Publié le: 3 octobre 2014

De fausses économies

Nombreux sont ceux qui omettent de se couvrir contre les risques liés à la maladie ou à l’incapacité de gain au moment de se lancer dans une activité indépendante. Les conséquences peuvent être désastreuses.

Le début semblait si prometteur. Après plus de 20 années d’expérience professionnelle, Marcel B. avait sauté le pas et réalisé son rêve longuement nourri de devenir son propre chef. 
La quarantaine à peine entamée, l’occasion lui avait été donnée de reprendre un petit local à proximité de son domicile et d’y ouvrir son propre garage. L’affaire fonctionnait bien, ­même très bien. Le carnet de commandes se remplissait vite, les clients étaient fidèles et payaient leurs factures dans les temps. Sa femme, qui restait à la maison pour s’occuper de leurs deux enfants en bas âge, l’aidait à tenir la comptabilité, et Marcel B. pouvait profiter de ses week-ends pour passer du temps avec sa famille. Après deux ans de ce nouveau statut, l’impensable se produisit: Marcel B. fut victime d’un accident cérébrovasculaire ischémique. Ce type d’attaque cérébrale est l’une des maladies neurologiques les plus fréquentes dans les pays industrialisés, et son degré de gravité varie fortement d’un cas à l’autre. Celui de Marcel B. s’avéra léger, mais sa convalescence dura plus de six mois.

Six mois sans revenu

Cela peut paraître une éternité lorsque l’argent ne rentre pas et que l’on doit continuer à nourrir sa famille. Des économies, Marcel B. n’en avait plus tellement après les investissements qu’il avait engagés dans son garage, et sa femme devait rester à la maison pour s’occuper des enfants. En tant que patron, il n’avait pas droit à la poursuite du versement du salaire que la loi ­prévoit pour les employés. Quant à l’indemnité journalière en cas de maladie, qui aurait pu combler cette ­perte, il avait fait l’impasse sur la souscription de cette assurance pour des raisons financières. Il avait souhaité, dans un premier temps, maintenir ses coûts fixes au niveau le plus bas possible en attendant de voir comment son affaire évoluerait. Et ce point a fini par tomber aux oubliettes, tout comme la question de la conclusion d’une assurance en cas d’incapacité de gain.

S’il avait, à l’époque, souscrit une assurance d’une indemnité journalière en cas de maladie, celle-ci aurait couvert aujourd’hui – selon les conditions choisies – son salaire assuré pendant une période de deux ans au maximum. Ensuite, la rente d’incapacité de gain du troisième pilier serait intervenue. Cette rente est garantie à partir d’un degré d’invalidité de 25% et est versée ­intégralement à partir de 66,666% d’incapacité, en principe jusqu’à l’âge ordinaire de la retraite. Dans son malheur, Marcel B. a néanmoins eu de la chance.

assurer le salaire pendant deux ans

Si son attaque cérébrale avait conduit à une incapacité de travail permanente, il ne lui serait resté plus que la rente d’invalidité (AI), laquelle intervient au plus tôt après un an d’incapacité de gain et seulement à partir d’un degré d’invalidité de 40%. Son montant dépend du revenu annuel AVS moyen, mais étant donné que les indépendants investissent souvent beaucoup d’argent dans les premières années de leur activité, le revenu annuel moyen AVS est la plupart du temps relativement bas – et la rente AI par conséquent aussi, puisque son calcul se base sur ce revenu. Dans le cas de Marcel B., la rente AI n’aurait en aucun cas pu remplacer le salaire perdu, même si une rente pour enfant s’y était ajoutée. Elle aurait de toute façon été trop faible pour nourrir une famille de quatre personnes. Dans de telles situations, il ne reste souvent plus aux personnes concernées que le recours à l’aide sociale.

Sandra Willmeroth

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