Publié le: 5 février 2021

Fabuleux potentiel océanique

Nouveaux marchés – Une présentation de CS sur les opportunités d’investir dansl’économie bleue attire notre attention. Pour les PME suisses qui sauront se positionner, l’attrait est immense. A condition de se préparer aux grandes mutations …

C’est une présentation de type webinaire proposée fin janvier par CS qui a attiré notre attention sur le potentiel énorme – non pas du point de vue des investisseurs, ce qui était l’idée de base cet exposé – mais pour les PME suisses qui se positionneront au bon moment sur ces nouvelles occasions. On lance nos filets!

Le point de départ situe la démarche en lien avec le réchauffement climatique et le plastic qui pullule désormais sur toutes les plages et fonds marins. C’est là que l’approche «pandémie» entre en jeu. «Si l’on établit un parallèle avec les leçons tirées de la récente pandémie de Coronavirus, il revient beaucoup moins cher d’investir pour se préparer aux principales menaces et s’en protéger que d’en gérer les conséquences», indique Marisa Drew, cheffe de l’approche durable dans la recherche éco du CS. Les arguments en faveur de l’investissement dans les océans sont les mêmes.

De quel marché parle-t-on?

Du même coup, si les investisseurs mordent à cet hameçon, les besoins et les marchés suivront-ils? Mais dans quel secteur faudra-t-il se positionner? D’abord la taille du marché, selon Marisa Drew: «La valeur économique des actifs océaniques mondiaux est estimée à 24 000 milliards USD, ce qui en fait la septième économie mondiale. Entre 2009 et 2016, elle a progressé de 9,7%, avec une prévision de croissance deux fois plus rapide que l’économie générale d’ici à 2030. Certains sous-secteurs, tels que l’aquaculture, affichent un taux de croissance sous-jacent encore plus élevé. Entre 1990 et 2018, la production aquacole mondiale a augmenté de 527%.»

Grand Bleu & innovation

L’économie bleue regorge d’innovations. «Les alternatives végétales aux poissons et aux fruits de mer, cultivées à partir de cellules souches et respectueuses de l’environnement, sont un marché en passe d’exploser après le succès remporté par le burger végétal. Grâce aux technologies appliquées, à l’intelligence artificielle et à l’apprentissage automatique, nous pouvons désormais tracer les poissons dans les eaux les plus profondes, bien en dessous de la surface, pour comprendre les modèles de migration et gérer durablement les stocks de poissons. Les aires marines protégées (AMP) peuvent se régénérer en sept ans et tripler les rendements du placement, tandis que les solutions en capital naturel, comme les mangroves qui font office de barrière protectrice, se sont avérées cinq fois plus rentables que les structures artificielles.»

Ne pas attendre, mais anticiper!

Parvenir à saisir le trend actuel pour inscrire sa PME dans un mouvement global et ne pas attendre que d’autres acteurs s’emparent des nouveaux marchés, tel sera la donne ces prochaines années. Dans les propos qui suivent, nous relèverons les secteurs concernés. Et ils sont nombreux.

«Nous dépendons d’écosystèmes océaniques sains pour l’abondance des ressources que l’océan nous procure (médicaments, emplois, nourriture, moyen de transport) et pour son rôle crucial dans la régulation du climat. Entre 2009 et 2016, l’économie bleue a progressé de 9,7% et devrait se développer deux fois plus rapidement que l’économie générale d’ici à 2030. Elle englobe de nombreuses industries telles que la pêche, l’aquaculture, la biotechnologie marine, le tourisme, le transport maritime et l’énergie. Tous ces secteurs créent d’importantes possibilités d’emploi; par exemple, la pêche et l’aquaculture emploient environ 10 à 12% de la population mondiale, et jusqu’à 90% dans certains pays non industrialisés.»

Le bateau, mais quel bateau?

Si l’avion deviendra moins populaire, quel sera le moyen de transport qui continuera à un rôle de premier plan. Les transports par voie maritime, bien sûr! Mais avec un grand «mais»: à condition qu’ils respectent les nouvelles exigences climatiques. Il ne sera plus question de faire avancer les cargos avec les hydrocarbures les plus polluants de l’univers. L’accent sera peut-être (rêvons un instant), mis sur une logistique plus intelligente.

«L’océan est également la voie la plus empruntée pour le transport des ressources, 90% du commerce mondial étant acheminé par voie maritime. Le transport maritime consomme beaucoup moins d’énergie par kilo de fret et par passager que les autres modes de transport que sont le transport ferroviaire, routier ou aérien.»

Plus vraisemblablement, cette activité se développera. C’est en tout cas ce que pensent les économistes. «En 2019, les produits directs (valeur des actifs océaniques mondiaux) générés par l’économie bleue étaient de 6900 milliards USD, le commerce maritime a généré une valeur totale de 5200 milliards USD et les activités touristiques une valeur de 7800 milliards USD. Le volume du commerce maritime doublera d’ici à 2030, tandis que le trafic portuaire pourrait quadrupler d’ici à 2050.»

CO2 & changement

Du côté des émissions de CO2, un thème qui risque de prendre une belle ampleur au cours des prochaines décennies, l’économie bleue aura aussi son rôle à jouer. C’est un phénomène naturel qui prévaut: «L’océan diffuse le rayonnement solaire sur notre planète grâce à un processus de circulation des courants océaniques et d’évaporation de l’eau contribuant aux précipitations transportées par les vents vers les zones environnantes. Ce ‹tapis roulant› océanique sert également à transporter la chaleur de l’équateur vers les pôles Nord et Sud. Ce processus équilibre le climat mondial en régulant la température sur terre et en évitant les températures saisonnières extrêmes.»

Une donnée à prendre en compte à l’heure de déterminer les futurs besoins de l’humanité – en lien avec le stockage du gaz carbonique. Saviez-vous que: «Non seulement l’océan libère de l’oxygène, mais c’est l’un des plus grands puits de carbone de la planète. Il absorbe puis stocke 50 fois plus de CO2 que notre atmosphère. Si ce n’était pas le cas, ce CO2 stagnerait et augmenterait le réchauffement climatique.»

«Environ 25% de la quantité totale de carbone du monde se trouve au fond de nos océans sous la forme d’organismes morts. Les écosystèmes marins tels que les herbiers marins, les mangroves et les forêts de varechs couvrent une petite partie de la surface terrestre et leur capacité d’absorption du carbone est extrêmement importante. Les herbiers marins, par exemple, n’occupent que 0,1% de la surface des océans et parviennent pourtant à stocker jusqu’à 18% du carbone fixé par l’océan. Les mangroves stockent environ 25 millions de tonnes de carbone chaque année, soit l’équivalent de 20 000 personnes prenant chaque jour l’avion entre New York et Sydney pendant un an.»

Protéines & Cie

Enfin, ce sera notre troisième axe de réflexion, le lien entre les océans et la santé est étroit. Il faudra trouver des solutions pour réguler la pêche, car l’attrait pour les produits marins va augmenter. Y parviendra-t-on avec intelligence? «Le poisson est la principale source de protéines animales pour environ un milliard de personnes dans le monde. Environ 20% de la population mondiale tirent au moins un cinquième de leur apport en protéines animales du poisson. Certains petits Etats insulaires dépendent presque exclusivement du poisson.»

«Les protéines de poisson sont essentielles dans l’alimentation de certains pays densément peuplés où l’apport total en protéines est faible. Elles tiennent une place très importante dans l’alimentation de nombreux autres pays. Environ la moitié de la consommation mondiale de poissons et autres fruits de mer provient de l’aquaculture (en eau douce et en eau salée), dont une grande partie est durable et reproductible grâce à de bons investissements.»

Médicaments & brevets

Autre produits océanique en lien avec la santé, les médicaments issus de la mer: «De nombreux médicaments viennent de l’océan et apportent les ingrédients de base permettant de lutter contre des maladies comme le cancer, l’arthrite, la maladie d’Alzheimer et les maladies cardiaques. Parmi les médicaments issus de la mer, citons notamment les antileucémiques, les traitements contre le VIH et les analgésiques.»

Si la biopharmacie travaille avec la pharmacologie marine depuis des centaines d’années, la recherche sur les organismes marins est limitée. «L’intérêt commercial s’est accru ces dernières années, le taux de demandes de brevets ayant augmenté de 12% par an. De nouvelles recherches démontrent que les organismes marins, que l’on trouve principalement dans les récifs coralliens, produisent plus de substances antibiotiques, anticancéreuses et anti-inflammatoires que les organismes présents sur terre.» (à suivre).

Lecture: Credit Suisse: «S’engager pour une économie bleue».

JAM/Réd.

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