Publié le: 8 mars 2019

l’édito

La Suisse n’est pas la Silicon Valley

A en croire les slogans de la gauche, relayés sans cesse par de nombreux médias suisses, la Suisse serait un pays en voie de développement où prévaudraient des conditions de vie «insoutenables». Nos romantiques sociaux rouges et leurs amis des syndicats peignent le diable sur la muraille une fois de plus. Ils estiment que le congé de paternité relève d’une nécessité urgente. Leur demande – 20 jours de congés supplémentaires pour les jeunes pères – s’est traduite par une initiative populaire «Pour un congé de paternité raisonnable – au bénéfice de toute la famille».

L’usam rejette bien entendu ce projet, de même que la contre-proposition indirecte émanant de la Commission de la sécurité sociale et de la santé publique des Etats (CSSS). Cette dernière exige un congé de paternité de deux semaines.

Or ces «conditions insoutenables» existent bel et bien dans la politique sociale suisse. Osons le dire, nos institutions sociales se trouvent en effet dans une situation financière désastreuse! L’assurance invalidité et l’assurance chômage cumulent des dettes à hauteur de milliards de francs. Rien que pour l’AVS, il faudra combler un déficit de financement annuel d’environ huit milliards de francs d’ici 2030.

Le taux de conversion minimal des caisses de pensions est fixé à un niveau bien trop élevé. Cela pose des problèmes considérables, en particulier pour les institutions de retraites qui couvrent principalement le domaine obligatoire du 2e pilier. Les primes d’assurance maladie continueront d’augmenter régulièrement.

Plus d’Etat-providence dans ce contexte est une proposition absurde que rien ne peut justifier. Avant même d’envisager d’autres mesures d’expansion, les politiciens doivent se concentrer sur la sauvegarde des avantages existants. L’introduction du congé de paternité entraînerait inévitablement des coûts salariaux plus élevés, ce qui aurait des conséquences inévitables et excessives pour les PME. Pour celles-ci, souvent de petites, voire de très petites structures, les dépenses supplémentaires constitueraient à elles-seules un grave problème.

Tout aussi grave, les absences supplémentaires que l’introduction d’un tel congé engendrerait. Contrairement aux multinationales, les PME disposent d’effectifs limités. Lorsqu’un employé n’est pas à son poste, cela implique très vite des difficultés d’organisation. L’usam s’oppose à ce projet, car il créerait plus d’absentéisme.

La précipitation des grandes entreprises –comme Novartis, mais aussi des entreprises publiques suisses comme La Poste Suisse ou Swisscom, à se jeter dans le congé de paternité – fait peine à voir. Elles ne tiennent pas compte de la réalité des PME et accordent à leurs employés un congé paternité: il est même de 14 semaines chez Novartis – ce qui est incroyable! Car le sort des grandes entreprises est lié à celui des petites.

Je me demande bien pourquoi, dans ce contexte, nos PME devraient continuer à défendre les intérêts de multinationales comme Novartis – qu’il s’agisse du prix des médicaments ou des taux de l’imposition fiscale. Rappelons-nous que la Suisse n’est pas une Silicon Valley! Et que dans les circonstances actuelles, il n’y a aucune raison d’imiter de tels modèles.

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