Publié le: 14 août 2020

Lausanne-sur-Naxos en berne

HÔTELLERIE DE VILLE – En résidence d’été à Naxos en Grèce, l’île d’origine de sa mère, Yannis Gerassimidis, ancien directeur et consultant de l’Hôtel Continental, scrute le microcosme lausannois. La clientèle d’affaires a disparu.

Les échos de la vie hôtelière suisse romande lui parviennent de manière bien atténuée à Naxos. Yannis Gerassimidis, le charismatique ex-directeur de l’Hôtel Continental continue de s’activer, comme consultant désormais, dans son ancien navire – qui appartient comme tout le monde le sait dans le microcosme, à la famille Manz. Comme chaque année, le Grec passe une partie de l’été dans son île préférée. Il vient de recevoir les résultats de l’hôtellerie lausannoise. Plus tôt, le 11 juillet dernier, il a appris la fermeture à Genève de l’Hôtel Richemond, le cinq étoiles qui a licencié son personnel avec fracas. Cela le rend triste et il le dit.

Quid de Naxos? «Les choses vont mal ici aussi, de nombreuses réservations sont annulées et la clientèle de Suédois, Americans et de Hollandais manque clairement à l’appel. En revanche, de nombreux Allemands et Français sont là. Les Suisses aussi sont bien présents – qui ont rénové l’une des 150 églises de Naxos – Aghia Kyriaki – un édifice byzantin du 7e siècle.»

La vieille dame olympique

Nous avions déjà appelé Yannis tout début juillet: l’hôtellerie lausannoise était dans une impasse, même si on percevait la situation comme moins désespérée qu’à Genève. Vieille dame olympique, Lausanne pouvait en outre toujours compter sur un petit segment de clientèle d’Outre-Sarine.

«Nous ouvrons pour contenir ou réduire les pertes, mais les baisses de prix sont obligatoires», commentait alors Yannis Gerassimidis. Beaucoup de points d’interrogations dans sa voix. Parmi les points positifs, ce «Gréco-Romand», comme il se présente lui-même, relevait que les séminaires marchaient relativement bien – compte tenu de la situation sanitaire. Et, en fin observateur, que les magasins de montres de luxe semblaient attirer plus de clients qu’à Genève.

Un mois plus tard, où en est-on? «Après avoir ouvert le 8 juin, nous avons réalisé un taux d’occupation de 15,8% en juin et de 26,3% en juillet. Pour l’ensemble des établisse­ments de l’hôtellerie lausannoise, soit 40 hôtels ouverts sur 50 environ, le taux d’occupation en juin s’élèvant à 26,3%. Les chiffres de juillet ne sont pas encore disponibles.»

Voyages en cale sèche

Le «Continental» est situé en face de la Gare de Lausanne avec une clientèle d’hommes d’affaires en semaine. Mais pour ces employés, les voyages sont soit interdits, soit validés au compte-goutte. Les grandes entreprises de la région – les Nestlé, Philip Morris, Nespresso, Accenture … représentent environ 40% de son taux d’occupation.

Cet été, l’hôtel lausannois accueille 85% de clients suisses: «Comme il s’agit le plus souvent d’Alémaniques qui arrivent tard et repartent tôt afin de poursuivre leur périple, seuls deux sur dix prennent leurs petits-déjeuners sur place. Nous avons donc fermé la salle des petits déjeuners et proposons aux clients de se rendre au Pain Quotidien, un bar-boulangerie qui se trouve à l’intérieur de l’hôtel.»

Et ailleurs: Bâle, Zurich, Lucerne?

Selon Alexander et Michael Manz – et cette information nous est transmise par Yannis Gerassimidis – la situation dans la quinzaine d’autres établissements du groupe Swiss Hospitality Collection, situés à Bâle, Zurich, Lucerne et ailleurs, s’avère comparable à celle de Lausanne. «Leur indice de réservation global indique pour le mois de juin entre un huitième, voire un neuvième des réservations enregistrées pour la même période en 2019.»

Investir dans la formation

Quelles sont les perspectives pour la suite? «Elles ne sont pas brillantes: actuellement, il y a très peu de réservations, soupire le Grec. D’habitude, à pareille époque, nous avons déjà la moitié du taux d’occupation pour la période de septembre.»

Autant en profiter pour se consacrer à la formation. Comme la place ne manque pas, Yannis Gerassimidis soutient Egidio Marcato, ex professeur de l’école hôtelière de Glion, ami de longue date et cofondateur du concours du meilleur réceptionniste suisse – pour l’ouverture d’une classe spécialisée pour des réceptionnistes de toute la branche – car la seule école en Suisse romande est fermée!

Miser sur la culture de l’accueil en Suisse, voilà qui doit être bien inspirant quand on se trouve à Naxos et que l’on pense à Lausanne!

François Othenin-Girard

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