Publié le: 13 mai 2016

«Décollage, tel est le mot d’ordre»

broye – Préfet du district de la Broye-Vully et président de la Coreb, Olivier Piccard se montre confiant sur l’avenir de l’Aéropole.

«Faire converger toutes les forces de la région.» La méthode broyarde de collaboration transcantonale est devenue une référence en Suisse romande. Qu’il s’agisse du Gymnase intercantonal de la Broye (GYB), de l’Hôpital intercantonal de la Broye (HIB). Sans oublier la Coreb: fondée en 1988, la Communauté régionale de la Broye est le ciment des associations régionales. Interview d’Olivier Piccard, préfet de la Broye qui est actuellement le président de la Coreb, une présidence assumée à tour de rôle par Fribourg et Vaud.

Journal des arts et métiers: ­Comment est née la Coreb?

n Olivier Piccard: Nous avions organisé «Les Etats généraux de l’économie broyarde». L’idée était de tracer une liste des points positifs et négatifs de la région. Un consensus a émergé rapidement sur l’aérodrome. L’objet était là, indépendamment de notre volonté. On s’est dit qu’on pourrait tourner la chose à notre avantage en développant une activité.

Sur quoi planchez-vous?

n A l’heure actuelle, l’Aéropole est notre projet phare. C’est une zone de quarante hectares dédiée aux activités aéronautiques et spatiales, qui vise à installer et développer un parc technologique dans ces spécifications. A terme, l’idée est de créer entre 1500 et 2000 emplois, bien répartis entre les qualifications et les secteurs. C’est un projet qui nous occupe beaucoup et que nous mettons en place depuis une quinzaine d’année. Les premières entreprises s’installent, construisent. On croise les doigts et on espère ne pas avoir de mauvais coups du sort qui perturberaient le projet par des facteurs externes.

Que contient votre check-liste?

n Ce sera une année chargée, différents events sont prévus, des voyages, l’un en Italie du Nord, l’autre sur la côte Est des Etats-Unis.

Sur quelle aide des cantons pouvez-vous compter?

n A la Coreb, nous avons un directeur, en la personne de Pierre-André Arm, qui s’occupe de promotion et reçoit de nombreux dossiers. A côté de cela, nous travaillons pour la promotion exogène avec les offices de promotion économique, le DEV du côté vaudois et la promotion économique fribourgeoise. Le DEV a pour 2016 deux objectifs prioritaires, dont la mise en œuvre de l’Aéropole. Heureusement que nous pouvons bénéficier de leur appui et de leur structure, parce que la Coreb est une petite structure et que ce n’est pas notre job. Par l’intermédiaire du DEV, nous pouvons aussi nous positionner par rapport au GGBa (Greater Geneva Berne Area, red).

Comment l’Aéropole sera-t-il géré?

n Ce sera aussi une année charnière à cet égard. Nous sommes justement en train de mettre en place une société d’exploitation qui, sous la forme d’une société anonyme, sera chargée de reprendre toutes les activités assumées jusqu’ici par la Coreb et qui étant relativement lourdes, ne pourront pas être indéfiniment assumées par notre petite structure.

Quel type d’entreprises peuvent-elles s’établir sur ce site?

n Toutes celles qui ont un lien plus ou moins étroit avec le secteur de l’aéronautique et du spatial. Mais nous avons une bonne latitude pour interpréter cette exigence. L’idée derrière ce développement, c’est de pouvoir octroyer un certain nombre de mouvements pour chaque entreprise qui s’installe.

«Nous sommes très confiants dans le développment de ce parc technologique.»

Chez Boschung, sur l’Aéropole, les travaux ont finalement démarré?

n Oui, depuis début janvier. Boschung avait son permis de construire depuis un certain temps. Le groupe a été impacté par le franc fort. Boschung est l’un des acteurs qui va faire vivre cet aéropole. Il y en aura d’autres, nous sommes très confiants dans le développement de ce parc.

Quel est le point de départ de votre réflexion sur le développement?

n Nous ne souhaitons pas que les habitants qui s’installent deviennent des pendulaires, mais plutôt leur offrir des places de travail proches de leur nouveau lieu de domicile. C’est difficile, car la vitesse à laquelle les gens déménagent est plus rapide que la vitesse à laquelle les entreprises elles-mêmes déménagent. Pour nous, autorité régionale et locale, c’est un très grand défi.

Pourriez-vous décrire le tissu économique de votre région?

n L’économie de la Broye est essentiellement axée sur la construction. Or cela fait plusieurs décennies que les autorités politiques et économiques de la région essaient de diversifier ce caractère monobranche de la vallée de la Broye. Quand la construction se porte bien, il n’y a aucun souci. Mais quand il y a un coup de frein sur le secteur, tout le monde souffre. Les démarches entreprises ces dernières années s’inscrivent dans cette perspective.

Comment percevez-vous la situation des PME dans la Broye?

n Globalement, elle est bonne. Je serais plus prudent sur le court terme. De nombreux signaux me font penser que l’on pourrait fléchir un peu. Les effets du 9 février, du franc fort et de l’aménagement du territoire finiront par impacter la conjoncture. Ce n’est pas limité à la vallée de la Broye, mais cela concerne vraiment toute la Suisse.

A quoi ressemble l’évolution démographique dans ce district?

n Depuis plusieurs années, nos taux de croissance sont parmi les plus élevés du canton de Vaud. Cela signifie entre 2% et 3% de croissance de la population par année, soit le double de la croissance cantonale pour environ 40 000 habitants pour la partie vaudoise. Ce district issu de la fusion entre Avenches, Payerne et Moudon est le plus petit du canton en nombre d’habitants.

Et la suite pour la Coreb?

n Il aura fallu une génération pour positionner ce projet d’Aéropole. Maintenant, il faut penser aux projets suivants. Par exemple, le développement d’un Pôle technologique d’innovation (PTI) dans une zone comprise entre Estavayer, Lully et Sévaz. Mais pour l’instant, ce site est encore situé en zone agricole. Il 
va falloir encore beaucoup d’énergie pour l’affecter à une autre destination.

Interview: François Othenin-Girard

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