibre entre la maîtrise de la maladie et le maintien des activités économiques. Elle mesure la difficulté de l’exercice mené par les autorités, tout en saluant la façon dont le dispositif a été mis en place, puis amélioré. Les organisations patronales et économiques, l’usam en particulier, ont joué un rôle essentiel pour que les indépendants et dirigeants des PME soient indemnisés.

Une vaste coordination entre les associations économiques, tant au niveau cantonal que fédéral, ainsi qu’avec les autorités, s’est développée et a conduit à la relance de l’économie. Ce dialogue souple autour des mesures visant à éviter une trop forte propagation de la maladie demeure plus que jamais indispensable dans les semaines qui viennent.

Si des secteurs entiers continuaient à demeurer inactifs, cela mettrait également en danger la viabilité de nos institutions. La solution pourrait venir d’un vaccin. Mais il n’est pas attendu avant l’automne dans le meilleur des cas. La Covid-19, aussi douloureuse soit-elle pour les entreprises et l’emploi, devrait demeurer, du moins nous l’espérons, un phénomène temporaire. Fondamentalement, il ne bouleverse pas nos conditions-cadre. Il met le système sous très forte tension, mais il permet de démontrer en comparaison internationale la solidité de nos institutions, de nos finances et de notre économie. C’est pour faire face aux coups durs comme un virus inattendu que le frein aux dépenses existe. Sans lui, il est certain que nous n’aurions pas pu envisager les mesures de compensation financière qui ont été consenties par la Confédération et les cantons pour éviter le chaos économique et social. La Suisse ne se retrouve pas par hasard en tête des pays pour les réponses apportées face à la pandémie. Elle le doit à ce qu’elle a su mettre en place.

Il faut espérer que cette belle réponse ne soit pas remise en question par les votations du mois de septembre dont l’importance est déterminante pour les conditions-cadre de l’économie, PME en tête. Faut-il rappeler, comme la crise nous l’a montré, l’importance de nos échanges avec les pays de l’Union européenne? Pourtant, bien que la démonstration soit faite de l’indispensabilité d’une coordination étroite avec l’UE, l’initiative dite de «limitation», qui vise à mettre fin à la libre circulation des travailleurs, aurait, si elle était adoptée, des conséquences du même type que la Covid-19. Application de la clause guillotine, fin des sept premiers accords qui portent sur le transport routier et aérien, la recherche, l’agriculture, les marchés publics et les obstacles techniques, puis mise en danger de l’ensemble des autres accords et gel de toute évolution.

Petit rappel: la Suisse est certes un client important de l’UE, mais la Suisse y exporte 50% des biens et services qu’elle produit. Bien plus qu’aux Etats-Unis (15%) ou en Chine (5%). Et sur cette part, la moitié des exportations est le fruit de l’activité des PME de tout le pays, romandes comprises. Pas besoin d’être savant pour comprendre que l’UE pourrait plus facilement se passer de nous que nous d’elle. A méditer lorsqu’on affirme qu’aucun autre accord ne tombera et que l’on pourra négocier un nouvel accord de libre-échange.

Havre de paix et de prospérité, la Suisse se doit non seule­ment d’entretenir de bonnes relations avec ses voisins, elle doit aussi assurer sa sécurité. L’indépendance a un prix. Après avoir dû subir, comme les autres pays, un affaiblissement massif et soudain de son économie, notre pays ne peut se permettre de fragiliser par lui-même des éléments fondamentaux de ses conditions-cadre. Il doit, comme l’usam l’a préconisé, rejeter l’initiative de limitation.

*Directeur général de la Fédération des entreprises romandes Genève (FER Genève) et secrétaire général de la FER.

www.fer-ge.ch

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