Publié le: 2 octobre 2015

Initiative «NO BILLAG»: changer de siècle!

L’invité du mois

L’initiative «NO BILLAG» a un objectif simple: supprimer le financement par l’impôt des chaînes de télévision pour le remplacer par un paiement en lien avec la consommation réelle des spectateurs.

Un tel principe ne pouvait pas être retenu lors de la création de la SSR pour des raisons essentiellement techniques. Lorsqu’une télévision captait les ondes du ciel et que le seul moyen de contrôle consistait à enregistrer les appareils, il ne pouvait exister d’autre moyen de financer le service que d’imposer une taxe sur chaque téléviseur plutôt que de vendre des abonnements à la chaîne ou à l’émission. La redevance concrétisait au mieux le principe du consommateur-payeur. La révision du 14 juin, adoptée par une majorité hasardeuse, l’a transformée en véritable impôt, annihilant toute relation entre le prix payé et la consommation, à contresens de tous les développements récents propres à un Etat moderne.

C  ontrairement aux affirmations des partisans du statu quo, le projet proposé aux citoyens avec l’initiative «NO BILLAG» ne vise pas à démolir le service public ou à prendre une revanche supposée sur des médias dont l’orientation politique ne plairait pas aux initiants. Non, l’initiative vise à adapter les médias suisses aux évolutions technologiques et sociales. Comme dans le domaine du livre, du cinéma, de la musique, de l’hôtellerie, des taxis ou du commerce de détail, celles et ceux qui ont cherché par des lois à forcer les consommateurs, à maintenir leur habitudes qui valaient avant Internet se sont tous plantés, avec plus ou moins de gravité. La télévision, et à moindre échelle la radio, seront certainement les prochaines victimes d’Internet si les élus ne réalisent pas que les changements sont plus profonds que le simple transfert de l’image du poste de télévision à la tablette. Ceux qui ne voient qu’un changement de support n’ont rien compris à l’évolution, mais constituent malheureusement une majorité du Parlement fédéral; ils sont aujourd’hui les fossoyeurs des médias de demain.

La technologie a changé, et avec elle, l’offre télévisuelle a autant explosé qu’elle s’est transformée. Les films se regardent à la demande, les événements sportifs s’achètent à la carte. Les téléspectateurs zappent. Evidemment, une telle évolution ne peut que nourrir la discussion sur l’opportunité d’un financement aussi anachronique, que celui que nous connaissons aujourd’hui, des médias publics.

Est-il encore acceptable que ceux qui regardent cinq minutes de programme SSR par mois paient le même montant que ceux qui passent deux heures devant la RTS chaque jour? Clairement, non. Il n’y a aucune raison, alors que l’on est capable de savoir exactement ce que chacun consomme, que les uns paient pour les autres. De la même manière, les CFF remplissent un rôle de service public sans pour autant que chacun paie le même montant, sans égard à sa consommation. De même, les factures de ­téléphone varient en fonction de l’utilisation concrète de chaque utilisateur.

D’aucuns s’inquiètent de la disparition hypothétique de l’offre télévisuelle helvétique, certains parlent même de disparition de la SSR. Aujourd’hui, les ménages élisent des représentants qui leur imposent de verser chaque année 400 francs pour financer ce service. Je ne comprends pas pourquoi ces mêmes électeurs ne continueraient pas à dépenser une somme environ similaire pour leur consommation télévisuelle si celle-ci n’était plus pillée par Billag, mais simplement échangée sur une base volontaire. A croire que les Suisses ne sont d’accord de payer que lorsqu’ils ont un pistolet sur la tempe.

Avec ce genre de réflexion, nous devrions tous être abonnés de force au «Matin», avoir un demi-tarif envoyé automatiquement chaque 1er janvier par les CFF et être inscrits sans discussion au théâtre municipal. C’est évidemment absurde. La SSR percevra toujours de quoi vivre, sans redevance, parce qu’elle saura répondre à la demande de son public et lui vendre ses produits. A défaut, c’est la concurrence des chaînes régionales, comme Canal 9 en Valais, qui pourra alors se battre avec les mêmes armes et contraindre la grande machine à devenir meilleure.

Aujourd’hui, le débat se cristallise autour de la définition du service public. Quelle discussion malsaine! Le contenu du produit doit être défini par la rencontre de l’offre et de la demande, pas par une poignée d’élus siégeant dans des commissions. Comment assurer la réalisation d’un programme qui plaise, tout en remplissant des objectifs d’intérêt public, s’il doit suivre les méandres bureaucratiques du processus législatif? Un programme adapté aux goûts d’aujourd’hui est un programme dynamique, qui puisse être adapté en fonction des goûts, renouvelé selon les nouveaux besoins des consommateurs, et non pas arrêté derrière les portes des séances de l’Assemblée fédérale. Mais pour y arriver, il faut considérer le produit de la SSR comme un service proposé aux citoyens plutôt qu’aux politiciens de Berne.

C  omme trop souvent, le débat sur le financement de la SSR revient à chercher à bricoler des outils du XXe siècle sans comprendre les changements profonds qu’implique la révolution numérique du XXIe siècle. Les Jeunes libéraux-radicaux sont là aussi pour accompagner cette évolution.

Les opinions exprimées dans cette rubrique n’engagent que l’auteur.

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