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Peter Schnellmann â Le Managing Director Commercial & Institutional Banking de Cembra Money Bank SA prĂ©sente des âšmesures de financement simples et pratiques destinĂ©es aux PME. Interview.
STEFAN C. WOLTER â Lâexpert de renom souligne lâimportance de la formation professionnelle pour le marchĂ© du travail en Suisse.
Arts et mĂ©tiersâ: Dans plusieurs pays europĂ©ens, on nâaccorde que peu dâimportance Ă la formation professionnelle, la considĂ©rant comme un creuset destinĂ© Ă ceux qui ne trouvent pas leur place dans la vie. DâoĂč proviennent ces idĂ©es reçues et quelles en sont les consĂ©quencesâ?
nStefan C. Wolterâ: En gĂ©nĂ©ral, il ne sâagit pas dâidĂ©es reçues, car de nombreux systĂšmes Ă©trangers sont conçus de telle sorte que seule une petite minoritĂ© dâĂ©lĂšves ne parvenant pas Ă accĂ©der au gymnase doivent «âse rabattreâ» sur une formation professionnelle. DâoĂč une stigmatisation de la formation professionnelleâ: mĂȘme les entreprises qui le souhaiteraient renoncent alors Ă offrir des places dâapprentissage par crainte de nâavoir affaire quâĂ des jeunes dits «âĂ problĂšmesâ».
En outre, on persiste Ă croire â non seulement Ă lâĂ©tranger, mais aussi dans notre pays â que les jeunes, quant Ă leur carriĂšre, doivent opter dĂ©finitivement entre formation professionnelle et enseignement gĂ©nĂ©ral. Quâen pensez-vousâ?
n MĂȘme celles et ceux qui optent pour lâenseignement gĂ©nĂ©ral doivent tĂŽt ou tard apprendre un mĂ©tier. La seule question estâ: quandâ? Pour que le choix prĂ©coce dâune formation professionnelle puisse ĂȘtre adĂ©quat, il importe que le systĂšme soit permĂ©able et offre la possibilitĂ© de reprendre plus tard des Ă©tudes dans une haute Ă©cole spĂ©cialisĂ©e, Ă lâuniversitĂ© ou par la filiĂšre de la formation professionnelle supĂ©rieure. Dâautre part, il ne faut pas quâun choix de carriĂšre prĂ©coce empĂȘche une reconversion ultĂ©rieure ou y fasse obstacle. MĂȘme si le systĂšme de formation peut toujours ĂȘtre amĂ©liorĂ©, la Suisse constitue, Ă cet Ă©gard, un modĂšle exemplaire reconnu comme tel par de nombreux visiteurs Ă©trangers.
«âLE CLICHĂ SELON LEQUEL LA FORMATION PROFESSIONNELLE SUISSE NE SERAIT QUâUNE ĂCOLE DâARTISANS EST assez ARCHAĂQUE.â»
Les migrants en Suisse, y compris ceux de la deuxiĂšme gĂ©nĂ©ration, incitent souvent leurs enfants Ă suivre une carriĂšre universitaire. Comment expliquez-vous un tel dĂ©dain pour lâapprentissage professionnelâ?
n Il y a deux raisons Ă cela. Tout dâabord, les migrants â mĂȘme ceux qui rĂ©sident en Suisse depuis longtemps â jugent souvent le systĂšme de formation professionnelle en fonction de celui quâils connaissent dans leur pays dâorigine. Pour de nombreux migrants en provenance dâun pays nâayant pas un systĂšme de formation professionnelle efficace, devoir expliquer aux parents restĂ©s au pays que leur fils ou leur fille nâa fait quâun «âsimpleâ» apprentissage Ă©quivaut Ă une perte de statut social. DeuxiĂšmement, de nombreux migrants envisagent tĂŽt ou tard de quitter la Suisse et doutent â parfois Ă juste titre â que les diplĂŽmes de la formation professionnelle suisse soient reconnus dans le systĂšme de formation et sur le marchĂ© du travail de leur pays. NĂ©anmoins, nos recherches montrent que la plupart des migrants reconnaissent, tout comme la majeure partie de la population suisse, lâimportance de la formation professionnelle sur le marchĂ© suisse du travail.
«âCâEST MALHEUREUSEMENT SOUVENT SUR LE GYMNASE QUE SE PORTE LE CHOIX DES ĂLĂVES NE SACHANT PAS ENCORE CE QUâILS VEULENT FAIRE DANS LA VIE.â»
La formation professionnelle est souvent assimilĂ©e Ă lâartisanat. Un homme prĂ©sumĂ© intelligent affirmait rĂ©cemment que lâĂ©conomie nâa pas Ă donner de mĂ©dailles dâor aux maçons, mais bien plutĂŽt aux ingĂ©nieurs qui ont conçu des robots Ă mĂȘme de construire des murs. Comment peut-on Ă©noncer pareilles aberrationsâ?
n Il y a trois choses Ă dire Ă cet Ă©gard. Tout dâabord, le clichĂ© selon lequel la formation professionnelle suisse ne formerait «âqueâ» des artisans est assez archaĂŻque. Il suffit de rappeler que, par exemple, lâapprentissage dâassistant en soins et santĂ© communautaire fait dĂ©jĂ partie des formations vedettes de notre systĂšme dual de formation professionnelle. En dâautres termes, la formation professionnelle suisse couvre toutes les professions et tous les secteurs de lâĂ©conomie. DeuxiĂšmement, toute personne qui voyage un tant soit peu Ă lâĂ©tranger a tĂŽt fait de constater lâavantage considĂ©rable que lâon peut tirer du fait que les murs soient construits par des maçons de formation plutĂŽt que par une main-dâĆuvre non qualifiĂ©e. TroisiĂšmement â et câest beaucoup plus important â ce type de âšformation confĂšre Ă lâĂ©conomie suisse un avantage concurrentiel dĂ©terminantâ: les ingĂ©nieurs ayant commencĂ© leur carriĂšre dans des ateliers de production ou les chefs de chantier qui ont, un jour, bĂąti un mur de leurs propres mains atteignent un niveau de qualitĂ© autrement plus Ă©levĂ© et innovent davantage que les cadres formĂ©s exclusivement dans des Ă©coles, en marge des rĂ©alitĂ©s pratiques de lâĂ©conomie. Mais un revirement sâopĂšre peu Ă peu dans les pays Ă©trangers. Câest ce que lâon observe en dialoguant, par exemple, avec des collĂšgues amĂ©ricains qui poussent par tous les moyens Ă une «ârĂ©industrialisationâ» des Etats-Unis, mais qui Ă©chouent, faute dâavoir un systĂšme de formation professionnelle comme nous le concevons.
On reproche Ă la formation professionnelle de faire obstacle Ă la mutation structurelle en produisant trop peu de professionnels hautement qualifiĂ©s, tels que les informaticiens. Votre opinion sur ce sujetâ?
n Cette idĂ©e erronĂ©e est liĂ©e Ă la question prĂ©cĂ©dente. En Suisse, davantage dâinformaticiens passent par la formation professionnelle que par la voie universitaire. A supposer que lâon donne dâabord Ă tous les jeunes une formation gymnasiale, rien ne prouve, comme on le sait par expĂ©rience, quâils opteraient ensuite pour des Ă©tudes dans les filiĂšres MINT (mathĂ©matiques, informatique, sciences naturelles et technique), câest-Ă -dire dans les domaines oĂč nous manquons de personnel spĂ©cialisĂ©.
Sur la base de quels critĂšres les jeunes devraient-ils choisir, le moment venu, entre un apprentissage et une formation gymnasialeâ?
Les aptitudes et aspirations personnelles sont naturellement primordiales. Majoritairement, les Ă©tudiants aptes Ă suivre le gymnase aussi bien quâĂ accomplir un apprentissage ne devraient opter pour le gymnase que sâils sont dâores et dĂ©jĂ certains de vouloir faire des Ă©tudes universitaires dans un domaine auquel la formation professionnelle ne leur donnera pas directement accĂšs. Mais hĂ©las, câest souvent sur le gymnase que se porte le choix des Ă©lĂšves ne sachant pas encore ce quâils veulent faire dans la vie. A ce stade, les parents et le corps enseignant sous-estiment probablement les risques que comporte aussi cette filiĂšre, Ă savoir, notamment, que seule la moitiĂ© des candidats Ă la maturitĂ© obtiendra un jour un diplĂŽme universitaire. Il faudrait, et cela aurait un impact dĂ©cisif, que chaque Ă©lĂšve optant pour le gymnase soit, lui aussi, comme les autres, obligĂ© de rĂ©flĂ©chir au choix de sa profession dĂšs la 7e annĂ©e de la scolaritĂ© obligatoire.
«âLA RĂUSSITE PROFESSIONNELLE, EN TANT QUE CRITĂRE DE STATUT SOCIAL, A ĂTĂ RELĂGUĂE AU SECOND PLAN AU COURS DES DERNIĂRES DĂCENNIES.â»
Et comment rĂ©soudre le perpĂ©tuel problĂšme de statut social qui oppose lâapprentissage Ă la voie gymnasialeâ?
n Il est difficile de rĂ©pondre Ă cette question. Dâun cĂŽtĂ©, il est bon quâune sociĂ©tĂ© accorde de la valeur Ă la formation et, par consĂ©quent, un statut social Ă©levĂ© aux personnes ayant un haut niveau de formation. De lâautre, la rĂ©ussite professionnelle, en tant que source de statut social, a trop Ă©tĂ© relĂ©guĂ©e au second plan au cours des derniĂšres dĂ©cennies. Câest une erreur car la rĂ©ussite professionnelle reprĂ©sente aussi une plus-value pour la collectivitĂ©. Faire dĂ©pendre ce statut uniquement du parcours de formation est prĂ©judiciable du point de vue social. Il serait juste de tĂ©moigner de la reconnaissance aux personnes qui, par leur travail, rendent un service notable Ă la collectivitĂ©, quel que soit leur parcours de formation. â©
Interviewâ: Gerhard Enggist
Stefan Wolter (nĂ© en 1966) est directeur du Centre de recherche sur lâĂ©conomie de lâĂ©ducation, Ă lâUniversitĂ© de Berne, et prĂ©sident du groupe dâexperts Formation professionnelle au sein de lâOrganisation de coopĂ©ration et de dĂ©veloppement Ă©conomiques (OCDE) Ă Paris.
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