Notre armoire à chaussures le prouve chaque jour: on n’a jamais assez de chaussures, car elles nous accompagnent tout au long de notre vie. Pour les femmes en particulier, l’achat de chaussures comporte une composante émotionnelle. Avec les chaussures, les femmes achètent des mondes émotionnels et des rêves entiers. Il n’est donc pas surprenant que la passion l’emporte sur la raison lors de l’achat de chaussures: plus d’une femme sur deux a dé­pensé plus d’argent que prévu pour les objets de son désir. Aujourd’hui, les chaussures doivent être principalement confortables et décontractées à porter. En ce moment, la basket fait fureur dans toutes ses variantes. Si ce type de chaussure est né dans le domaine du sport, aujourd’hui, pratiquement tous les fabricants de chaussures de ville produisent des sneakers tendance.

Le marché suisse de la chaussure a connu une évolution continue ces dernières années. «Il y a très peu de membres qui proposent encore des chaussures de ski et de football dans leur gamme, par exemple. Il y a quelques années, cela faisait encore partie de l’assortiment du commerce de détail des chaussures», se souvient Dieter Spiess, président d’honneur de chaussuresuisse. Il connaît le secteur à fond depuis plus de 50 ans. Et Christine Müller, responsable du bureau chaussuresuisse de Gelterkinden, ajoute: «Aujourd’hui, les offres se concentrent sur les chaussures pour enfants, femmes et hommes. Malheureusement, seuls quelques magasins proposent également des textiles – même si cette expansion génère de bonnes ventes de chaussures et de vêtements.»

«ENCORE BEAUCOUP DE PLACES D’APPRENTISSAGE VACANTES.»

La pandémie a laissé des traces. Pour Dieter Spiess, le Conseil fédéral et l’OFSP ont agi de manière arbitraire. En outre, la pandémie agit comme un frein à la numérisation et permet l’essor du commerce en ligne. Mais il constate néanmoins un retour à la normale dans le commerce de détail des chaussures: «Les chaussures sont souvent achetées avec beaucoup d’émotion et les clients attachent une grande importance à un conseil compétent et personnel et à un service complet – surtout s’il s’agit d’un produit noble et précieux. L’expérience d’achat joue toujours un rôle important. Il est important que le commerce stationnaire reste fidèle à son principe et se distingue ainsi des prestataires en ligne.»

Formation de base optimisée

L’éducation de base est le pilier le plus important pour une carrière réussie dans l’industrie à l’avenir. «Nous collaborons avec Formation du Commerce de Détail Suisse pour la formation continue dans tous les secteurs», déclare Christine Müller. Les deux programmes de formation de base, assistant commercial EFZ et spécialiste commercial, sont en cours de révision et d’optimisation. «Nous sommes à la veille de la nouvelle formation de base en 2022, ce qui représente un grand défi pour notre association et les formateurs professionnels, précise notre interlocutrice. Conformément à la devise selon laquelle le commerce, c’est le changement, la nouvelle formation de base se concentrera sur les compétences d’action afin d’offrir à la prochaine génération de professionnels un avenir attrayant. «Des manifestations régionales d’information pour les formateurs professionnels sont donc prévues dans toute la Suisse en septembre 2021. L’intérêt est grand, c’est un bon présage», se réjouit-il.

Comme dans de nombreux autres secteurs, les fluctuations sont devenues plus importantes. «Mais les anciens spécialistes de la chaussure reviennent toujours dans notre profession», se réjouit Lukas Kindlimann, président. L’association a reconnu il y a 50 ans que l’industrie ne pouvait survivre sans les spécialistes les mieux formés. C’est pourquoi elle décerne le «Chausse-pied d’Or et d’Argent» (lire l’encadré) aux meilleurs de la branche, afin de recruter sans cesse de bons spécialistes.

«L’AUGMENTATION MASSIVE DES TAXES SUR LES CARTES DE CRÉDIT ET DE DÉBIT EST UN NO-GO!»

Mais la pandémie a également affecté l’éducation de base: «Les écoles professionnelles ont été touchées par cette situation, car certains cours ont dû être reportés ou organisés avec moins de participants. Cela a eu un impact négatif sur les effets d’apprentissage, c’est pourquoi nous avons moins de candidats au classe­ment cette année», explique Christine Müller, qui regrette qu’il y ait encore beaucoup de places d’apprentissage disponibles pour le moment.

Mais l’association s’inquiète égale­ment du bagage scolaire des apprentis: «De nombreux jeunes sortant de l’école ont un déficit de compétences sur le marché du travail. Certains d’entre eux ne parlent pas notre langue et ont donc beaucoup de mal à suivre les cours de formation professionnelle. À l’avenir, nous aimerions que les jeunes qui quittent l’école soient mieux préparés sur le plan professionnel et qu’ils aient la volonté et la coopération nécessaires pour aller dans la même direction que les formateurs professionnels», résume ce dernier.

Branche fortement réglementée

Mais le secteur souffre également dans d’autres domaines, tels que la charge administrative sans cesse croissante liée aux frais supplémentaires, aux prélèvements et aux réglementations inutiles. «Cela fait perdre à nos membres du temps et de l’argent inutilement», déclare le président. Il cite en exemple l’augmentation massive des frais liés aux cartes de crédit et de débit. «C’est un échec et il faut faire marche arrière», exige-t-il.

À ses yeux, il est clair que le secteur a encore beaucoup de potentiel pour l’avenir – car on a toujours besoin de chaussures: «Mais cela exige de la prévoyance, de la prudence et une position claire», conclut-il.

Corinne Remund

www.chaussuresuisse.ch/fr

Les meilleurs de la branche de la chaussure: ces diplômés de la formation de base de spécialiste en commerce de détail ou d’assistant en commerce de détail ont reçu le «Chausse-pied d’Or ou d’Argent».Photo: dr

Excellent résultat: la championne suisse Annika Ganz a obtenu son diplôme avec un 5,8.Photo: dr