Publié le: 12 décembre 2014

Extramet chauffe la poudre

swiss venture club – Nominée pour le Prix SVC Espace Mittelland, Extramet AG de Planfayon poursuit le développement de pièces extrudées en carbures de tungstène. Un employeur innovant, soucieux de responsabilité sociale et d’environnement.

Les entrepreneurs des hauts de la Singine retiennent leur souffle, car l’un des leurs est nominé pour le prix Swiss Venture Club de la région Espace Mittelland. Il s’agit d’Extramet AG, basée à Planfayon, qui est présentée de la manière suivante dans le cadre de ce concours.

«Fondée en 1980, la société Extramet AG s’est depuis concentrée sur sa compétence-clé, la production de pièces extrudées en carbures de tungstène. Ses produits semi-finis sont utilisés pour la réalisation d’outils rotatifs coupants de très hautes précisions, fraises, alésoires et forêts dans l’industrie automobile, aéronautique, l’industrie des machines, la construction d’appareils et les techniques dentaire et médicale. Le taux d’exportation de l’entreprise s’élève à environ 80%. Dirigée par le CEO Hans-Jörg Mihm, elle compte 170 collaborateurs, le plus important employeur de la région de Haute-Singine.»

Visite de l’entreprise, un vendredi de mi-novembre, à mi-journée. Les bâtiments situés à Planfayon émergent petit à petit de la brume, le Plateau suisse reste pour sa part plongé dans une brume dense. Métaphore d’une reprise qui devrait pointer le bout de son nez l’année prochaine, et que les analystes annoncent notamment dans l’industrie des machines (lire également en pages 12-13).

Après une présentation de l’historique et du repositionnement de ce fleuron, le CEO Hans-Jörg Mihm nous propose une visite détaillée du complexe industriel, en compagnie de Katja Gut, de Bruno Mauron (Ventes et Marketing) et de Laurence Droz (coach et experte innovation, Comforce CTC).

«The Art of Tungsten Carbide», tel est le slogan de cette PME innovante qui a célébré ses trente premières bougies en mai 2011. «En trois décennies, Extramet Hartmetallfabrik est passé d’un atelier de trois ouvriers à une entreprise aux activités très diverses, tant nationales qu’internationales, écrivait Hans-Jörg Mihm dans la brochure distribuée lors de la journée portes ouvertes. Cette réussite, nous la devons principalement à la fidélité exceptionnelle de nos clients: beaucoup d’entre eux ont grandi avec nous pour devenir les piliers de l’industrie des outils en métal dur monobloc.» Le directeur commentait dans ces termes un marché qui, au cours des dix années, avait connu un rythme de développement sans précédents, suivi d’ailleurs par une chute tout aussi spectaculaire. «Dans les années de crise, nous avons été en mesure d’amortir la forte baisse d’activité par la réduction du temps de travail et ainsi conserver l’ensemble du personnel.» De ce tableau d’ensemble se dégagent les traits suivants: une forte dimension innovante dans les produits, un accent prononcé sur la responsabilité sociale avec des collaborateurs qui, pour l’essentiel, proviennent de la région. A cela s’ajoute la volonté de gérer de manière exemplaire la dimension environnementale de l’entreprise.

La visite commence par les stocks de produits, poudre de carbure de tungstène et de cobalt. La préparation est organisée dans des circuits fermés pour garantir une protection des employés. Ces poudres sont pressées pour extruder des barres de taille diverses. Les barres sont ensuite préfrittées et frittées à haute température dans des fours qui s’alignent, puis rectifiées. En catalogue, des articles standards, barreaux bruts et rectifiés, des ébauches extrudées et préformées, ou rectifiées, des pièces d’usure brutes ou rectifiées. Et un grand potentiel dans les pièces sur mesure, partiellement usinées, préusinées...

Le CEO guide ses invités à travers un passage dans les différents locaux et services de l’entreprise. On emprunte un tunnel souterrain reliant deux bâtiments. L’entreprise a mis au point un système de recyclage des fluides, afin de récupérer les microdébris des précieuses poudres. Les habits sont aussi traités séparément, afin de ne pas polluer le recyclage d’eau de la commune lorsque les employés font leur lessive à la maison. Puis, on passe à la logistique, les ventes, la facturation. Le président exécutif fait visiter ses laboratoires de recherche et développement.

Sur un bureau, un sous-main figurant une carte du monde. Le service de vente extérieur s’active en Allemagne, en France et en Espagne, mais aussi aux Etats-Unis, où Extramet dispose d’une filiale, baptisée Extramet Products, qui travaille les marchés en Amérique du Nord et en Amérique latine. «Les barreaux bruts sont importés de Suisse et adaptés aux spécifications des clients dans l’atelier de découpe et de rectification.» L’entreprise forme des apprentis céramistes industriels depuis janvier 2011, des apprentis de commerce, de logistique. Au terme de cette visite, nous avons voulu en savoir un peu plus sur cette nomination et les enjeux actuels pour Extramet. Le point avec le CEO.

Journal des arts et métiers: Que signifie pour vous et vos collaborateurs le fait d’être nominé à ce prix?

Hans-Jörg Mihm: Cela nous réjouit, bien sûr, de figurer sur la liste finale qui comprend six candidats. Cela me remplit de fierté et de joie pour tout l’équipe d’Extramet, d’être reconnu dans toute une région sur des critères comme l’innovation et la durabilité. Cette reconnaissance est aussi essentielle par rapport à l’avenir de l’entreprise qui se doit de rester attractive et intéressante en tant qu’employeur.

Que faites-vous de particulier qui pourrait nous permettre de comprendre pourquoi vous avez été nominé?

«Petits, mais raffinés», c’est ce qui nous distingue des poids lourds du secteur métal dur: nous sommes d’abord une entreprise familiale, une PME, et non une holding internationale. Cela nous permet d’offrir à nos clients de l’industrie high-tech toute une gamme d’avantages. Cela commence dès qu’il s’agit de développer de nouvelles technologies ou des nouveaux instruments: notre structure nous permet de mettre au premier plan la recherche de solutions. Nous sommes en effet très flexibles et tout aussi capables de produire de très petites séries. La compétence de notre équipe en R&D est aussi due au réseau étroit que nous entretenons avec les Hautes Ecoles sur divers projets. Les nuances de métal dur travaillées par Extramet sont valorisées et reconnues pour leur stabilité et leur haute qualité. Dans le domaine de l’aviation, c’est un avantage indispensable, tout comme dans l’automobile et les technologies médicales, où notre nom est une référence.

Quels sont les deux objectifs prioritaires d’Extramet au cours des cinq prochains exercices?

Nous avons en tête un renforcement des investissements dans le secteur de l’automation et de l’outillage de production, en l’occurrence nos produits premium pour l’industrie high tech. En tant qu’employeur attractif pour les métiers techniques, nous tenons à améliorer notre visibilité dans la région.

Trois mesures pour remporter des victoires au plan commercial?

Les projets qui connaissent du succès avec tous les partenaires impliqués dans la chaîne de livraison nous amènent du cash-flow, ce qui rend possible de nouveaux investissements. Etre un partenaire orienté solutions, comme nous le sommes dans le monde de la transformation de matériaux difficilement usinables (CFK, aluminium et titane), dans l’industrie aéronautique hyper innovante, c’est une condition sine qua non pour être partie prenante au sommet de la R&D. A travers notre propre système de développement des processus de finition, chez Extramet, on peut faire produire des pièces en métal dur doté de très hautes performances.

Quelles sont les difficultés les plus importantes chez Extramet aujourd’hui?

Actuellement, nous sommes en ligne avec nos objectifs. Les défis sont de garder les bons collaborateurs à bord, grâce à des tâches intéressantes et de qualité, et de continuer à engager une relève de bonne qualité au plan technique.

Formez-vous des apprentis?

Nous prenons notre responsabilité sociale très à cœur et avons activement participé à la construction de l’image des céramistes industriels, qui peuvent être formé chez nous. Nous formons des apprentis dans les domaines suivants: commerce, polymécanicien et logistique. En ce moment nous comptons six personnes en apprentissage. Ces dernières années, les apprentis se trouvent surtout dans le domaine des apprentissages de commerce.

Et les femmes dans votre PME?

Le nombre de collaboratrices dans les domaines techniques est en progression. Ces dernières années, les femmes-apprenties se trouvent surtout dans le domaine du commerce.

Pourquoi Extramet s’est-elle ­développé à Planfayon?

En 1980, mon père Otto Mihm a trouvé en la personne de Heinrich Piller, syndic de Planfayon, une oreille attentive à l’innovation, et souhaitait s’installer dans cette belle région de l’Oberland fribourgeois. Le contact est bien passé. Depuis le début, nous trouvons dans la région des gens bien formés, qui travaillent volontiers chez nous et nous aident à poursuivre le développement de notre entreprise. Laurence Droz

François Othenin-Girard

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