Publié le: 9 août 2019

Jeter des ponts durables

green building suisse – L’association – bureau spécialisé et plate-forme de connaissances pour le remplacement et la rénovation de bâtiments – promeut la construction durable de manière pratique et libérale.

La Suisse est un petit pays dont la population ne cesse de croître. Nous exigeons de plus en plus d’espace pour l’habitat et en même temps nous disposons d’un parc immobilier obsolète, que nous ne rénovons que de manière insuffisante. Le taux de rénovation est inférieur à 1%. En outre, le parc immobilier est responsable d’environ 40% de la consommation d’énergie et d’une grande partie des émissions de CO2. Pour sortir de cette situation insatisfaisante, il faut une densification durable.

«Si nous voulons mettre un terme à l’étalement urbain croissant à la campagne, traiter les sols avec soin et continuer à offrir un cadre de vie attrayant, nous ne pouvons le faire qu’au moyen d’une construction durable et dense», explique Sibylle Brunner, directrice adjointe de l’association Green Building Suisse. Une structure qui sert de trait d’union entre les différents acteurs dans le cadre d’une construction durable et dense.

«Nous mettons en réseau les politiciens, les architectes, les planificateurs, les conservateurs et les entrepreneurs en construction et nous encourageons activement les échanges et les débats afin d’éliminer les préjugés et d’ouvrir la voie à la coopération, lance-t-elle. L’objectif est de trouver ensemble des solutions qui tiennent compte de la culture suisse du bâtiment et qui répondent aux besoins énergétiques et humains.»

Cependant, de nombreux Suisses ont encore beaucoup de mal à aborder le thème de la densification. «La construction, c’est encore la satisfaction des besoins humains, tant fonctionnels que sociaux, psychologiques et culturels. le mode de vie, le quartier, le bien-être, explique-t-elle. Il n’est donc pas surprenant que les craintes et le scepticisme prévalent lorsqu’il s’agit de sujets de concentration. D’où la peur de devoir accepter une perte de qualité de vie. Néanmoins, ici comme ailleurs, les acteurs s’ouvrent progressivement à une modernisation du parc immobilier suisse.

Durabilité et image

Les bâtiments durables offrent de nombreux avantages pour les constructeurs, les exploitants et les utilisateurs. D’une part, la qualité de la construction est meilleure et la fiabilité de la planification plus élevée. Si les concepts sont optimisés, les coûts d’exploitation (énergie, nettoyage, entretien) peuvent être réduits.

«L’augmentation du confort et la baisse des coûts accessoires pour les utilisateurs du bâtiment augmentent les opportunités de commercialisation de la propriété. Les propriétaires et les utilisateurs peuvent ainsi enregistrer un gain d’image positif», ajoute Sibylle Brunner. En particulier dans les centres urbains, la construction durable est une question d’actualité. Les aspects liés à la durabilité sont abordés très concrètement dans les communes dans le cadre des révisions des plans d’aménagement et dans tout ce qui touche à l’aménagement du territoire.»

Des labels Ă  foison

Green Building Suisse adopte une attitude neutre et recherche l’objectivité face aux différents labels comme Minergie, Standard Nachhaltiges Bauen SNBS, 2000-Watt-Areal, LEED, BREEAM et DGNB.

«La création d’un ensemble homogène de règles et de catalogues de critères pour la planification, la construction et l’exploitation des bâtiments conduit à la clarté et à l’égalité entre les différents acteurs, lance-t-elle. De plus, les labels ont aussi déclenché un processus d’apprentissage dans le domaine de la construction durable.»

«la Confédération et les cantons ne doivent pas sombrer dans une frénésie réglementaire.»

Entre-temps, les labels sont devenues la norme dans l’industrie suisse de la construction. «Afin d’avoir une vue d’ensemble des différents labels de développement durable aux niveaux international, national et régional, Green Building Switzerland, en collaboration avec son membre pom+, a développé le Quick Check Label Finder. Le site permet d’obtenir des informations claires dans cet univers complexe.

Eviter la frénésie réglementaire

La tendance durable a investi tout le champ politique. Pour Sibylle Brunner, clairement, la Confédération et les cantons ne doivent pas sombrer dans une frénésie réglementaire. «La discussion doit être concrète, proche de la population et du marché. Les entreprises ont besoin de conditions-cadres adéquates pour pouvoir exploiter de manière optimale leur potentiel d’innovation dans le domaine de la construction durable. Nous essayons d’aider nos membres.»

L’association est représentée à Berne par le conseiller national Peter Schilliger (PLR/LU) et CEO de Her­zog Haustechnik AG. Ce dernier assure la mise en réseau optimale de l’association sur le plan politique. «Avec le conseiller national Schilliger, nous nous engageons pour que la tournant énergétique se traduise par des impulsions dans la branche de la construction en Suisse.»

La révision totale de la loi sur le CO2 est une question politique importante pour Green Building Suisse. «Il est crucial dans cette discussion que l’industrie ne soit pas accablée par des restrictions supplémentaires en matière de CO2,souligne-t-elle. En Suisse, la productivité doit être maintenue.»

«La discussion doit être concrète, proche de la population et du marché.»

L’association est également active en tant qu’intermédiaire dans le cadre de la révision l’Inventaire fédéral des sites construits d’importance nationale à protéger en Suisse (ISOS) et encourage le dialogue entre les différents groupes d’acteurs. Green Building Suisse a également accompagné la révision totale de la loi fédérale sur les marchés publics.

«Un changement de système a eu lieu, se réjouit-elle. A l’avenir, ce n’est plus le prix qui sera décisif, mais la qualité des offres qui sera déterminante pour la procédure d’attribution. Des critères comme la durabilité seront donc davantage pris en considération que par le passé. A notre avis, il s’agit d’un pas dans la bonne direction».

Des incitations pour l’économie

L’association représente l’attitude politique selon laquelle, dans l’ensemble du secteur de la construction durable et de l’immobilier, les systèmes d’incitation adéquats doivent être créés. «Cela signifie qu’il faut abandonner le système des subventions au profit de mesures incitatives qui favorisent l’économie», raisonne-t-elle. Le secteur suisse de la construction et de l’immobilier reste toutefois confronté à des défis, en particulier dans le domaine de la construction durable. «Il est important d’innover et de s’affirmer dans les tensions qui existent entre le prix abordable, la qualité, l’esthétique et les exigences psychologiques et culturelles de la vie, conclut Sibylle Brunner. Pour être en mesure de relever les défis, il sera essentiel à l’avenir de rechercher un dialogue constructif entre tous les acteurs politiques, économiques et population. Ce n’est qu’ensemble que nous pourrons planifier et créer un paysage suisse durable.»

Corinne Remund

Tendance marquée, les constructions durables. Pour relever les défis, Sibylle Brunner prône un dialogue constructif entre les acteurs politiques, économiques et la population. Photo: Ricardo Gomez/Unsplash

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