Publié le: 9 novembre 2018

Les prochains combats valaisans

UVAM – Onze décennies de défense des PME célébrées par l’Union valaisanne des arts et métiers. De grands défis politiques attendent cette économie en pleine mutation.

La dernière décennie est passée comme un train à très grande vitesse. Les grandes festivités du Centième en 2008, les responsables de l’Union valaisanne des arts et métiers (UVAM) s’en souviennent avec émotion. «À l’époque, Pascal Couchepin était président de la Confédération, ce qui a donné une forte visibilité à notre événement», rappelle Marcel Delasoie, secrétaire général de l’UVAM.

Depuis, de nombreux fléaux politiques se sont abattus sur l’économie valaisanne, en particulier sur le secteur touristique. Cela s’est joué sur un mode confrontant – sans que le reste de la Suisse ne prenne la mesure des immenses défis que cette région a vécus durant cette période et qui, du point de vue de nombreux Valaisans, furent imposés par l’extérieur: la LAT, la Lex Weber, les effets paralysants de la faiblesse de l’euro sur le franc…

«L’année 2008 a représenté pour l’UVAM un tournant: nous souhaitions avoir plus de présence sur la scène médiatique valaisanne et mettre en évidence notre propre vision de l’économie, tout en acquérant notre indépendance», explique Marcel Delasoie. Pour rappel, c’est en 2013 que la faitière valaisanne inaugura ses nouveaux locaux sis Rue de la Dent-Blanche 8, où elle se trouve actuellement. Mettant ainsi un terme à une longue période d’itinérance, hébergée successivement par l’Union commerciale valaisanne (UCOVA) et le bureau des métiers jusqu’en 2013.

C’est dans des locaux où trône désormais le buste de Winston Churchill que l’UVAM défend aujourd’hui les intérêts de 5087 PME du Valais romand et 1546 entreprises du Haut-Valais, 38 associations professionnelles et 7 sections locales et régionales. A la clé, une citation du grand homme politique britannique – promu défenseur de l’artisanat valaisan: «On considère le chef d’entreprise comme un homme à abattre, ou une vache à traire. Peu voient en lui le cheval qui tire le char.»

LAT, Lex Weber: les leçons tirées

Au premier plan, la lutte contre la loi sur l’aménagement du territoire (LAT) restera dans les annales. «Au final, l’initiative des Verts bloquant brutalement tout développement a tétanisé les milieux économiques du plateau suisse qui y ont préféré la LAT, au final bien plus nuisible pour les cantons alpins, en ignorant l’économie touristique de ces derniers», commente Marcel Delasoie. «En survolant le Valais en hélicoptère, ajoute-t-il, on réalise à quel point Verbier et d’autres stations sont des exemple de concentration de l’habitat et d’aménagement du territoire.»

L’UVAM s’est imposée comme un acteur de premier plan en participant à la récolte de plus de 35 000 sur les 70 000 signatures récoltées sur le plan suisse. «En Valais, les milieux politiques et économiques ont tiré à la même corde pour un refus de la LAT à plus de 80%.»

Autre combat dont l’UVAM se souviendra: celui qui a conduit à l’adoption de la Lex Weber. «Ces deux votations nous ont vraiment secoués. Depuis, je dois dire que nous avons moins de scrupules à toucher l’argent de la péréquation financière, puisque la Suisse nous empêche de développer notre économie touristique, la seule du reste véritablement possible dans nos vallées latérales.

La faiblesse de l’euro face au franc a également eu des conséquence négatives sur le secteur touristique de ce canton. «Notre tourisme a souffert au même titre que tous les secteurs exportateurs, rappelle Marcel Delasoie. Heureusement, la fin des interventions massives de la BNS n’a pas eu les effets que certains redoutaient. Aujourd’hui, l’euro se tient relativement bien malgré la fin du maintien du taux plancher, tandis que notre tourisme retrouve une spirale positive.»

Fiscalité: le point névralgique

Dans les points positifs à relever pour cette période figure la bataille remportée pour défendre les forfaits fiscaux, dont le nombre est en croissance sur le long terme en Valais. «Autrefois, les contribuables étaient imposés sur une base correspondant à cinq fois la valeur locative. Aujourd’hui, on est passé à un multiple de sept.»

Du côté de l’attractivité des conditions-cadres, le canton profite égale­ment de l’absence d’impôt sur les successions. Un combat dans lequel l’UVAM s’est également illustrée.

C’est dire l’enjeu que représente le projet fiscal actuel (PF 17, RFFA). «Il faut se préparer à faire accepter ce projet de loi, même en acceptant des cotisations AVS en plus, précise le secrétaire général. C’est un dispositif crucial pour notre pays, il en va de notre survie économique et de celle des accords bilatéraux. Même si pour les PME, l’intérêt pourrait sembler moins évident.»

En effet, le projet fiscal aura des conséquences en Valais également, dans la mesure où la fiscalité des entreprises, et en l’occurrence des plus grandes, devra être adaptée. «Jusqu’ici, les entreprises avec un bénéfice supérieur à 150 000 francs étaient taxées à hauteur de 21,56%. Ce montant sera revu à la baisse afin d’offrir des conditions plus concurrentielles face aux autres cantons. Dans la foulée, l’impôt sur l’outil de production sera aboli. Cette spécialité fiscale valaisanne protectionniste avait été introduite à l’époque où de nombreux investisseurs extra-cantonaux investissaient en Valais.»

Le trou de la caisse de pension

Autre sujet sur lequel les Valaisans vont s’écharper au cours de la période qui s’ouvre: la Caisse de pension du personnel de l’État du Valais (CPVAL). «En raison d’erreurs politiques commises dans les années 1980, d’engagements pris de manière inconsciente par le Conseil d’État à l’époque, comme les trois années de départ anticipé offertes au personnel, la CPVAL a creusé au cours des dernières années un trou important», rappelle Marcel Delasoie. Le milliard de francs versé par la BNS voici une dizaine d’année a été englouti par la caisse et n’a de loin pas permis de le combler: après versement de cette somme, le découvert restant est de 1,6 milliard, avec un taux de couverture aux environs de 80%. Le passage à la primauté des prestations en 2012 n’a pas suffi: cette caisse doit être assainie selon le principe de la parité des sacrifices. Et si tel n’est pas le cas, nous sommes prêts à lancer un référendum.»

François Othenin-Girard

Congrès de brigue

Un nouveau président

Le Congrès de l’Union valaisanne des arts et métiers s’est déroulé le 25 octobre dernier à Brigue, l’occasion d’élire un nouveau président. Nous avons posé quelques questions à Jean-René Fournier, président sortant, et au nouveau président, Philippe Nantermod.

Monsieur Fournier, quel bilan tirez-vous de votre engagement à l’UVAM?

Jean-René Fournier: L’essentiel pour moi a été de jeter des ponts entre politique et économie, de donner l’opportunité aux patrons de se faire entendre par les politiques et, aux politiques, de comprendre les patrons avec leurs préoccupations et leurs ambitions. Quant au bilan, je constate que l’UVAM est une association économique écoutée et qui compte. Elle est toujours plus représentative avec un nombre croissant d’associations membres, son magazine trimestriel dénombre des abonnés et des lecteurs toujours plus nombreux et s’étoffe de plus en plus de nouvelles rubriques. Je me réjouis donc de cet essor.

Monsieur Nantermod, quel seront vos priorités comme nouveau président de l’UVAM?

Philippe Nantermod: Nous avons naturellement la RFFA, anciennement projet fiscal 17, dans le viseur. Il est essentiel de faire aboutir devant le peuple le compromis fédéral et son application cantonale avec une réduction de l’imposition de toutes les entreprises. Je veux aussi, dans la ligne de mon prédécesseur, être le digne représentant de l’économie des PME valaisannes à Berne. Il faudra écouter, discuter et agir pour que nos intérêts soient vraiment représentés.

www.uvam.ch

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