Publié le: 5 juin 2020

L’industrie sort du brouillard

ÉTAT DES BRANCHES – Le point avec des responsables dans les secteurs de l’imprimerie, des machines et du domaine électrique: tous espèrent que leur activité pourra reprendre rapidement, retrouver une meilleure productivité en assurant le mieux possible cette phase de transition.

Nous avons fait le tour des différents secteurs industriels dont voici un premier extrait avec des impressions actualisées concernant un centre d’impression situé à Porrentruy, un grand groupe international actif dans l’industrie de la machine et une société électrique.

Thomas Schaffter, directeur du Centre d’impression Le Pays SA à Porrentruy.

Reprise: «Notre activité d’imprimerie et de réalisation publicitaire n’a jamais cessé totalement dans la mesure où notre organisation et nos ateliers permettaient de poursuivre la production tout en respectant les mesures barrière imposées par les autorités publiques. Mais une réduction brutale de l’activité économique a eu pour conséquence une diminution importante des commandes. Depuis ce début du mois de mai, nous observons une légère reprise des activités de nos différents partenaires et clients, mais la prudence reste de mise et les perspectives sont très difficiles à évaluer.»

Organisation: «Dans la semaine qui a suivi la fermeture des établissements publics le 16 mars dernier, nous avons mis en place une réduction partielle de l’horaire de travail (RHT). Cette adaptation rapide nous a permis d’assurer toutes les commandes en cours, tout en anticipant le fort ralentissement de notre économie.

Fort heureusement, nous disposons d’éditions régulières qui ont été maintenues, même si leur fréquence de publication a été également revue à la baisse. Nous avons donc pu constamment répondre à notre clientèle encore en activité.»

Il a appris: «Cette période est inédite et est survenue de manière brutale. Les mesures sanitaires qui ont été rapidement mises en place ont été judicieuses et à aucun moment nous n’avons hésité à privilégier la protection de la santé plutôt que l’activité économique. Pour ceux qui en doutaient, cette crise a rappelé la fragilité d’un système que l’on croyait inébranlable. Espérons que nous tirerons des enseignements de tout cela, que la consommation locale et la production indigène en ressortent renforcées!»

Stefano Bianchi, Groupe Bobst, responsable des finances du groupe et des relations aux investisseurs.

Organisation: «Nous avons mis la plupart de nos entités de production en activité minimum pendant environ 3 semaines et avons initié la réouverture qui est progressive et spécifique à chaque pays. Les employés engagés dans le support à distance des employés et certains employés administratifs ont continué leur activité.»

Mesures: «Chômage partiel pour une partie des employés, spécialement ceux qui ne pouvais travailler à distance. Revue des coûts et des projets. Aménagements pays par pays selon les recommandations locales. Dans tous les pays les personnes à risque restent en télétravail ou portent un masque. Pas ou très peu de voyages pour l’instant. Réunions de préférence par Skype, bureau, salle de meeting et cantine aménagés pour respecter la distance sociale. Distribution de masques et gel hydro-alcoolique. Désinfection deux fois par jour des poignées de porte.»

Clients et fournisseurs: «Nous restons en contact et continuons de les supporter activement, spécialement vu que nous servons entre autres des industries essentielles comme la pharma et la nourriture. Le dialogue avec les clients continue et la vente également. Exportation de machines très limitée, exportation de pièces possible.»

Reprise: «Nous avons déjà initié la réouverture. Nous devons assurer la reprise tous en respectant les consignes de santé de chaque pays. A part en Chine ou l’activité est maintenant proche de la normale, comme nos techniciens ne peuvent pas voyager, nous n’avons que peu d’installation de machines.»

«ce sont les entrepreneurs et ceux qui paient les impôts qui paieront encore une fois la facture!»

Retour à la normale: «Difficile à dire, mais nous visons une situation proche de la normale dès juin.»

Collaborateurs: «Nous n’avons pas eu de licenciements. Le chômage partiel a été demandé au cours de la deuxième partie de mars, mais nous ne communiquons pas le nombre d’employés concernés.»

Aide à la liquidité: «Nous ne l’avons demandée, car nous disposons d’un coussin de liquidité suffisant même pour une crise sévère.»

Alain Guttmann, patron (repreneur) de CIEL Electricité (aussi membre du Conseil d’administration du Groupe Bobst/ci-dessus).

Situation: «Elle fut très difficile, car nos collaborateurs avaient peur en raison de toutes les informations alarmantes et disproportionnées véhiculées par les médias. Tout cela est très coûteux pour l’entreprise qui doit assurer les trente premiers jours.»

Aménagements: «Des RHT pour 60 à 80% des collaborateurs et un prêt Covid (10% du CA) que nous avons obtenu. Tout a été mis en application, y compris port de masques systématique et télé travail pour les indirects.»

Sortie de crise: «Nous souhaitons la reprise la plus rapide possible des chantiers. Par contre, il y a des difficultés à faire appliquer à 100% les gestes barrières. Nous observons une baisse de la productivité liée aux recommandations de l’OFSP.»

Structure de l’entreprise: «Nous n’allons pas pouvoir récupérer les pertes, que j’estime de 5% à 7% du CA, alors que la rentabilité est entre 2% à 3% du CA. Il faudra donc deux à trois ans pour récupérer et rembourser. Les frais fixes et coûts de structure demeurent pour une activité fortement diminuée. Les charges sociales de 22% de la masse salariale continuent à être payé par l’employeur. Sur une échelle de douleur de un à dix, je dirais que nous en sommes à quatre.»

Clients et fournisseurs: «Communication presque hebdomadaire sur la situation. 80% de la chaîne d’approvisionnement est assuré. Nous notons des difficultés d’approvisionnement des produits chinois.»

«Nous souhaitons la reprise la plus rapide possible des chantiers.»

RH: «Il y a eu des licenciements dans l’exploitation et indirects. Le chômage partiel a été demandé depuis le 15 mars pour 150 sur 200 employés.»

Aide à la liquidité: «Nous en avons obtenu une.»

Opinion personnelle: «Faire autant de dégâts sociaux et économiques pour une grippe! L’homme doit vivre avec l’acceptation de la mort, surtout si elle touche des populations à risque à un âge médian de plus de 80 ans. C’est déjà arrivé et ça arrivera encore. J’ajoute que les politiciens et médecins ont une très lourde responsabilité dans tout ce gâchis et ils n’auront malheureusement aucun compte à rendre. C’est les entrepreneurs et ceux qui paient les impôts qui paieront encore une fois la facture.»

Propos recueillis par

François Othenin-Girard

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