Publié le: 1 juin 2018

LE POINT DE VUE POLITIQUE D’UN ENTREPRENEUR

L’inventeur qui relance la production

innovation – Gilbert Sonnay a inventé un concept original pour le traitement de l’eau et développé 
son activité depuis 35 ans. Sonatec a été primée. Mais depuis peu, l’entrepreneur a décidé 
de rationaliser sa production. Actuellement, l’entreprise vit à cheval entre deux cantons. Une situation complexe.

Ses premiers brevets ont 32 ans! Et lorsque nous sommes allés le voir sur son nouveau site de production flambant neuf à Billens (FR), nous aurions avoir affaire à un jeune entrepreneur qui venait de se lancer. Peu à peu, toute la production, réalisées jusqu’ici sur deux sites différents, sera regroupée dans un seul atelier. C’est dire si l’expression «j’y crois et je recommence» ont un sens pour Gilbert Sonnay. Comment tout cela a-t-il commencé?

«Notre invention a été développée avec un chimiste, un physicien de l’EPFL et un mécanicien de précision, puis testée durant de nombreuses années, explique Gilbert Sonnay de Lucens. Le modèle est naturel, il fonctionne sans sels, sans gazs, sans produits chimiques, poursuit-il. Il est basé pour l’essentiel sur la MHD (magnétohydrodynamique), donc l’angle et la vitesse prise par l’eau par rapport à des champs magnétiques. Le calcium et le magnésium restent à l’état 
ionique et ne sédimentent pas.» On vous épargne des dizaines de pages d’algèbre!

«à force de bricoler, j’ai développé mes intuitions…»

La conclusion vaut son pesant d’or bleu: «En maîtrisant la germination, nous sommes progressivement parvenus à éviter à 80% la déposition de calcaire et empêcher à 98% la corrosion. Les concurrents n’y sont pas parvenus, car leurs travaux sont basés sur un modèle théorique différent.» Honnête, il précise: «Si j’ai bénéficié de travaux théoriques préexistants, j’ai en revanche inventé tout seul la propriété antirouille de mon système.» Trois décennies durant, Gilbert a tout vécu. Se redressant sur sa chaise, il raconte un épisode plutôt traumatisant. «En 1989, je vendais 10 000 appareils en Suisse et dans les pays limitrophes, France, Benelux, Allemagne, Italie. À cette époque, je travaillais avec des grossistes. Un beau jour, ces derniers ont voulu m’obliger à leur donner mes brevets. J’ai refusé, bien sûr. Mais la faillite était inévitable…»

La guerre des brevets 
a eu lieu

Les brevets lui appartenaient. Gilbert Sonnay avait investi ses propres économies, avec sa maison et tout le reste. «Je me suis senti frustré, coincé et trahi, c’était atroce!» Coup de chance dans ce désastre total: un an auparavant, cet intuitif Broyard avait placé ses brevets au nom d’un ami en lequel la confiance était totale. Cela le sauve, lui permettant de redémarrer à toute petite échelle. «J’ai commencé par vendre des appareils américains qui ne marchaient pas très bien. À force de les bricoler, j’ai développé mes intuitions sur les raisons pour lesquelles, dans certains cas, cela ne marchait pas: dureté de l’eau, vitesse, largeur du tuyau, la liste est longue.»

Champs entiers Ă  explorer

Les installations du système Sonatec font passer de l’eau en spirale dans des minitubes, toujours à la même vitesse, tout en maîtrisant les débits variables. C’est sur cette base que l’appareil est construit. Une soupape de régulation entre les tubes permet de maîtriser les débits variables face aux débits fixes. Le dispositif dans son ensemble offre égale­ment une filtration composée de membranes fines et de charbon actif permettant de filtrer les produits issus de 
matières plastiques et les différents chlorures, entre autres. Une installation coûte environ 4500 francs avec pose et mise en service pour une villa. La démarche implique aussi une bonne part de réglage chez l’utilisateur. «Nous faisons des tests d’équilibrage et de précipitation en fonction de l’eau à traiter chez le client, explique-t-il. De plus, la pression de l’eau, la température, le diamètre du tuyau, le frottement de l’eau dans le tuyau en fonction du débit, l’utilisation de matières plastiques ou d’acier, chacun de ses facteurs pris isolément peut créer des variations. En bref, chaque robinet est un monde différent.»

Observer, déduire: 
ses gammes

Et on continue à tester, à expérimenter, à essayer. «Au grand dam de mon entourage, des amis, de la famille qui… finalement se mettent eux aussi à y croire.» Selon Gilbert Sonnay, il reste un gisement de potentiels d’amélioration de 30% à chercher dans des domaines hybrides comme la physiologie humaine, les matériaux, la géobiologie, la radiesthésie et pourquoi pas, la mémoire de l’eau. Ne rien exclure, observer, 
observer, observer encore, déduire, réessayer et retenter le coup.

François Othenin-Girard

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