Publié le: 5 octobre 2018

Europe: recul des exportations

INTERVIEW – L’économiste Sibille Duss estime que les développements entre la Turquie et la Grèce n’auront pas de conséquences pour l’économie suisse.

Des nouvelles à la fois bonnes et moins bonnes s’échangent entre la Turquie et la Grèce. Cela a-t-il une quelconque influence sur l’économie suisse?

Sibille Duss: Les interdépendances entre ces deux pays et la Suisse sont minimes. À titre d’exemple, en 2017, la Suisse a exporté 800 millions de francs de marchandises vers la Grèce et 1800 millions vers la Turquie, ce qui équivaut au total à 1,2% des exportations totales de marchandises. La Turquie est certes trop petite au niveau économique pour que la crise qu’elle traverse puisse entraîner de véritables conséquences dans les autres pays émergents et dans les pays industrialisés. La crise en Turquie montre cependant à quel point des turbulences politiques peuvent vite déstabiliser les marchés, lorsque les valeurs fondamentales sont faibles comme sur les rives du 
Bosphore.

Le franc suisse semble désormais vouloir se maintenir durablement dans une fourchette comprise entre 1,12 et 1,18 face à l’euro. Pourrait-il en sortir prochainement?

Les incertitudes politiques qui ont inquiété l’Europe ces dernières 
semaines ont augmenté la pression à la hausse sur le franc suisse. Nous avons donc revu nos prévisions légère­ment à la baisse et tablons maintenant pour trois à six mois à un cours de 1,12 à 1,15. Pour les 12 prochains mois en revanche, nous maintenons nos prévisions de nette dé­préciation à 1,20. L’ancien seuil de change euro-franc de la Banque nationale suisse (BNS) fixé à 1,20 s’est révélé difficile à franchir en ce début d’année. Afin que le franc se déprécie face à l’euro, d’après nous, de meilleures données conjoncturelles sont toutefois nécessaires en Europe. Pour l’heure, nous ne savons pas clairement quelle sera l’influence des droits de douane et sanctions des États-Unis vis-à-vis de la Chine et des mesures de rétorsion de l’Empire du Milieu sur la conjoncture mondiale et donc sur l’évolution de l’économie. De plus, on ne sait pas quelle politique la Banque centrale européenne (BCE) adoptera après la fin de l’assouplissement quantitatif (QE) en fin d’année. Nous pensons donc que les prochains mois seront 
marqués par des risques à la baisse du taux de change euro-franc.

Les exportations suisses stagnent. Est-ce une petite pause ou les choses en resteront-elles lĂ ?

Après une stagnation le mois précédent en juillet, les exportations ont même légèrement faibli. Les principaux responsables de cette évolution négative sont l’industrie chimique et le secteur pharmaceutique. Ce sont principalement les exportations vers l’Europe qui ont reculé. Les 
indicateurs précoces en Europe signalent certes une certaine faiblesse ces derniers mois, mais les valeurs restent encore à un niveau élevé et nous continuons de miser sur une solide croissance de l’économie dans l’espace européen. Cela devrait égale­ment profiter aux exportations suisses.

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