Publié le: 3 juillet 2020

L’usam s’active en coulisse

A LA MANŒUVRE – Du fameux coup de frein de mars au «Smart Restart»: l’association faîtière des PME et ses partenaires dans les cantons et les métiers ont tiré leur épingle du jeu lors de cette crise sanitaire. Avec quelques succès politiques à la clé.

Au moment de ce bilan intermédiaire, douze semaines se sont écoulées depuis le 16 mars – autant dire une période intense pour tous et à l’usam aussi. Les intérêts des PME sont mis au premier plan lorsque le comité directeur de l’usam, son bureau administratif et les membres de toutes les associations partenaires – associations cantonales et professionnelles – concentrent toutes leurs énergies et se soutiennent mutuelle­ment!

Coopération intensive

En raison des interdictions dues à la crise sanitaire, il est vite devenu évident que le Congrès de l’usam ne pourrait pas se tenir. Conséquence: pas d’élections pour la présidence et Jean-François Rime a dû prolonger son mandat.

Autre mesure: dès le 18 mars, plusieurs conférences téléphoniques ont été mises en place pour maintenir le lien et passer à l’action. Les membres du comité directeur de l’usam ont ainsi pu échanger infos et points de vue sur cette crise et son évolution. Au total, huit rencontres au cours de cette crise sanitaire.

Il en est allé de même pour la conférence qui réunissait les directeurs et les secrétaires de nos associations cantonales. L’occasion de procéder à divers «tour de table» pour prendre connaissance de la situation détaillée dans chaque canton et d’échanger également des informations. Faire remonter et redescendre l’information, prendre le pouls du terrain. L’idée était d’intégrer le plus tôt possible à la vue d’ensemble les problèmes qui se sont posés dans les régions, de telle sorte que le comité directeur puisse intégrer cette grande diversité dans le processus politique.

A cela se sont ajoutées diverses conférences thématiques selon les dossiers. Et peu à peu, un tableau sombre s’est dessiné, avec des branches sinistrées et parfois beaucoup de désespoir.

Du pain sur la table

En parallèle, le bureau de l’usam, dirigé par le directeur Hans-Ulrich Bigler, a lui aussi mouliné à plein régime. A partir du 16 mars, ce dernier a représenté les intérêts des PME presque quotidiennement lors de conférences téléphoniques en fin d’après-midi avec la direction du travail du Secrétariat d’Etat à l’économie (Seco). L’occasion de faire remonter au plus haut niveau les constats effectués sur le terrain, à savoir l’ambiance morose, la consternation et les énormes préoccupations et difficultés que les représentants des entreprises lui font directement connaître – par des très nombreux messages, e-mails, coups de fils.

De plus, Jean-François Rime et Hans-Ulrich Bigler ont représenté l’usam lors de diverses réunions avec les conseillers fédéraux Guy Parmelin, Alain Berset et Simonetta Sommaruga afin de rappeler et d’expliquer les réalités des PME.

Une carte complexe et actualisée

Parmi les collaborateurs de l’usam, Henrique Schneider, adjoint de Hans-Ulrich Bigler ainsi qu’Alexa Krattinger, responsable de la politique financière et fiscale, ont analysé au jour le jour les différentes étapes et les conséquences économiques des mesures prises. Dieter Kläy, expert du marché du travail, a dressé et tenu à jour un véritable panorama évolutif de toutes les informations pertinentes pour les employeurs sur la crise sanitaire. Et ce en un temps record. Le site web de la l’usam a littéralement été pris d’assaut par les responsables de PME à la recherche d’infos pratiques et actualisées. Du côté de la formation professionnelle, c’est Christine Davatz qui a veillé à ce que les apprentis ne soient pas libérés sur le marché du travail sans une qualification adéquate. Et l’expert en politiques sociales, Kurt Gfeller, a quant à lui exploré les conséquences de la crise sur l’assurance sociale.

Une lettre de choc

Très vite, on s’aperçoit que le blocage est extrêmement dommageable pour les PME et pour des pans entiers de l’économie. Le besoin d’aide est criant. Dans la matinée du 16 mars, avant même que le Conseil fédéral ne décrète le verrouillage, la direction de la l’usam salue expressément l’action décisive des autorités dans une lettre adressée au ministre de l’économie, Guy Parmelin. En même temps, sous le slogan «Les PME d’abord», elle demande un soutien dans le domaine du chômage partiel – à savoir une extension et aussi pour les travailleurs indépendants et les petites ou micro-entreprises – ainsi que pour les personnes indirectement concernées, comme les techniciens dentaires, qui souffrent également de l’interdiction de fait de travailler pour les dentistes du jour au lendemain.

L’usam souligne également le danger d’un manque imminent de liquidités et demande que toutes les entreprises concernées, quelle que soit leur forme juridique, aient accès au soutien. Car une chose est claire: les PME touchées par les interdictions officielles sont tombées dans la plus grande crise depuis des décennies sans être responsable de cette situation.

Les cerises du lobbying

Le succès des interventions de l’usam ne s’est pas fait attendre. En évitant (1) que les prêts soient liées aux bénéfices des entreprises et (2) de devoir payer des intérêts moratoires. Le département des finances voulait imposer un taux compris entre 0,5% et 1% – ce qui était inacceptable (lire aussi p. 8).

Sur le plan politique suivit la reprise des activités du Parlement à la BEA de Berne pour une session spéciale de trois jours. Le «Smart Re­start» développé par la l’usam rencontra un certain succès: la conseillère nationale Daniela Schneeberger (PLR/BL) et le conseiller aux Etats Erich Ettlin (PDC/OW) ont déposé des motions dans ce sens, acceptées par le Parlement.

Le travail de lobbying de la l’usam a porté ses fruits: le «Smart Restart» est devenu réalité début mai: le 11 mai, deux secteurs particulièrement touchés, commerce de détail et la restauration, ont pu reprendre leurs activités. L’économie remonte à la surface. Il faudra du temps pour compenser cette crise sanitaire.

«Cette évolution positive montre de façon presque exemplaire comment l’influence de l’usam – le lobbying discret en coulisses – mène au succès», conclut Hans-Ulrich Bigler. Enfin, la direction de la l’usam peut à nouveau s’offrir un vrai week-end.

Gerhard Enggist.

Adaptation: JAM

coup de projecteur

Les documents façonnés durant la crise sanitaire

Au cours de la crise sanitaire, l’usam a façonné le débat avec les idées suivantes et les documents correspondants.

• «Smart Restart»: dès le 7 avril, l’usam appelle à une logique de protection ciblée pour la période postérieure au 26 avril. Les personnes particulièrement vulnérables devraient bénéficier d’une protection spéciale, tandis que la majorité de la population devrait progressivement reprendre ses acti­vités habituelles, en fonction de la situation épidémiologique.

De manière ascendante et coordonnée par la l’usam, différentes associations industrielles soumettent au Conseil fédéral des concepts pour la reprise progressive de leurs activités et lui montrent comment peut se dérouler un «redémarrage intelligent».

• «Programme d’action»: le 27 avril – après la transition vers une logique de protection ciblée tenant compte de la situation épidémiologique – l’usam en appelle à un soulagement durable de l’économie, à un renforcement ciblé des conditions-cadres et à l’évitement systématique de nouvelles charges sur les PME.

• «Disjoncteur»: plan d’urgence pour faire face à une éventuelle deuxième vague. Un nouveau verrouillage doit être évité, tout comme une nouvelle édition de l’expérience ratée de «microgestion par l’Etat».

• «Vitalisation du marché intérieur et positionnement à l’international»: pour sortir le plus rapidement possible de la crise et maîtriser les défis actuels et futurs: «La Suisse a besoin d’un programme à long terme pour dynamiser son marché intérieur et se positionner sur le plan international.

Cette approche met l’accent sur la politique réglementaire, car celle-ci permet de réaliser la croissance par ses propres efforts. Les éléments du programme sont la responsabilité fiscale, une fiscalité faible, un marché du travail flexible, la sauvegarde du bien-être social, le renforcement de la formation professionnelle, la réduction des coûts réglementaires inutiles et la relance de la liberté d’entreprendre. (En)

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