Publié le: 9 août 2019

Croche-pied des experts

PRéVOYANCE VIEILLESSE – La proposition des syndicats, soutenue par l’Union patronale, s’avère vivement critiquée par plusieurs experts. «Ne rien faire serait une bien meilleure option», conclut Monika Bütler.

L’usam s’engage en faveur d’une prévoyance vieillesse sûre, aussi bien dans le premier pilier que dans le deuxième. Dans l’AVS comme pour la LPP – et contrairement à l’Union patronale – elle se concentre sur des solutions durables.

Oui: la retraite Ă  65 ans pour tous

L’AVS a besoin d’une réforme allégée et rapidement réalisable. C’est pourquoi l’usam se félicite de la proposition du Conseil fédéral de fixer l’âge de la retraite à 65 ans. «Un tel ajustement est attendu depuis longtemps», relève Hans-Ulrich Bigler, directeur de l’usam et conseiller national. Le sort de l’AVS dépend d’urgence d’une économie annuelle de 1,4 milliard de francs. Il est toutefois incompréhensible selon lui que le Conseil fédéral veuille consacrer à nouveau la moitié des économies réalisées grâce à la normalisation de l’âge de la retraite à des mesures compensatoires pour les femmes.

«Nous ne pouvons tout simplement pas nous le permettre.» L’usam rejette également l’augmentation de 0,7% de TVA proposée par le Conseil fédéral, mais se déclare prête à autoriser une augmentation maximale de 0,3%.

Préserver les 3 piliers

Dans la révision LPP, l’usam rejette fermement le modèle syndical, qui est soutenu par l’organisation patronale. La solution proposée par l’usam calcule avec un surcoût annuel de 1,5 milliard de francs, renonce à un supplément de pension de 70 francs selon le principe de l’arrosoir et tient compte du principe éprouvé des 3 piliers – sans redistribution analogue à l’AVS, ce qui représente un coût supplémentaire d’au moins 2,7 milliards par an.

Mauvaise note, mauvaise idée

L’idée des syndicats, à laquelle s’est ralliée l’Union patronale, n’est pas bien accueillie non plus dans le monde professionnel. «Pour de nombreuses caisses de pension, ne rien faire serait une meilleure option», a déclaré dans la NZZ une experte de Saint-Gall.

Monika Bütler, professeur d’économie, estime en effet que le complément de pension proposé par les syndicats et l’Union patronale est «tout aussi injuste que celui de 70 francs à l’AVS qui selon les sondages avait provoqué l’échec du premier projet dans les urnes».

Et d’ajouter: «La proposition actuelle des partenaires sociaux est une absurdité pour les personnes qui sont assurées dans des caisses qui ont déjà baissé le taux de conversion. La proposition entraînerait «un coût double pour une génération et une double compensation pour une autre génération.»

Union patronale critiquée

Peter Wirth, directeur général d’un forum de prévoyance, critique égale­ment «l’idée d’un complément de pension à vie pour les retraités touchés par la réduction du taux de conversion jusqu’à 15 ans après le début de la réduction». Et l’expert critique aussi sévèrement l’Union patronale. «Je trouve irritant qu’ils soutiennent un truc pareil!» Enfin, la réduction «techniquement insuffisante» du taux de conversion à 6% est «obligatoire si l’on ne veut pas envoyer la prévoyance professionnelle dans le mur.» Il est donc difficile de comprendre pourquoi cette réduction devrait être achetée au prix de concessions.

Politique irresponsable

Dans un entretien accordé à nos médias, la conseillère nationale Verena Herzog (UDC/TH) accuse l’Union patronale de «mener une politique irresponsable en jetant par-dessus bord le principe éprouvé des trois piliers». «Les plus durement touchées seront les PME.» En www.usam-sgv.ch

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