Publié le: 9 mars 2018

Les grandes tirent leur épingle du jeu

Baromètre UBS des PME – Les PME profitent moins de la reprise de la croissance que les plus grandes structures. La construction se reprend pour sa part, tandis que dans le commerce de détail, aucune tendance remarquable ne voit le jour.

En Suisse, les grandes entreprises profitent davantage de la reprise que les PME. Entre octobre et janvier, le baromètre des PME a enregistré une légère baisse de 0,73 à 0,51 point pour le secteur industriel. Pour les grandes entreprises industrielles en revanche, la progression est restée continue et le baromètre est passé de 0,53 à 0,82 point, atteignant son plus haut niveau depuis 2011. Dans le secteur des services aussi, les PME luttent plus que les grandes entreprises par rapport à la situation économique.

Baisse du niveau de production

Le recul du baromètre pour les petites et moyennes entreprises (PME) de 0,73 à 0,51 point entre octobre 2017 et janvier 2018 s’explique par une baisse du nombre de commandes et du niveau de production. Les autres indicateurs ont limité la baisse du baromètre. Les volumes de commandes de l’étranger ont représenté un soutien particulièrement efficace. La faiblesse du franc par rapport à l’euro et la solide conjoncture de la zone euro ont permis une décrispation. Les PME du secteur industriel jugent aussi la situation générale en janvier 2018 meilleure qu’en octobre 2017.

Pour les grandes entreprises, le baromètre est passé de 0,53 point en 
octobre 2017 à 0,82 point en janvier 2018. Pour les grandes entreprises, les commandes, les attentes en termes de commandes et le niveau de production pour les trois mois à venir ont soutenu le baromètre. Par ailleurs, le faible nombre de commandes par rapport au mois précédent et l’affaiblissement du niveau des commandes par rapport au mois précédent ont empêché le baromètre de monter plus haut.

Le bâtiment récupère…

La quantité de commandes reçues par les grandes entreprises est remontée plus fort que celle des PME. La situation suit une tendance analogue. Elle s’est améliorée légèrement pendant les derniers mois pour les grandes entreprises, tandis qu’elle s’est stabilisée à un niveau un peu inférieur pour les PME. En revanche, les revenus des PME se sont stabilisés au premier trimestre de l’année en cours par rapport au trimestre précédent, alors que les grandes entreprises restent confrontées à des baisses.

La situation des grandes entreprises s’est améliorée légèrement au cours des derniers mois pour les cabinets d’architectes et d’ingénieurs, tandis qu’elle s’est stabilisée à un niveau un peu plus faible pour les PME. Cette bonne évaluation de la situation des deux catégories d’entreprises ne s’explique pas par les rendements, qui sont restés stables au premier 
trimestre de l’année en cours.

Reprise: les grands du service

Les grands prestataires de services ne considèrent plus que leur situation est mauvaise. Toutefois, la tendance à la baisse pour les PME ne se dément pas depuis le milieu de l’an dernier. Cela se reflète aussi dans les rendements, qui ont légèrement repris pour les grandes entreprises, alors qu’ils stagnent au niveau du trimestre précédent pour les PME. C’est le contraire pour les prix. Les PME jugent leur évolution avec plus d’optimisme, bien qu’elles continuent de tabler elles aussi sur des baisses. Néanmoins, la demande s’améliore quelque peu pour les deux catégories d’entreprises.

Pas de trends dans le détail

La situation des grands détaillants s’est améliorée légèrement au mois de janvier, tandis que celle des PME s’est un peu détériorée en début d’année. La petite reprise de fin d’année ne s’est pas concrétisée par un change­ment de tendance de la situation économique des PME dans le commerce de détail. Pour les grands détaillants, les revenus ont aussi 
stagné. Ceux des PME se sont encore détériorés. Pour les grandes entreprises de tourisme, la tendance à la hausse s’est poursuivie au premier trimestre. Les PME du secteur touristique ont vu tous leurs indicateurs chuter, à l’exception de celui de la demande. Ce dernier est resté stable à un niveau faible.

Secteur des services: situation bénéficiaire

Secteur des services: affaires actuelles

Secteur des services: prix

n Petites

n Medium

n Grandes
Entreprises

n PME
moyennes

n Petites

n Medium

n Grandes
Entreprises

n PME
 moyennes

n Petites

n Medium

n Grandes
Entreprises

n PME
 moyennes

Industrie: situation bénéficiaire

Industrie: entrées des commandes

Industrie: prix

n Petites

n Medium

n Grandes
Entreprises

n PME
moyennes

n Petites

n Medium

n Grande
Entreprises

n PME
moyennes

n Petites

n Medium

n Grandes
Entreprises

n PME
moyennes

commentaire, par HENRIQUE SCHNEIDER

Tous les voyants affichent-ils la couleur verte?

Longtemps, le baromètre fut plutôt négatif. Aujourd’hui, les chiffres s’affichent en vert, même pour le secteur de l’industrie. Cela est dû à la force positive de l’euro, conjuguée à celle de l’économie mondiale.

Reste un point à ne pas négliger. En dépit d’une économie en rétablissement, des nuages noirs se pointent à l’horizon et annoncent une tempête de réglementations pour les PME. On nous promet une grêle de mesures destructrices, de nouvelles dispositions relatives au droit des sociétés, à la police des salaires et à la protection des données. Une perspective destructrice pour toutes les PME.

Provenant des marchés financiers, d’autres menaces, de tonnerre et de foudre. Les bourses sont haussières, mais les entreprises ne versent quasi plus de dividendes. C’est généralement le signe qu’un marché est surévalué. En analysant les raisons de cette surévaluation, on découvre que près de 60% des hausses de prix sont attribuables aux programmes de rachats d’actions. Les sociétés cotées rachètent leurs propres actions. Et cela, bien que le cours de l’action ait fortement augmenté et que les fonds propres aient diminué. Avec quels types de fonds procède-t-on à ces rachats? De la dette. Donc, si les prix baissent, ces entreprises voient leur moyens diminuer et leur dette augmenter. Un mauvais mélange. Si cela devait se poursuivre, cette situation pourrait affecter l’économie réelle à partir du marché financier. Dans ce cas, les PME suisses ne seraient pas épargnées. Faut-il dès lors faire confiance à ce baromètre? Certes, la bonne nouvelle demeure et les entreprises suisses continuent à faire leurs preuves – PME comprises. Ne cédons toutefois pas à l’euphorie, un «optimisme prudent» est plus indiqué.

Henrique Schneider,

directeur adjoint de l’usam

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