Le 8 mars, ils se sont tous levés comme un seul armailli. Avant le premier rayon de soleil sur la Gruyère, vers six heures trente, ils étaient prêts à accueillir leurs invités au Restaurant des Halles à Bulle. Pour donner naissance à leur chapitre, ou plutôt leur «chapter», comme on le dit dans le monde BNI – Le «Chapter Gruyère Bulle». Sur leur chaise, les participants ont trouvé une petite boite contenant toutes les cartes de visites des entrepreneurs membres de ce réseau. Le 8 mars, ils étaient 26; aujourd’hui, ils sont 40. Sur scène, ils ont présenté leur entreprise à tour de rôle – comme on le fait dans toute rencontre BNI sur cette planète – et expliqué comment ils s’y prenaient en générant du chiffre d’affaires entre eux, grâce au référencement de qualité (interne et externe).

La recommandation, une vitamine

La salle était comble, avec 200 participants, dont deux conseillers d’Etat, les responsables d’associations économiques, touristiques, les partis, d’autres entrepreneurs, des représentants d’autres chapters (lire les réactions ci-dessous et ci-contre).

Nous avons déjà présenté le Business Network International (Journal des arts et métiers de décembre 2015, page 16). Une initiative lancée dans les années 1980 par un Américain, le Dr. Ivan Misner, qui constate avec ses amis qu’une récession s’annonce et que le fait de pouvoir ­donner et obtenir une recommandation reste le meilleur moyen de s’en ­sortir.

Emerge une philosophie («Qui donne reçoit»), des processus (rencontres hebdomadaires et matinale, présentations de 60 secondes, échanges ultra rapides de cartes de visite), une méthode (les recommandations et affaires générées sont consignées sur des billets enregistrés et comptabilisés). Et un seul représentant par métier par chapter mais, comme le soulignent les organisateurs, rien dans le règlement n’interdit aux concurrents écartés d’un chapitre de fonder un autre chapter juste à côté, comme c’est le cas dans plusieurs villes (au Tessin notamment).

Nouvel élan fribourgeois

Le réseautage dense de l’économie fribourgeoise et romande se confirme. Le BNI cartonne dans l’économie locale et la demande est forte, côté entrepreneurs, comme le montre depuis quelques mois le canton de Fribourg et ses trois chapters. Ceux qui ont assisté à la cérémonie de création du premier chapitre, celui de Fribourg (au cinéma Rex, vendredi 20 novembre 2015) comprendront ce qui a donné envie à ceux de Bulle de faire encore mieux. Or, certains Broyards étaient là. Au vu du succès, ils ont demandé à Laurence Droz, directrice adjointe de construction des deux premiers, d’en faire décoller un dans la Broye, cette fois-ci à cheval entre Vaud et Fribourg. Ces Broyards parviendront-ils à créer à leur tour un troisième petit miracle économique. Dans la mythologie BNI, obtenir un «Hall of Fame», c’est top. Il faut 35 participants à la fin du mois suivant la Constitution. Si c’est le cas, la région fribourgeoise et la Broye auront obtenu trois médailles d’or en moins d’une année. Trois médailles que la Suisse toute entière n’était pas parvenue jusqu’ici à réaliser, en 11 ans de BNI, 55 chapters et 1320 membres. Trop forts, ces Romands!

Et voici quelques réactions prises à l’issue de la séance de constitution.

Danja Hermetschweiler, directrice BNI Suisse: «Je félicite la deuxième équipe d’entrepreneurs, celle de Gruyère, Bulle, qui est parvenue avec succès à créer un chapitre. Ces deux «team» représentent pour nous un nouvel essor dans la région. Leur rôle sera essentiel au plan économique. Dans la situation conjoncturelle actuelle, être bien réseauté, c’est un atout décisif. Notre réseau s’implique dans le tissu économique régional pour générer, par et pour les entrepreneurs, plus d’affaires grâce à la recommandation personnelle. Non pas le combat solitaire, mais l’intégration à un réseau d’entreprises de proximité.»

Laurence Droz, Comforce-ctc, directrice adjointe de construction des Chapters de Bulle, Fribourg, Broye:
«Beaucoup de joie, d’enthousiasme, de passion en ouvrant ce hangar pour mettre à l’eau «le navire» de Bulle. Cela fait tout de même quelques mois que nous travaillons ensemble. On sent qu’il y a eu un sacré parcours et un engagement personnel depuis les débuts. J’ai eu aussi du plaisir à constater que nos invités sont surpris qu’on parle business dès le départ et que tout soit très clair. Que cela soit précisément le fait qu’on s’engage à venir une fois par semaine qui fait que cela va marcher. Parce qu’il y a une notion d’entraînement, on se prépare. J’ai le cœur rempli de tout cela, car je sais que cela fonctionne. Avec le Chapter de Fribourg, créé il y a trois mois seulement, nous avons déjà passé le cap des 640 000 francs de chiffre d’affaires et on se dirige vers les 50 membres. Dans la Broye, il y a déjà 27 membres et 5 candidatures doivent encore être examinées.»

Grégoire Raboud, responsable marketing et communication (CCIF):«Je trouve cela très intéressant. Je connais le BNI depuis 15 mois et Laurence Droz depuis qu’elle est membre de la CCIF. Ces petites entreprises ont pris le taureau par les cornes. Dans une situation difficile comme elle peut l’être actuellement, je les félicite d’avancer. Innover, c’est aussi créer des nouveaux réseaux, c’est exactement le genre de solution que nous devons viser pour les entrepreneurs.»

Marie Garnier, présidente du Gouvernement cantonal (Fribourg): «J’ai trouvé qu’il y avait beaucoup d’élan dans cette assemblée et que ces chapters présentaient une grande diversité d’entrepreneurs et de métiers. Tout ce que l’on peut faire pour encourager les entreprises dans la recherche d’affaires est important. Or la recommandation est souvent un peu cloisonnée à ceux qui sont du lieu. Des structures de ce genre permettent à des gens qui viennent d’autres horizons entrepreneuriaux d’en bénéficier également. J’ai été invitée à l’inauguration du Chapter d’Estavayer, qui sera intercantonal avec le Nord-Vaudois. Là aussi, cela permet un décloisonnement entre districts et entre cantons, nous avons besoin d’une telle ouverture.»

Le prochain défi qui attend l’organisation BNI en Suisse romande sera l’inauguration du chapter Broye, dont la création est prévue le 7 juin prochain. Puis, Laurence Droz annonce la création d’une autre équipe à Neuchâtel. «La vision derrière la construction de ces quatre chapters, bien sûr, c‘est celle des vraies synergies que nous allons établir entre eux, conclut-elle. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien qu’ils constituent la Région des 4 lacs.» Quatre Lacs, il fallait y penser...

JAM