Publié le: 7 septembre 2018

Le prince des bulbeuses

perroy (vd) – Pontus Wallstén est à la tête d’une petite pépinière sur la Côte. Il connaît 
tout ou presque des fameux Lilium. Il vient du reste de publier un livre sur ces beaux lys.

Si vous êtes un jardinier curieux, vous avez certainement déjà sympathisé sur un marché vert avec Pontus Wallstén et ses drôles de plantes. Parmi elles, des quantités de lis, bien sûr, passion de ce cinéaste, photographe et journaliste qu’aucune tendance familiale – hormis une grand-mère suédoise qui aimait les oiseaux et les fleurs, dont celles des Lilium – ne prédisposait à la fièvre verte.

Après s’être successivement passionné pour les dinosaures, pour les oiseaux puis pour les papillons, c’est vers les fleurs, notamment les plantes à bulbes, que s’était tourné le jeune Pontus. Et en particulier vers les lys, conséquence d’un coup de foudre vécu chez Schilliger pour un bulbe de ‘Connecticut King’: «La fleur, sur la photo du sachet, était si incroyablement belle ..., se souvient le jardinier trentenaire à la voix grave et tranquille. Je me suis dit ça, ça doit être difficile; il faut que j’essaie. Le côté défi, et par la suite le réseau d’échanges avec d’autres collec­tionneurs m’ont plu.»

Du Canada à l’Oregon

Vingt ans plus tard, à la tête d’une petite pépinière spécialisée et fort d’innom­brables voyages, échanges de connaissances et de bulbes – «60% de ces plantes sont introuvables dans le commerce» – avec un réseau mondial d’autres passionnés, le jeune spécialiste a récemment écrit et édité une monographie consacrée aux lys. En anglais: les pays anglophones ont développé une culture dans ce domaine sans ­commune mesure avec ce que l’on trouve en Suisse. Au Canada, et encore plus aux Etats-Unis, quasiment chaque état a sa société spécialisée dans les lys! Pontus Wallstén ne compte ainsi plus ses séjours en Oregon et dans l’Etat de Washington, où d’énormes fermes multiplient ces végétaux non pas sur quelques ­dizaines de mètres carrés, mais par rangées de 100 000 plants … «Les conditions là-bas sont bonnes: hivers froids, printemps et automnes pluvieux, et étés chauds.»

Un bulbe à 15 fleurs

De ces plantes, Pontus connaît tout: leur origine, leur rareté, leur résistance au froid, la profondeur de plantation idéale, l’aspect de leurs bulbes aussi bien que celui de leurs fleurs, et bien sûr les petites préférences et exigences de chacune en matière de terrain, de climat, de lumière ... «L’année passée, la dernière plante a fleuri le 28 novembre, se rappelle le pépiniériste, sans l’ombre d’une hésitation. Avant de s’arrêter devant un bulbe d’origine asiatique, dont il se souvient tout aussi par­faite­ment des 15 fleurs écloses en 2017: «Chacune durant une semaine, ce lis a donc fleuri durant deux mois!»

Paradis perrolan

Dans son jardin de 300 m2 niché au cœur de Perroy (VD), à une altitude de 400 mètres, les floraisons se succèdent tout au long de la belle saison – et même un peu avant, avec les perce-neige, et un peu après, avec les derniers lys. Lys qui dominent le débat, certes, mais voisinent donc avec des quantités d’autres plantes, et notamment beaucoup de «bulbeuses» – certaines familières, à l’image des narcisses, la plupart peu connues, comme les parisettes, eucomis, arisémas et autres cousins des arums.

Lutte contre les mauvaises herbes et, surtout, contre les rongeurs oblige, le jardinier installe de plus en plus ses protégées dans des plates-bandes surélevées, formées de caissons en bois, avec un grillage par-dessous. Ce qui permet aussi de proposer à chacune un substrat adapté. Tourbeux-acide, sablonneux-pas-trop-riche, chaque section a son terreau, mais aussi son thème: Japon, Russie, sous-bois, Corée, parfums, Canada ...

 

Le créneau des balcons

Petits tableaux au décor soigné, ces jardins de présentation rassemblent des espèces qui poussent ensemble à l’état sauvage, tandis que rosiers, pavots, pivoines, daphnés, vivaces et arbustes divers, accompagnent les bulbeuses au fil de l’année. «De telles potées sont tout-à-fait réalisables sur un balcon», indique au passage le pépiniériste. Autour de son cabanon de jardin, une cinquantaine de m2 sont ombragés par un filet vert, qui offre une ambiance feutrée – ainsi qu’une protection involontaire, mais qui s’est avérée ô combien précieuse face aux grêlons qui ont hâché la région l’an dernier!

L’ensemble demande en saison 
3 à 4 jours de travail par semaine – et souvent un travail d’orfèvre, à main nue, sans même l’aide d’une petite pelle, pour ne pas risquer d’endommager bulbes précieux ou jeunes plantules. Son jardin, Pontus le connaît sur le bout des doigts.

 

Pour ceux qui veulent creuser

Si le genre Lilium se décline aujourd’hui en centaines de variétés, souvent hybrides, il ne comprend que 115 espèces botaniques, ainsi qu’une cinquantaine de sous-espèces et une dizaine d’hybrides ­naturels. Des plantes différant par leurs tailles, leurs fleurs (où le rose et le blanc dominent), leurs feuillages ... et par leurs bulbes.

Ceux-ci sont même suffisamment différents d’une variété à l’autre pour qu’un connaisseur puisse avoir une idée assez exacte de l’identité d’un lis juste sur l’aspect de son bulbe!

Raison pour laquelle, dans son livre paru l’an dernier (*) Pontus Wallstén a illustré non seulement les fleurs, mais aussi les bulbes de chaque espèce. Riches informations botaniques et conseils de culture complets caractérisent cet ouvrage, qui n’existe pour l’heure qu’en anglais. Yves Mouquin, florens

 

(*) The lily species, à commander chez l’auteur (45 frs + port), écrire à: pontus.wallsten@bluewin.ch

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