Publié le: 7 juillet 2017

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INTÉRÊTS NÉGATIFS – Les taux d’intérêt négatifs ont coûté 1,5 milliard de francs. Les victimes sont les gestionnaires de fortunes et les caisses de pension – et de facto les petits épargnants.

Des centaines de millions de francs se sont volatilisés par la politique d’intérêts nuls ou négatifs de la Banque nationale suisse (BNS). Cela semble abstrait, mais les avoirs des petits épargnants et des pensions de retraite ont réellement été impactés. Alors à quand la remontée des taux d’intérêt?

La Réserve fédérale américaine (Fed) a annoncé des hausses de taux par petites étapes. Benoît Cœuré, directeur de la Banque centrale européenne (BCE), appelle les gouvernements et acteurs économiques de se préparer, vers la fin de l’année, à la sortie de cette longue période de taux plancher. En avril dernier, il lançait déjà: «C’est évident que le secteur financier et autres acteurs de l’économie – surtout les gouvernements – doivent s’y préparer. J’espère que tous savent que les taux d’intérêt ne resteront pas au niveau actuel.»

Taux négatifs des deux côtés

Mais depuis de nombreux mois, la BCE maintient ses taux directeurs à un bas niveau record de 0,0% voire moins. En outre, semaine après semaine, elle procède à l’achat d’obligations et titres dans le système financier de la zone monétaire européenne.

Par ces achats à hauteur de 2,28 milliards d’euros, elle veut notamment encourager les banques à accorder davantage de crédits à l’économie. Le but est de soutenir l’économie et de stimuler une inflation jugée trop faible par le BCE.

Quant à la Banque nationale suisse (BNS), elle a introduit les taux d’intérêt négatifs à la mi-2014 déjà. Au départ, elle voulait surtout lutter contre la réévaluation monétaire (déflation). Désormais, il s’agit d’atténuer les différences de prix par rapport à l’euro. Thomas Jordan, président de la BNS, considère cette politique comme toujours actuelle et nécessaire.

Banques et Ă©pargnants payent

Les intérêts négatifs impactent les banques sur deux aspects au moins. Le premier, ces intérêts rendent les activités d’exportation moins attractives, en particulier pour les banques de plus petite taille. Le second, les intérêts négatifs engendrent des coûts qu’on évalue à quelque 1,5 milliard de francs.

«A L’ÉCHELLE MONDIALE, DES CENTAINES DE MILLIONS DE FRANCS SE SONT VOLATILISÉS.»

Parmi les autres victimes des intérêts négatifs, il y a les gestionnaires de fortune et fonds de pension – et parmi eux, les petits épargnants. La baisse de la part obligatoire des rentes de prévoyance vieillesse ces dernières années a évidemment un lien avec les intérêts négatifs. Et ni les caisses de pension ni l’AVS ne sont exemptées des taux négatifs, subissant le même sort que les banques. Résultat? Moins d’argent sur le compte des assurés…

Le relèvement se fait attendre

Le relèvement des taux, on en parle depuis 2015. A cette époque, UBS le pronostiquait «pas avant 2017». La BNS, de son côté, disait que si la Fed montait ses taux, la Suisse lui emboîterait le pas. Or, c’est le cas en 2017, mais la Suisse ne suit pas.

Pourquoi l’incertitude demeure? Car si les taux augmentent aux USA, ils restent négatifs dans l’UE. Donc aussi longtemps que la BCE ne relèvera pas ses taux, la BNS ne bougera pas. Et malgré les avis de certains banquiers de la BCE, celle-ci ne semble pas disposée à modifier les réglages de sa pompe monétaire. Conclusion, les taux d’intérêt négatifs se sont installés durablement. Pour leur relèvement, il faudra encore patienter longtemps.

Henrique Schneider,

directeur adjoint de l’usam

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