Publié le: 20 janvier 2017

Haro sur la Chine et les Etats-Unis

sondage – Le baromètre des exportations publié par S-GE et Credit Suisse au premier trimestre 2017 met en évidence une forte 
demande pour les produits suisses, le meilleur tableau qui nous a été offert au cours des cinq dernières années.

Les pays asiatiques mènent le classe-ment des marchés export les plus dynamiques depuis quelques années (voir tableau). Si le classement fait apparaitre le Japon, nation industrielle, aux côtés des économies émergentes d’Asie, c’est parce qu’on

prévoit une remontée du yen depuis fin 2016. Sans cette situation exceptionnelle, le Japon ne figurerait pas dans le top 10. En réalité, la demande de produits suisses devrait s’affirmer davantage en Chine et en Inde, où la croissance économique restera vigoureuse, avec des taux de 6,5 et 7,6%

respectivement, selon le Credit Suisse. Ainsi, 58% des entreprises interrogées par Switzerland Global Enterprise (S-GE) pour établir les Perspectives export des PME indiquent vouloir exporter vers la région Asie-Pacifique au cours du prochain semestre. Elles sont un peu plus nombreuses qu’au trimestre précédent (55%). La progression est encore plus élevée marquée en ce 
qui concerne la destination export numéro 1 en Asie, la Chine, où 41% des PME, contre 35% au 4e trimestre 2016, veulent exporter. Viennent ensuite l’Inde (25%), le Japon (24%) et l’Australie (23%).

La locomotive US 
des PME suisses

L’économie américaine devrait rester le moteur des exportations suisses en 2017. Le Credit Suisse prévoit une hausse du PIB US de 2,0%, taux qu’un plan de Donald Trump pourrait même accélérer, mais dont l’effet sur les exportations suisses aurait peu d’impact puisque le plan profiterait essentiellement au secteur américain de la construction. Selon le sondage de S-GE, la région Amérique du Nord est la région affichant la plus forte progression sur un trimestre pour les PME suisses: 54% d’entre elles entendent y exporter leurs produits, contre 50% au trimestre précédent. Les Etats-Unis attisent 44% des convoitises, contre 49% au trimestre précédent.

Signes de croissance en Europe, l’Iran toujours prisé

L’économie de la zone euro repart à la hausse stimulée par la demande et par la politique monétaire et budgétaire. L’Espagne sort du lot, grâce à la reprise de la production industrielle il y a deux ans. Au vu de cette performance, le Credit Suisse pré-
voit une solide croissance de 2,4% en l’Espagne. En dehors de la zone euro, la Pologne et la Norvège font encore mieux, mais leur importance, en volumes, pour les PME suisses 
est bien moindre. En Allemagne et en France – les poids-lourds de la zone euro – la croissance devrait 
être moins forte que dans les pays cités précédemment, même si l’industrie se porte bien. La demande 
de produits suisses devrait s’en voir stimulée.

Près de 92% des PME suisses disent vouloir exporter vers l’Europe ces six prochains mois. Elles visent en priorité l’Allemagne (84% des intentions). Vient ensuite l’Autriche (57%) qui ravit la deuxième place à la France (55%). L’Italie est la 3e destination européenne des exportateurs suisses (49%). Le potentiel du marché iranien est toujours considéré comme très prometteur. A la question de savoir dans quels pays les PME aimeraient démarrer de nouvelles activités, l’Iran est le pays le plus souvent cité.

«Le boom de l’industrie à l’étranger soutient la demande pour les produits suisses.»

Le baromètre des exportations du Credit Suisse indique actuellement 1,72 point, le meilleur score depuis fin 2011. Ce baromètre mesure la conjoncture industrielle dans les principaux débouchés des exportateurs suisses. Les valeurs sont pondérées en fonction des volumes exportés. L’indice mesure ainsi la demande étrangère sans tenir compte des variations de change. Sa forte valeur en ce début 2017 indique une reprise généralisée des activités industrielles dans le monde.

Sur le front monétaire, le franc suisse devrait s’infléchir légèrement à la baisse selon le Credit Suisse, mais la surévaluation de l’euro devrait perdurer. Une dépréciation du franc de 2% vis-à-vis de l’euro d’ici la fin de l’année et de 1% vis-à-vis du dollar n’apporterait qu’un soulagement mineur aux nombreux exportateurs suisses dont les marges ont été mises sous pression.

Attentes à l’export des PME: 
nouveau record

La valeur de l’indice Attentes à l’export des PME réalisé par sondage par S-GE a encore progressé pour atteindre 66,1 points au début de cet 1er trimestre 2017, contre 63,7 au dernier trimestre 2016. L’indice est calculé sur la base des attentes des PME au 1er trimestre 2017 et des ventes effectivement réalisées au 4e trimestre 2016. Sa valeur actuelle se situe à un niveau bien supérieur au seuil de croissance (fixé à 50 points sur l’échelle de 1 à 100). C’est le meilleur score atteint par l’indice depuis le 2e trimestre 2014.

Dans le cadre des attentes à l’export des PME, 47% des entreprises interrogées tablent sur une croissance de leurs exportations au prochain trimestre, contre 42% au trimestre précédent; 43% s’attendent à une stagnation de leurs ventes à l’étranger, contre 49% au début du 4e trimestre 2016, et seulement 10% des PME interrogées craignent un recul de leurs exportations, contre 9% au trimestre passé.

«construction 
mécanique, services et industrie de 
précision: plus de sérénité.»

Sur les huit branches prises en considération par S-GE pour établir les Attentes à l’export des PME, six secteurs tablent sur un accroissement de leurs exportations: ce sont les entreprises de la construction mécanique, des services et de l’industrie de précision qui se montrent les plus optimistes au début d’année. Les PME de ces secteurs tablent sur une hausse de leurs ventes de plus de 3%. Les entreprises de l’industrie du papier et des biens de consommation sont plus pessimistes: elles craignent un recul de leurs ventes à l’étranger.

Lukas Gehrig,

Senior Economist, Credit Suisse

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