Publié le: 25 janvier 2019

«J’ai choisi la Suisse pour apprendre»

trajectoire – Tiny Phan, manager vietnamienne, a étudié une année en Suisse et travaillé dans un cinq étoiles. Elle partage ses découvertes et ses impressions.

Elle s’appelle Tiny et admet d’emblée que cela prête à sourire. «C’est vrai que mon prénom est minuscule, mais j’ai beaucoup d’énergie à revendre!» Ce qu’elle prouve toute la semaine en s’activant, en marge de ses études, dans le housekeeping d’un hôtel cinq étoile lucernois.

«J’ai grandi en gérant les services clients pour une entreprise de téléphonie au ViÊt Nam.»

En prenant un thé, elle explique qu’au début de son séjour, ses connaissances en allemand n’étaient pas encore suffisantes pour les valoriser au service. «Chaque chose en son temps! Chaque minute de mon temps libre est désormais consacrée à mes études dans le monde de l’hospitalité.» Cette Vietnamienne de trente ans est arrivée en Suisse il y a un peu plus d’une année, afin d’y suivre une formation complémentaire dans une école spécialisée à Lucerne. «En décembre, j’ai reçu mon premier master lors d’une cérémonie à Zurich. Je devrais recevoir le deuxième tout prochainement.»

Pourquoi la Suisse? Pourquoi recommencer des études quand on a déjà une bonne expérience de manager et de gestion de projets? Que vient-elle chercher en Europe alors que les membres de sa famille au Viêt Nam sont des entrepreneurs confirmés? Et surtout, quelles impressions la Suisse lui a-t-elle laissées? Voici son récit.

Une famille dans les PME

«Avant de venir en Suisse, j’ai beaucoup travaillé comme manager dans les services, où j’ai assez vite obtenu des responsabilités à plusieurs niveaux. J’ai grandi en gérant les services clientèles pour une entreprise de téléphonie au Viêt Nam. Par ailleurs, je viens d’une famille d’entrepreneurs actifs dans le retail. Ma mère n’est de loin pas la seule dans ma famille à avoir ouvert une PME, en l’occurence une chaîne de petites épiceries qui cartonnent!

Pourquoi ai-je choisi la Suisse pour continuer à étudier? Il y a quatre ans, j’avais alors 26 ans, j’ai fait une demande de visa pour étudier en Australie. Quand j’ai vu que le processus prenait deux ans, j’ai annulé ma demande.

«J’ai réussi mes examens!»

Puis, j’ai rencontré une femme sympathique qui m’a suggéré la Suisse pour y suivre un master en hôtellerie et tourisme. J’ai suivi son conseil, votre pays est réputée pour ses formations dans le domaine de l’hospitalité et de la finance. Je me suis inscrite ici à Lucerne et les choses sont ensuite allées très vite.

«Ce qui est nouveau à mes yeux, c’est la culture organisationnelle locale.»

La Suisse est à mes yeux un pays paisible et magnifique – c’est pour moi une impression qui perdure depuis mon arrivée l’année dernière. J’ai vraiment adoré découvrir la neige. Même si après quelques temps, on se dit que l’hiver est vraiment très froid. Et puis, il y a autre chose: je ne peux plus utiliser mon cher vélo! Quant l’été revient, c’est donc encore plus beau. Les paysages sont superbes, et parfois un peu tristes – peut-être parce que j’ai parfois l’ennui de mon pays.

Des montagnes de devoirs!

J’aimerais vous toucher un mot de ma vie d’étudiante à l’école. En tant qu’étudiante internationale, j’ai besoin de m’adapter à mon nouvel environnement. Le système éducatif est très différent de celui que j’ai connu au Viêt Nam. Ici, j’ai cinq mois d’école suivis par six mois de stage. Comme j’étudie l’hospitalité, j’ai eu beaucoup de cours pratiques comme le housekeeping (ménage), le service au restaurant, la cuisine. En deuxième année, j’ai pu me concentrer à plein temps sur mes études. Chaque semaine, je devais affronter une montagne de travaux et de devoirs. J’étais devenu une vraie machine à écrire…

Pendant les périodes de cours, je n’ai eu aucun répit. Mes fins de semaines étaient consacrées à l’étude, à la préparation de papiers et d’exposés. J’étais stressée, mais lorsque j’ai reçu ma note finale, cette pression est retombée d’un seul coup.

J’ai postulé dans un cinq étoiles

Lorsque j’ai effectué mon premier stage en Suisse, ce qui était assez nouveau pour moi, c’est la culture organisationnelle locale. L’école m’a déniché un stage dans un hôtel cinq étoiles dans le canton de Nidwald. Travailler dans un tel cadre est une expérience qualitativement très différente de ce que j’ai connu dans d’autres entreprise. J’ai postulé pour le poste de stagiaire en entretien ménager. Le housekeeping est un travail lourd qui exige beaucoup d’énergie. Cela dit, je trouve que cela vaut la peine de l’avoir fait une fois dans sa vie, juste pour comprendre ce que cela implique. Tous les jours après le travail, on est lessivé. Après six mois de stage, j’ai décroché un emploi à temps partiel et c’est la raison pour laquelle je fais mon deuxième stage dans ce même établissement.

«Il est étonnant de voir à quel point les Chinois qui visitent Lucerne sont devenus nombreux».

Au final, la vie et l’environnement en Suisse sont bien meilleurs que dans d’autres pays. Quand j’ai un jour de congé, je visite le pays. Je goûte aussi à tout ce qui se passe dans cette ville de Lucerne et j’adore me promener au bord du lac, où je ne me retrouve pas vraiment seule: ce qui est étonnant, c’est de voir à quel point les Chinois qui visitent Lucerne sont devenus nombreux.

Je ne sais pas encore ce que je ferai après mes études et mon stage. J’aimerais prolonger cette expérience. On verra, on ne sait jamais ce que l’avenir nous réserve!»

RĂ©cit: Tiny Phan

Adaptation: François Othenin-Girard

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